En fin de semaine, nous avons relayé dans nos colonnes un article de Reuters qui affirmait que Google s’apprêtait à mettre un terme à son projet de smartphone modulaire, Ara. Une information qui semblait aller à l’encontre des promesses de la firme de Mountain View adressée lors de sa conférence dédiée aux développeurs de mai dernier. Durant cette conférence, Google dévoilait une nouvelle version d’Ara, ainsi que de nouvelles règles pour le développement des modules complémentaires. Finalement, ces changements seront certainement inutiles, puisqu’un porte-parole de Google a confirmé que le projet a été suspendu, information relayée par le site américain Venturebeat.
Aucune raison évoquée
La confirmation de cette suspension a été laconique, puisqu’aucune raison n’a été avancée quant à cette décision. Si nous nous référons à la longueur de l’article de nos confrères, le contenu de la communication officielle de Google doit tenir sur un simple timbre-poste. Le porte-parole n’a d’ailleurs pas apporté d’informations complémentaires sur l’avenir de ce projet : Ara a été suspendu, et non pas annulé. Ce qui peut sous-entendre qu’une commercialisation n’est pas impossible. Mais Google ne le fera pas lui-même. Si d’aventure une ou plusieurs entreprises technologiques se portent volontaires, Google pourrait céder des licences d’exploitation contre quelques piécettes sonnantes et trébuchantes. Comprenez toutefois que le risque que cela arrive est très mince.
Si Google n’apporte pas d’explication à sa décision, nous pouvons cependant émettre quelques hypothèses. La première est liée à la nouvelle stratégie de Google vis-à-vis des produits hardware (Pixel, Chromebook, Chromecast et Nexus). Selon l’article de Reuters de cette semaine, Google souhaite s’adresser au grand public et non plus à certains segments de marché (les développeurs, les marchés émergents, les technophiles, etc.). Ara ne serait pas assez grand public pour entrer dans cette stratégie. Voilà une première hypothèse. Une hypothèse qui fonctionne aussi pour Nexus. D’où les rumeurs d’un abandon de cette ligne en faveur des Pixel.
Un projet qui a perdu son sens premier
La seconde concerne l’évolution d’Ara. Au fil des trois années de développement, Ara était de moins en moins ouvert, de moins en moins modulaire et a certainement un peu perdu de son objectif principal : créer une plate-forme qui lutterait contre l’obsolescence programmée. Au départ, tous les éléments devaient être modulaires. Finalement, avec la version présentée par Google en mai, quelques capteurs et éléments secondaires l’étaient. Les principaux composants restaient fixes. Cela perdait de l’intérêt. Et les fans d’Ara l’ont suffisamment dit depuis. Ce qui a peut-être fait douter la firme de l’intérêt de créer cet écosystème.
Troisième hypothèse : la réglementation de l’écosystème d’Ara, notamment la création des modules des partenaires. Dans la dernière version d’Ara, chaque module doit être certifié pour être reconnu par la plate-forme. Et qui dit certification, dit fermeture et régulation de l’écosystème. Ce qui n’a certainement pas plu aux partenaires fabricants. Peut-être ont-ils exprimé leurs désaccords, ou même ont-ils tourné le dos à Ara. Sans partenaires, sans écosystème riche, Google aurait peut-être fini par jeter l’éponge lui aussi.