Au mois de juillet, un article du Wall Street Journal a fait l’effet d’une petite bombe dans le marché des chipsets et des processeurs . Le sujet : le rachat d’ARM Holdings par l’opérateur japonais Softbank. Un rachat monstre, plus grand encore que celui de LinkedIn par Microsoft puisqu’il atteint les 24 milliards de livres sterling, soit 31 milliards de dollars. Validée par le gouvernement britannique au mois d’août, cette opération financière marque une étape importante pour les deux entreprises. En effet, même si les deux entreprises affirment avoir le même objectif, rien ne confirme que leurs patrons auront la même façon d’y parvenir.
Une fusion actée
Cette semaine, le rachat a été approuvé par les deux conseils d’administration ainsi que certaines autorités compétentes. La date de la fusion des deux entreprises est arrêtée au 5 septembre, soit hier. L’action ARM Holding est alors retirée dès le lendemain, soit aujourd’hui, des marchés publics londoniens. Les comptes des deux sociétés seront consolidés sur les quatre derniers mois de l’année 2016. Et ARM participera activement à la progression de l’ensemble de Softbank puisque la société vend des licences d’exploitation pour les architectures sur lesquelles sont basés des centaines de modèles de chipsets différents. Selon le communiqué de presse commun des deux sociétés, ce sont 40 millions de composants incorporant une technologie ARM qui sont vendus dans le monde par les fondeurs propriétaires d’une licence d’exploitation.
Les deux entreprises ont un objectif commun, comme nous l’avons signalé précédemment : créer les puces qui animeront les objets connectés de demain. Il ne s’agit pas simplement de smartphones ou de tablettes, mais des objets du quotidien capables d’offrir des services interactifs et de se connecter à Internet pour enrichir leurs fonctionnalités. C’est ce qu’on appelle l’Internet des Objets (Internet of Things). Parmi les autres domaines d’intérêt de Masayoshi Son dans ARM Holdings se trouvent également l’intelligence artificielle ou encore la robotique.
Une fusion qui manque de synergie
La question qui se pose depuis l’annonce de ce rachat est la capacité des deux entreprises à évoluer ensemble vers leurs objectifs communs. SoftBank est d’abord un opérateur télécom et de services en ligne (de dimension internationale). Sa clientèle est d’abord grand public (accès Internet, téléphonie, télévision, jeu vidéo sur console ou sur mobile, portails Internet avec Yahoo, commerce électronique, etc.). ARM est une entreprise « b-to-b-to-b » : ces clients sont des concepteurs de composants qui sont vendus ensuite à des constructeurs de terminaux.
Si les deux partenaires ont des sujets de préoccupation commun (réseau mobile, 5G, science informatique, connectivité), ils n’agissent pas au même moment dans la chaîne de valeur. Masayoshi Son affirme qu’ARM continuera de faire ce qu’il sait faire et que ses équipes seront même renforcées. Ce qui semble être la preuve d’une grande confiance. Mais comment Softbank profitera de cela (autrement que par des bénéfices supplémentaires) ? Voilà qui reste à montrer.