Jusque très récemment, de nombreux observateurs, notamment des analystes financiers, se demandaient comment Snapchat allait parvenir à gagner de l’argent, sans parler d’une hypothétique rentabilité avec son millier d’employés répartis sur 3 continents. Pourtant, l’entreprise est valorisée entre 16 et 22 milliards de dollars, selon différentes analyses citées par le Wall Street Journal, certainement parce qu’elle compte sur les 150 millions d’utilisateurs quotidiens de son application de messagerie. Une audience qui n’était monétisée que par quelques campagnes publicitaires.
Un nouveau nom et une nouvelle ambition
Mais ça, c’était très certainement avant. En fin de semaine dernière, Evan Spiegel a organisé une petite conférence de presse à laquelle le quotidien économique new-yorkais a participé et à la suite de laquelle il a consacré un très grand (et très intéressant) papier sur ce qu’il semble être le premier pas d’une vraie révélation (à défaut d’être une révolution) : Snapchat ne sera pas rentable seul, mais Snap Inc. le sera. Qu’est-ce que Snap Inc. ? C’est la nouvelle dénomination de l’entreprise « Snapchat ». Pourquoi Evan Spiegel change le nom de sa société ? Parce que, selon lui, elle ne se résume pas à l’application phare de messagerie. Ce qui veut dire que Snapchat ne sera pas la seule activité de Snap Inc. Et qu’il y aura donc d’autres sources de revenus.
Et la première de ces nouvelles sources de revenus a été présentée lors de cette conférence de presse. Il ne s’agit pas d’une application, même si un tel logiciel est nécessaire pour l’utiliser. Et, surprise, il s’agit d’un produit matériel, et non logiciel. Il s’agit de lunettes connectées. Et plus précisément de lunettes de soleil connectées. Leurs noms : Spectacles (ce qui veut littéralement dire lunettes en anglais, un synonyme de « Glasses »...). Il s’agit de lunette avec une petite caméra (avec objectif grand-angle 115°) à l’avant pour créer de petites vidéos. Vidéos qui sont transmises via Bluetooth à l’application Snapchat qui s’occupe ensuite de la partager. Les vidéos s’appellent des Memories. Une petite vidéo de présentation vous attend en fin d’article.
Le Google Glass du pauvre ?
Bien sûr, avec un tel produit et un tel nom, impossible de ne pas se souvenir des Google Glass, la première paire de lunettes interactive dont l’accueil a été enthousiaste au départ avant d’être refroidi suite à la crainte de certaines personnes que ce produit représente un danger pour le respect de leur vie privée. Evan Spiegel se défend de cette idée avec trois arguments. D’abord, Spectacles ne sert qu’à filmer, alors que Glass embarque Android (et donc des applications qui vont bien au-delà de la capture). Ensuite, un voyant indique quand l’accessoire filme (mais cet argument est caduc, puisque Glass allumait également un voyant quand la caméra était active).
Enfin, Spectacles est davantage un jouet pour les adolescents (et jeunes adultes) qu’une véritable plateforme connectée. La paire sera vendue 130 dollars (et très parcimonieusement dans un premier temps) et est disponible en trois teintes funs. Alors que Glass valait dix fois plus cher. Bref, c’est la même chose, en moins bien, en moins chère et, Evan Spiegel l’espère, moins provocatrice. Reste à savoir s’il aura raison. Car Spectacles pourrait être un nouveau départ pour les lunettes connectées. Et une nouvelle source de revenus plus concrète pour Snap Inc.