En début de semaine, Google a présenté ses deux premiers smartphones « made by Google » : Pixel et Pixel XL. Conçus en interne, ils ont été fabriqués par HTC (information confirmée sur Twitter par le porte-parole américain de la marque taïwanaise), mais ce dernier n’apparait jamais. Seule la marque Google est présente. Ce qui positionne la firme de Mountain View en tant que constructeur de mobile, au même titre qu’Apple, LG, HTC, Huawei, Sony ou... Samsung. Eh oui, les Pixel sont des alternatives haut de gamme aux Galaxy S7 et S7 Edge.
Un nouveau concurrent de trop ?
Avec un concurrent aussi sérieux, lequel fournit aussi le système d’exploitation de plus de 90 % de son catalogue, Samsung ne devrait pas rester inactif. Et naturellement, tous les regards se tournent vers Tizen, « le plan B » de la firme coréenne si les relations avec Google s’enveniment. Deux articles de nos confrères américains ont éveillé notre curiosité : celui de PhoneArena qui rappelle certaines rumeurs au sujet d’un smartphone haut de gamme sous Tizen appelé « Z9 » et celui de Walt Mossberg, sur Re/code et The Verge, qui analyse l’impact du Pixel (et de la nouvelle stratégie de Google) sur les principaux groupes électroniques (Facebook, Amazon, Microsoft, Apple et Samsung).
Les deux articles s’interrogent évidemment sur l’avenir de Samsung. Non pas que l’entreprise est menacée à court terme, mais sa capacité à innover avec un système d’exploitation opéré par un concurrent est certainement compromise. En outre, si aucune autre marque que Samsung et Apple n’a réussi à s’imposer mondialement sur le haut de gamme, Google en serait bien capable, accaparant ainsi une autre part significative des bénéfices du marché. Avec Apple, il était déjà difficile d’être bénéficiaire en téléphonie. Avec Google en plus, la mission sera encore plus compliquée. D’autant que l’affaire Galaxy Note 7 a sévèrement écorné l’image de Samsung et aura un impact (à court et long termes) sur les finances de l’entreprise.
Tizen : une alternative viable ?
D’où la question : quelle pourrait bien être la stratégie de Samsung ? Et surtout, Samsung pourrait-il envisager d’accentuer ses efforts sur le Tizen ? Son OS propriétaire lui permettrait d’avoir la main sur l’ensemble du développement des terminaux et de réaliser de belles économies. Mais Tizen est encore loin d’être capable de rivaliser avec Android ou iOS. Samsung aura besoin de vendre beaucoup de téléphones pour contrebalancer les pertes dues au rappel du Note 7. Et nous nous souvenons encore avec tristesse de Bada, l’ancêtre de Tizen qui a lamentablement échoué à offrir à Samsung une alternative à Android.
Google et Samsung ont toujours eu une relation conflictuelle, mais les deux groupes sont intimement liés parce qu’un Galaxy Sx est la combinaison du savoir-faire des deux sociétés. Le système d’exploitation Android est devenu le plus utilisé dans le monde grâce à la gamme Galaxy. Et la gamme Galaxy continue d’attirer des consommateurs parce qu’elles fonctionnent sur Android (avec tous les services que l’écosystème comporte). Les deux entreprises sont donc liées et elles n’ont jamais entrepris véritablement de couper les ponts tant les consommateurs font l’amalgame entre Galaxy et Android.
Au plus mauvais moment possible
Les échanges sont cependant tendus entre Google et Samsung, notamment sur deux questions fondamentales : le respect des mises à jour et le cahier des charges vis-à-vis de l’interface. La question des surcouches (comme Touchwiz) irrite Google qui souhaite que les constructeurs fassent le moins de modifications possible dans l’interface, ce que Samsung ne respecte pas. Si, en 2013 et 2014, Google ne pouvait rien refuser à Samsung, tant sa part de marché était insolente, la firme de Mountain View semble être prête à prendre le risque de casser les ponts. Et avec l’affaire Note 7, Sundar Pichai n’aurait pu choisir meilleur moment pour le faire. Car Samsung ne sera certainement pas en position de faire de même.