Tout savoir sur : L’opérateur américain AT&T dépose une offre pour racheter Time Warner
C’était l’information du week-end : l’opérateur historique américain pourrait devenir l’heureux propriétaire du quatrième groupe média outre-Atlantique : Time Warner, le même groupe qui, selon certaines rumeurs du début d'année, aurait pu se rapprocher d'Apple. L’information, officialisée le 22 octobre dernier, est rapportée par l’agence de presse anglo-saxonne Reuters. Le montant de l’opération est estimé à 85,4 milliards de dollars, soit 107,5 dollars par action. Le financement prévisionnel est de 50 % en action et 50 % en fonds propre. Ce rachat rejoint celui du fournisseur de télévision par satellite, DirecTV, rachat réalisé il y a moins de trois ans. Le montant était alors de 48,5 milliards de dollars.
Un groupe hors-norme
Naturellement, un tel rachat est soumis à condition. Car AT&T et Time Warner sont deux groupes particulièrement importants dans le pays américain. Le ministère de la Justice et la commission fédérale chargée de la concurrence seront chargés d’étudier cette fusion pour savoir si elle garantit les conditions d’une libre concurrence. Sans oublier l’impact sur les ressources humaines. Les deux candidats à la Maison Blanche se sont exprimés sur ce rachat. Donald Trump s’y oppose fermement, estimant que le résultat de la fusion pèsera trop lourd, tandis qu’Hillary Clinton a décidé de laisser les institutions réglementaires faire leur travail.
Ce rachat est assez logique et rappelle le rapprochement de Vivendi et de SFR à la grande époque de la bulle Internet. Comme d’autres grands noms de l’industrie des télécoms, AT&T sait que la valorisation de ses tuyaux et de sa bande passante se justifie par la consommation de contenus : des films, des séries et des jeux. Et justement, Time Warner en est un spécialiste. L’idée serait donc de valoriser ses offres d’accès aux contenus grâce à une offre propre, même si elle ne sera jamais vraiment exclusive pour éviter d’être accusé de pratique anticoncurrentielle.
Monétiser par le contenu
Ce rachat entre dans un contexte où le marché des télécoms se consolide outre Atlantique et où les différents acteurs cherchent des arguments pour faire face à la concurrence. Verizon, le grand rival d’AT&T, vient d’acquérir Yahoo. Bien sûr, les enjeux et les aboutissants des deux opérations financières ne sont pas les mêmes. Mais le cadre semble être identique : acquérir du contenu. En outre, l’arrivée de la 5G pourrait positionner les opérateurs mobiles au même rang que les opérateurs terrestres (ADSL, câbles). AT&T ne se prépare donc pas uniquement à batailler contre Verizon, T-Mobile et Sprint, mais aussi contre Comcast.