Tout savoir sur : Le Windows Phone Moly X1 rate sa campagne Indiegogo
Proposer un smartphone sous Windows 10 Mobile est aujourd’hui assez compliqué, car le buzz dont la plate-forme a bénéficié en 2014, après le rachat de Nokia Devices & Services par Microsoft, n’a pas perduré dans le temps. D’abord, les constructeurs s’en sont désintéressés, car la firme de Redmond était omniprésente et les cahiers des charges trop restrictifs.
Ensuite les consommateurs s’en sont détournés pour revenir sur Android, faute de trouver l’expérience qu’ils attendaient (ou bien qu’ils connaissaient sous iOS et Android), notamment au niveau applicatif. D’où la perte de vitesse de Windows Phone et, à la fin, un changement radical de stratégie du côté de Microsoft : revente de la marque Nokia, partenariat avec des constructeurs et baisse de la voilure des Lumia.
11 mobiles vendus
Cela n’empêche évidemment pas quelques initiatives opportunistes d’émerger. Au début du mois de décembre, nous rapportions dans nos colonnes le lancement d’une campagne de financement participatif sur Indiegogo qui concernait un Windows Phone : le Moly X1, créé par un constructeur hongkongais, Coship. À l’époque, nous notions que 2 % des fonds avaient été récoltés (2000 dollars sur les 100000 demandés). Il ne restait alors que deux semaines pour obtenir les 98 % restant. Nous étions évidemment très sceptiques.
Et cela n’a pas loupé : la semaine dernière, la campagne a pris fin et l’entreprise a récolté un peu plus de 2500 dollars en provenance de 30 participants. Sur ces 30 participants, la plupart d’entre eux n’ont pas acheté un téléphone, mais ont souhaité encourager l’initiative en donnant entre 4 et 5 dollars. En fait, le Moly X1 s’est vendu à 11 exemplaires. Un échec, sans le moindre doute. Pour certains commentateurs, il s’agit d’abord d’un aveu de désintérêt de la part des consommateurs pour Windows Phone. Pour nous, c’est un peu plus complexe que cela.
Windows 10 Mobile n'est pas le seul en faute
Bien sûr, il y a Windows 10 Mobile dans la balance. Les nouvelles applications ne sont pas nombreuses. Certains développeurs ont abandonné le support de la plate-forme. Et il est quand même difficile de lutter face à Android. Mais ce n’est certainement pas la seule raison. D’abord, il y a les composants du Moly X1 : une plate-forme low-cost sans ambition. Un vieux Snapdragon 410, accompagné d’un écran 720p, de 2 Go de RAM, 32 Go de stockage, une batterie 2600 mAh et un capteur photo 13 mégapixels. Voilà un mobile légèrement meilleur qu’un Lumia 650, mais pas de beaucoup.
Ensuite le prix : le Moly X1 devait être vendu 300 euros prix public conseillé. Pour la campagne, il était proposé avec une ristourne comprise entre 23 % et 40 %. Mais ce n’était certainement pas suffisant pour une telle configuration. Il aurait dû être proposé à partir de 149 dollars et non 180 dollars. Ce qui aurait certainement été un peu plus incitatif. Enfin, dernier point : la promesse. Tout le discours commercial de la marque tournait autour d’une promesse simple : le mobile qui remplace le PC. Il y a même des photos qui présentent une utilisatrice qui consulte le même document sur un grand écran et son mobile.
Une promesse impossible à atteindre
Cela sous-entend que le téléphone devrait être compatible Continuum (ou qu'il apporte des services de ce type). Or ce n’est pas le cas. Le Snapdragon 410 n’en est absolument pas capable. Et l’intégration entre le smartphone et le PC est assurée par les outils en ligne de Microsoft, OneNote, Office et Skype. Selon nous, une part de l’échec est de promettre un mobile capable d’être l’extension d’un PC, alors qu’il n’en a pas les moyens techniques. Une raison qui, ajoutée aux autres, est suffisante pour comprendre l’issue de la campagne.