Tout savoir sur : Huawei affirme que 4 Go de RAM est bien suffisant dans un mobile
Les déclarations des patrons des entreprises sont souvent faites pour brouiller les cartes et ne pas avouer prendre davantage de décisions économiques que technologiques. Prenons l’exemple de Huawei. Il y a bientôt trois ans, Richard Yu, patron de la branche « Consumer Devices » du groupe, celle qui est en charge de concevoir les smartphones Px et Mate, notamment, a déclaré à la presse que les écrans QHD sont des hérésies pures et simples sur des tailles d’écran de mobiles, même sur les phablettes.
Nous avions relayé cette déclaration à l’époque. Mais, il semble que les choses aient changé depuis, puisque moins de trois ans plus tard, plus d’une demi-douzaine de terminaux sont équipés d’écran QHD : Honor V8, Honor Magic, Honor Note 8, Honor V9, Mate 9 Pro, Nexus 6P et Huawei P10 Plus. Comment Huawei se justifie ? En expliquant que la réalité virtuelle est un usage qui explique parfaitement l’emploie de tels écrans. Bon.
L'histoire se répète
Trois ans plus tard, Huawei est à nouveau critiqué sur la fiche technique de certains modèles, notamment sur l’intégration non plus de 4 Go de mémoire vive, mais de 6 Go. Dans un message publié sur Weibo, le directeur général de Huawei Consumer Devices, Lao Shi, explique qu’il n’y a nul besoin de plus de 4 Go pour faire tourner Android de façon fluide. Et c’est vrai : dans l’absolu, il suffit de regarder en entrée de gamme. Des modèles avec 2 Go sont capables de faire tourner Marshmallow de façon très correcte. Il fait même la comparaison avec l’iPhone d’Apple : avec 2 Go, l’iPhone 7 est capable de faire tourner iOS. Bref, trop de RAM est inutile.
Sauf que ce n’est pas entièrement vrai. Nous avons trois points pour le prouver. D’abord, il existe aujourd’hui trois smartphones dans le catalogue de Huawei équipés de 6 Go de RAM : le P10 Plus, le Mate 9 Pro / Porsche Design et le Honor V9. Bien sûr, ce ne sont pas toutes les configurations de ces terminaux qui en sont pourvus. Mais s’ils ‘existent, c’est qu’ils apportent quelque chose d’utile (sinon, c’est inutile de les intégrer).
Comparaison bancale
Second point, tous les terminaux ne sont pas égaux : certains mobiles sont équipés de capteurs photo plus gourmands, d’écrans plus précis, de chipsets plus performants, etc. Nous savons qu’augmenter la définition d’un écran ralentit un téléphone à mémoire vive égale. En outre, la comparaison avec l’iPhone est faussée : Apple développe 100 % d’iOS, tandis que Huawei n’est pas responsable du développement du coeur d’Android. Certaines optimisations faites par Apple ne sont donc pas à la portée de Huawei. Il faudra donc toujours plus de RAM à un modèle sous Android qu’un iPhone.
Troisième point, le patron de Huawei oublie l’exemple de la définition des écrans : les usages d’aujourd’hui en téléphonie ne seront pas les mêmes que ceux d’hier, ni ceux de demain. Or, un modèle haut de gamme se doit de rester performant pendant deux ans, soit le temps moyen d’un renouvellement Android. Et dans deux ans, la réalité virtuelle, la réalité augmentée, la 4K sur téléphone ou les téléchargements à 1Gb/s seront des usages courants. Comment espérer qu’un smartphone avec écran QHD offre une expérience qualitative s’il n’est pas préparé dès aujourd’hui à les prendre en charge ?
Une histoire de gros sous
Pour nous il s’agit donc d’une fausse justification. Car la véritable explication, elle est dans les livres de compte : incorporer 2 barrettes de 3 Go coûte beaucoup plus cher au mégaoctet que 2 barrettes de 2 Go. Pour ne pas baisser la rentabilité et rester dans une gamme de prix acceptable, Huawei a fait un choix. Le même que celui des écrans QHD il y a deux ans, quand ils étaient beaucoup plus chers qu’aujourd’hui. Dommage que cela manque d’honnêteté.