Il y a les bonnes idées. Il y a les mauvaises idées. Et il y a celles qui auraient pu être bonnes, mais qui n’étaient pas forcément en phase avec la réalité économique. Le Solarin est de ceux-là. Souvenez-vous : en juin dernier, nous vous présentions ce croisement improbable entre un BlackPhone, pour le côté Android sécurisé, et le Vertu Constellation, pour le côté smartphone de luxe doté d’une plate-forme haut de gamme. Le smartphone se positionnait donc comme le smartphone sécurisé à destination de l’élite économique mondiale. Créé par la start-up israélienne Sirin Labs, le mobile est (encore maintenant) commercialisé 14 000 dollars hors-taxe.
Vous vous y attendez : le mobile ne s’est pas très bien vendu. Et la jeune entreprise, dirigée pourtant par un entrepreneur israélien expérimenté, aurait commencé à se restructurer et à réduire ses équipes. L’information a d’abord été révélée par un journal économique local avant d’être confirmée par le principal intéressé auprès de nos confrères de Techcrunch. Un porte-parole explique que la restructuration touche une trentaine de personnes, soit le tiers des effectifs.
Echec commercial
Mais certaines seront remplacées pour assurer le repositionnement de Sirin Labs. Car la société va en effet perdurer, mais elle développera des produits high-tech sur d’autres segments de marché. Sirin Labs aurait encore 20 millions de dollars de fonds propre pour assurer sa transition. Aucune information n’a été communiquée sur ce repositionnement, mais le patron de Sirin Labs évoque « un nouveau genre de produit technologique ». En attendant, Sirin Labs continuera d’écouler ses stocks et d’assurer la maintenance.
Les détails sur le bilan du Solarin sont évidemment peu nombreux, car l’échec est amer. Le smartphone, qui aurait rencontré un succès d’estime sur les étals de la boutique haut de gamme Harrods de Londres, aurait rapporté un peu moins de 10 millions de dollars en neuf mois de commercialisation. Vendu 14 000 dollars, le téléphone se serait donc vendu à moins de 750 exemplaires. Ce qui est évidemment trop peu pour rentabiliser l’investissement et payer les factures.
Lancement trop tardif
Rappelons que le Solarin offrait des prestations luxueuses (diamant, titane, fibre de carbone, saphir synthétique, or, etc.) et une plate-forme technique certes haut de gamme, mais un peu passée (Snapdragon 810, 4 Go de RAM, 128 Go de stockage, écran QHD, capteur photo 24 mégapixels, batterie 4040 mAh, etc.). Le tout était associé à une version « sécurisée » d’Android Lollipop, comprenant le cryptage de données, la prise de contrôle à distance et une suite de sécurité. Mais cela justifiait-il le prix ? Peut-être, parce que les matériaux étaient onéreux. Mais, même si le Solarin est un produit de niche pour des hommes d'affaires fortunés, est arrivé un peu tard. Et ça, ça ne pardonne pas en téléphonie.