Qualcomm fait feu de tout bois. Et c’est bien normal dans le contexte actuel. Guerre ouverte avec Apple devant les tribunaux, perte partielle du marché des modems dans les iPhone au profit d’Intel, confirmation du développement interne d’un SoC chez Google pour animer les futurs Pixel, relations tendues avec Samsung qui généralise l’intégration des Exynos dans toutes ses gammes (et qui n’a certainement pas aidé à ce que le Snapdragon 835 soit disponible plus tôt), recul global en part de marché de sa clientèle constructeur (au profit de Huawei qui ne consomme peu ou prou chez lui) et concurrence toujours aussi dure en provenance de MediaTek. La situation de Qualcomm est complexe.
Des Snapdragon touche-à-tout
C’est certainement pour ces raisons que le marché de la téléphonie n’est plus une fin en soi chez Qualcomm qui se tourne de plus en plus vers les marchés adjacents, ceux où l’intelligence fournie par des processeurs est de plus en plus importante. Les montres connectées étaient un bon exemple : après avoir rapidement adapté son Snapdragon 400 pour les premiers modèles sous Android Wear, la firme a inauguré sa gamme Snapdragon Wear (SDW2100 et SDW1100). Le marché Windows 10 en est un autre, avec la compatibilité entre les Snapdragon et l’OS de Microsoft. Sans oublier les voitures connectées, grand sujet de 2015, et les décodeurs numériques.
En septembre dernier, Qualcomm a présenté deux Snapdragon pour les objets connectés : les 600E et 410E. Il ne s’agissait alors que de produits adaptés de SoC pour mobiles (les SD600 et SD410). Mais cela démontrait encore une volonté de Qualcomm de pondérer plus encore le poids de ces nouveaux marchés dans son futur chiffre d’affaires. Et cela continue évidemment cette année. D’abord, nous avons vu il y a quelques mois les premiers casques de réalité virtuelle animés par des Snapdragon 835. Il ne serait pas étonnant que le fondeur en développe une version spécifique.
La musique intelligente : nouveau relais de croissance
Ensuite, Qualcomm a présenté la semaine dernière une nouvelle plate-forme pour l’univers de l’audio connecté, lequel se concrétise par les enceintes intelligentes type Amazon Echo, Google Home ou Apple HomePod. Cette offre, placée sous la bannière « Smart Audio Platform » se compose au départ de deux chipsets appelés APQ8009 et APQ8017. Si leur structure exacte reste à découvrir, les deux SoC sont équipés d’un modem WiFi ac MiMo (DLNA) et Bluetooth 4.2 et d’un coprocesseur de signal Hexagon (pour le traitement des signaux audio entrants). Ils sont compatible hi-fi et sont capables de prendre en charge les casques connectés en USB type-C et les systèmes multipièces (comme les systèmes Sonos, par exemple). Ils sont évidemment accompagnés de tout un jeu de composants pour étendre ou enrichir ces fonctionnalités.
Ce qui est intéressant dans cette annonce, ce n’est pas tant l’opportunisme né de l’intérêt pour les enceintes connectées, mais plutôt la vision de Qualcomm vis-à-vis d’une évolution profonde des technologies liées à la consommation de musique. Une consommation dématérialisée, mais pas forcément nomade. Une consommation numérique, mais pas forcément low-cost. En entrant par la porte des enceintes domotiques, Qualcomm espère aussi toucher les accessoiristes audio qui développent des enceintes, nomades ou sédentaires, et des casques audio de tout type, des produits où le flux audio est numérique à 100 %. Et ça, c’est un gros marché.