L’actualité de HTC n’est pas animée que par les smartphones. D’abord, il y a la réalité virtuelle, l’un des domaines où la firme taïwanaise s’est engagée depuis deux ans avec un premier produit commercial, le Vive. Et il y a aussi la finance. Économiquement, la société va mal depuis plusieurs années. Les comptes sont dans le rouge, même durant la période commerciale la plus intense de ses smartphones les plus attendus. Le U11 n’a malheureusement pas été d’un grand secours.
L'association entre Google et HTC se transformera-t-elle bientôt en fusion ?
Il y a deux semaines, nous rapportions dans nos colonnes une rumeur en provenance du China Times, elle-même relayée par le très sérieux quotidien américain Financial Times. Selon le journal chinois, des discussions avaient lieu au début du mois entre Google et HTC visant au rapprochement des deux sociétés. La bible de Wall Street semblait y croire plus que nous : nous avons en effet émis quelques doutes vis-à-vis de la pertinence d’un tel rachat, notamment l’histoire que la firme de Mountain View partage avec Motorola.
Suspension du cours de bourse
Cependant, quelque chose se trame. Pour preuve, le China Times, toujours lui, affirme que le cours de l’action HTC à la bourse taïwanaise sera suspendu demain, le 21 septembre. Il s’agit d’une pratique courante dans le milieu financier : pour éviter qu’une nouvelle information concernant la société ne chahute trop sa valorisation boursière, l’action est provisoirement retirée du marché. Ainsi, elle ne baisse pas si la nouvelle est mauvaise et elle ne flambe pas s’il y a un risque de spéculation.
Si le cours est suspendu, cela veut dire une seule chose : HTC annoncera demain un changement important. Cinq possibilités. HTC rachète quelqu’un de significatif, ce qui est fort improbable compte tenu de ses finances. Ou HTC se place sous la protection de la loi sur les faillites financières. Ce qui serait très étonnant, mais pas impossible. HTC procède à une opération sur son action (division d’actions, rachat d’actions, etc.). Ou HTC accueille un nouveau partenaire dans son capital, ce qui pourrait être le cas avec Google ou un fonds d’investissement. Soit, enfin, HTC vend une partie de son activité.
Rachat partiel
Selon nos confrères chinois, la dernière proposition serait la bonne : Google reprendrait la division mobile de HTC (comprenant la recherche et le développement, ainsi que les usines), laissant ainsi Cher Wang se focaliser à 100 % sur le développement de la gamme Vive et de la réalité virtuelle. Rappelons que dès l’année dernière, HTC a créé une filiale dédiée à cette activité. Nous pensions alors que cela permettrait à HTC d’accueillir plus facilement des partenaires financiers et de séparer Vive des smartphones. Cela irait donc dans ce sens.
Encore, une fois, nous sommes très surpris de cette rumeur. Il est étonnant que Sundar Pichai et Rick Osterloh en soient convaincus, même si HTC a démontré à plusieurs reprises sa capacité à être un partenaire constructeur pertinent (HTC Dream, HTC Magic, Nexus One, Nexus 9, Pixel et bientôt Pixel 2). Cependant, malgré cette pertinence, en s’associant à HTC et en intégrant ses propres équipes de développement et de manufacture, Google deviendrait à nouveau le concurrent de ses propres partenaires (LG, Samsung, Motorola). Une situation similaire à celle de Microsoft et Nokia, avec les conséquences que nous connaissons.
Après Motorola, HTC ?
Cependant, selon nous, il y a une pertinence à renforcer les liens entre une marque, Google Pixel, et un constructeur sous-traitant, HTC, sans en passer par le rachat. Et la signature d’un contrat avec apport financier (un peu comme Apple avec TSMC, par exemple) serait tout aussi efficace qu’un rachat pur et simple, sans les inconvénients. Voici donc une hypothèse qui pourrait allier la problématique financière de HTC et l’aspect stratégique de Google : HTC pourrait annoncer demain la séparation de son activité en deux parties distinctes, avec la réalité virtuelle d’une part et la téléphonie d’autre part. Google prendrait alors une participation (minoritaire ou majoritaire) dans la partie liée à la téléphonie, injectant de l’argent frais.
Bien sûr, le rachat pur et simple de la branche téléphonie de HTC n’est pas impossible. Google a l’argent. Android n’est pas Windows Phone. La firme de Mountain View n’a pas la même place en téléphonie qu’a pu avoir la firme de Redmond. Et le conflit avec les constructeurs tiers, notamment Samsung (il n’y a bien que Samsung aujourd’hui qui pourrait faire pression sur Google), ne fait certainement plus peur à Google. Il serait d’ailleurs amusant de savoir quelle serait la réaction de ces constructeurs si ce rachat se concrétise. À suivre.