Tout savoir sur : Un Eir d’Irlande pour Xavier Niel et Free
Nous l'attendions pour le lancement de Free mobile en Italie, mais c'est en Irlande que le milliardaire Xavier Niel débarque en prenant le contrôle de l'opérateur Eir.
Eir, l’opérateur historique irlandais
Suite à la loi sur la privatisation du marché des télécoms en 1999, l’opérateur historique de la République d’Irlande, Telecom Eireann est séparé en deux opérateurs : l’opérateur fixe Eircom d'un côté, et l’opérateur mobile Eircell de l'autre. En 2001, Eircell et son premier réseau mobile est vendu à Vodafone tandis qu’Eircom continue de développer le réseau fixe d’Irlande. En 2009, Eircom rachète le troisième opérateur mobile Meteor Mobile Network avec 1 million de clients, qui devient Eir mobile. Le nom sera ensuite simplifier en Eir pour éviter des confusions entre ses différentes activités.
Aujourd'hui, l’opérateur est le leader du marché de l’Internet fixe avec 1,7 million de clients fixe, soit 35% de part de marché, et le troisième opérateur mobile, avec plus de 1,5 million de clients mobile (18% de parts de marché). Eir construit un réseau fibre optique avec 1,9 million de prises d’ici fin 2018 et étend son réseau 4G sur la quasi-totalité de l’Irlande (du Sud). Avec le rachat de Setanta Sports, Eir possède son propre bouquet sportif.
Si Eir est un opérateur historique, son histoire et son fonctionnement se rapprochent plutôt de celui de SFR, en inversant Internet fixe et mobile.
Le montage de Xavier Niel pour le rachat d’Eir
Pour prendre Eir, Xavier Niel a fait appel à ses deux sociétés favorites : Iliad bien sûr, et sa holding personnelle NJJ, dont la filiale NJJ Telecom Europe. Avec deux fonds d’investissement Anchorage Capital Group et Davidson Kempner, les 4 partenaires ont créé le consortium Toohil qui rachète l’intégralité du capital de Eir.
La répartition dans le consortium est la suivante : NJJ Telecom Europe à 32,6%, Iliad à 31,9%, Anchorage Capital Group à 26,6% et Davidson Kempner à 8,9%. Directement ou indirectement, Mr Niel possède 64,6% de l’opérateur. L’opération valorise Eir à 3,6 milliards d’euros. La présence d’Iliad dans le capital d’Eir via Toohil a été voté par le conseil d’administration sans les votes de Xavier Niel (actionnaire majoritaire) mais partie prenante
NJJ et Iliad ont une option d’achat sur les parts d’Anchorage et Davidson représentant 26% du capital. Cette option n’est activable qu’à partir de 2024. Avec cette option, Xavier Niel aura plus de 80% du capital. Néanmoins, l’opération devra être validée par les autorités de la concurrence irlandaise et européenne.
Xavier Niel à la conquête de l’Europe
Le patron de Free tisse sa toile mondiale en multipliant les investissements à l'étranger ces dernières années. Ainsi, via son fonds d’investissement personnel, Xavier Niel a racheté des opérateurs sur le continent européen sans l’aide d’Iliad : Monaco Telecom à Monaco et Salt en Suisse (ex-Orange Suisse). Via Iliad, il est présent en France (Free et Free Mobile) et bientôt en Italie où il doit se lancer très prochainement.
A l'été 2014, il avait tenté une opération de très grande envergure en formulant une offre sur l'opérateur T-Mobile aux Etas-Unis. Un échec dans la tentative d’internationalisation du groupe télécoms de Xavier Niel.
Cet été, Xavier Niel s'est aussi engagé sur le rachat de l’opérateur sénégalais Tigo, mais des décisions de justice bloquent encore pour l'instant la finalisation de ce rachat. Ce serait alors une première porte d'entrée sur l'immense marché du continent africain.