Il y a aujourd’hui deux grands patrons connus pour avoir réussi à redresser un groupe en décroissance. Le premier est John Chen, PDG de BlackBerry. Il a externalisé la partie matérielle de son activité pour se concentrer sur la partie logicielle, bien plus lucrative. Depuis BlackBerry est redevenu bénéficiaire. Le second est Kazuo Hirai. Arrivé au poste de PDG en 2012, alors que le groupe japonais connait de sérieuses difficultés (notamment dans le cinéma ou l’électronique), Kazuo Hirai a relevé l’ensemble du groupe en cinq ans.
Un rôle moins opérationnel et plus stratégique
Pour preuve, le bilan de l’année fiscale 2017/2018, qui prendra fin au 31 mars prochain, devrait être excellent. Sur les neuf premiers mois de l’année, le bénéfice net atteint 3,7 milliards d’euros. Et c’est avec cet excellent résultat que Kazuo Hirai annonce son départ du poste de PDG. L’annonce a été faite par voie de communiqué de presse hier soir. Mais le patron ne part pas du groupe pour autant, groupe dans lequel il travaille depuis 1984. Il prend un rôle peut-être plus important, plus stratégique, et moins opérationnel : celui de président du conseil d’administration.
Le changement aura lieu le 1er avril prochain, date du début du prochain exercice fiscal de Sony. Son remplaçant a d’ores et déjà été choisi : il s’agit de Kenchiro Yoshida, le directeur financier de Sony. Il s’agit donc d’une passation qui se veut dans la continuité des travaux engagés par Kazuo Hirai. D’ailleurs, le plan de restructuration imaginé par le futur ex-PDG n’en est encore qu’à sa moitié. La seconde partie démarrera en avril. Et il est clair que Kenshiro Yoshida sera largement accompagné par son ancien patron.
Un excellent bilan
Kazuo Hirai n’est pas simplement l’architecte du retour à la rentabilité de Sony. C’est aussi lui qui a parié sur le jeu vidéo en 2012 avec la PlayStation 4. La console peut s’enorgueillir d’avoir pratiquement dépassé les chiffres de vente de son prédécesseur, la PlayStation 3, en moitié moins de temps. En effet, Sony a vendu 80 millions de PS3 en 11 ans, alors que la PS4 a atteint les 76,5 millions d’exemplaires en 5 ans.
Il est également celui qui a cru en la puissance de la marque Sony en téléphonie mobile premium et qui a imaginé son repositionnement il y a deux ans. Retrouvez ici quelques extraits d'une interview très intéressante qu'il a accordé à quelques confrères américains. Sony a presque entièrement abandonné les segments low-cost, et cette décision émane de lui. Il est aussi celui qui a vendu la marque Vaio et l’activité informatique du groupe, laquelle perdait beaucoup d’argent.