L’affaire entre Qualcomm et Broadcom s’est terminée la semaine dernière par une ordonnance du président américain Donald Trump, interdisant à l’industriel singapourien de racheter le fondeur américain, car une telle fusion présenterait des risques pour la sécurité nationale des États-Unis. Ce genre d’ordonnance, particulièrement rare, est encore plus surprenant que Hock Tan, le patron de Broadcom, était intervenu à la Maison-Blanche, en présence de Donald Trump, pour expliquer qu’il souhaite rapatrier son entreprise aux États-Unis. Mais cela n’a pas suffi pour rassurer les officiels Américains.
Un autre acquéreur se profile
Après cette intervention présidentielle, nous pensions que Qualcomm aurait l’occasion de préparer plus sereinement d’une part sa réunion des actionnaires prévue le 23 mars prochain et d’autre part son argumentaire pour convaincre les institutions réglementaires qui bloquent encore le rachat de NXP. Mais c’était sans compter Paul Jacobs qui cherche à faire une offre pour le rachat du fondeur. L’information a été annoncée par le Financial Times avant d’être officialisée par communiqué de presse par Qualcomm.
La firme de San Diego a en effet publié un communiqué dans lequel elle explique que son ancien président du conseil d’administration ne participera pas à l’élection du conseil d’administration qui aura lieu lors de la réunion du 23 mars, certainement l’une des conséquences du projet de rachat. Rappelons que Paul Jacobs n’est plus le président du conseil d’administration depuis le début du mois de mars. Il n’en sera plus membre du tout à la fin du mois. A moins qu'il ne réussisse à convaincre les actionnaires votants de le suivre dans cette folle aventure...
Softbank apporte les fonds ?
Acheter Qualcomm, ce ne sera pas une mince affaire pour son ancien patron. Il y a bien sûr toute la dimension financière. Broadcom avait proposé 120 milliards de dollars, dont une grande partie en action, pour s’emparer du fondeur. Il en faudra certainement autant pour convaincre les actionnaires (ou au moins le prochain conseil d’administration). Paul Jacobs n’est pas titulaire d’une telle somme. Selon le Financial Times, il chercherait des soutiens financiers pour soutenir cette acquisition. L’in d’entre eux pourrait être Softbank, l’opérateur japonais qui a racheté il y a un an et demi ARM Holdings.
Le soutien de Masayoshi Son, patron de Softbank, n’est pas incohérent. Qualcomm est un partenaire privilégier des opérateurs partout dans le monde. Il est propriétaire de la firme qui conçoit des architectures pour chipset mobile dont Qualcomm est utilisateur (les Snapdragon 4XX, même les plus récents, tournent avec des Cortex-A53). Et Qualcomm est une société dont la rentabilité n’est plus à prouver et qui le sera plus encore dans les prochaines années avec l’arrivée de la 5G. Nous nous demandons évidemment, combien Masayoshi Son pourrait mettre sur la table, quels autres industriels pourraient les accompagner dans cette aventure et, surtout, si le président américain adoubera cette initiative ?