Difficile aujourd’hui de garder ses secrets. À l’heure des réseaux sociaux, les informations se dévoilent et s’échappent à grande vitesse. Une grande partie de ces fuites proviennent des nombreux sous-traitants (la fameuse « supply chain taïwanaise » citée par des publications telles que DiGiTimes) qui ont en charge la fabrication ou le montant d’une partie d’un téléphone (souvent un morceau de coque). Les employés, qui y voient un moyen d’arrondir les fins de mois, prennent des photos et les vendent.
Il y a secret et secret
Dans cet exemple, un secret industriel est révélé pour être publié sur Internet, révélant les caractéristiques d’un smartphone. Cela laissera peut-être le temps à la concurrence de s’organiser pour développer une réponse adaptée. Nous pensons par exemple aux nombreux terminaux avec une encoche dans l’écran ou une coque en verre minéral qui sont sortis suite aux révélations sur le design de l’iPhone X d’Apple. Cela parasite les ventes du dit téléphone. Cela supprime totalement l’effet de surprise. Mais l’effet est ponctuel.
L'une des premières générations d'écran flexibles de Samsung
Car un sous-traitant pourrait ne pas vendre à un leaker professionnel les petits secrets d’un smartphone populaire. Il pourrait aussi les vendre à un concurrent. C’est ce que l’on appelle une violation d’accord de confidentialité. Et ce n’est pas simplement réprimandable. C’est condamnable. C’est ce que découvriront certainement une dizaine de personnes mises en examen en Corée du Sud. Elles sont poursuivies par le parquet coréen dans une affaire de vente de brevets technologiques rapportée par l’agence de presse Bloomberg.
La recette et l'outillage
D’abord, qui sont-elles ? Il s’agit de neuf personnes travaillant toutes pour un sous-traitant de Samsung Display. Le patron de cette entreprise fait partie de la bande. Elles sont accusées d’avoir vendu à une entreprise chinoise, concurrente de leur client, certains secrets de fabrication concernant des écrans OLED flexibles. Autant dire les dernières générations d’écran de Samsung, lesquelles doivent équiper les smartphones pliables de la firme. Le risque pour Samsung est donc considérable. Deux représentants de cette société chinoise sont également inculpés. La somme que ces neuf employés auraient perçue s’élèverait à 15,5 milliards de wons coréens, soit 12,2 millions d’euros.
Les employés du sous-traitant ne se sont pas contentés d’indiquer au concurrent de Samsung Display comment créer des écrans OLED comparables à ceux de la firme coréenne. Elles leur ont également vendu le matériel pour le faire, notamment le matériel de « laminage 3D ». Mais cela ne se limite pas à ça. Les faits qui leur sont reprochés se seraient produits entre le mois de mai et le mois d’août 2018. Et elles auraient été arrêtées pendant qu’elles envoyaient par bateau un nouveau chargement à la société chinoise. Les noms des personnes et des sociétés impliquées (en Chine et en Corée du Sud) n’ont pas été dévoilés par le procureur coréen.