Tout savoir sur : Des Nokia 7 Plus envoyaient en Chine des informations personnelles
Votre téléphone vous espionne-t-il ? La réponse à cette question n’est pas si simple. Dans l’absolu, oui, le téléphone enregistre des données personnelles en continu. Il vous écoute. Il sait où vous allez. Il sait quand vous dormez et quand vous faites du sport. Et certaines de ces informations sont partagées avec votre opérateur, mais aussi avec certains services tiers (les réseaux sociaux par exemple) que vous aurez autorisés.
Cependant, quand vous vous posez la question à propos du risque d’espionnage de votre mobile, c’est davantage dans le cadre d’envoi illicite d’informations vers des serveurs où vous ne voudriez justement pas que votre identité y soit stockée. Nous avons relayé dans nos colonnes plusieurs cas d’installation dans le firmware des terminaux de logiciels-espions. Et dans la plupart des cas, la présence du logiciel soit pas connue du constructeur, soit la présence est connue, mais pas sa fonction cachée. Ce fut le cas par exemple de Wiko qui utilisait un logiciel de test vérolé qui envoyait des codes EMEI et des données de localisation sur des serveurs chinois. Et la marque n'était évidemment pas au courant.
Des logiciels espions installés pour la Chine
Un nouveau cas a été dévoilé cette semaine. Et il s’agit d’une marque de renommée mondiale : Nokia. Certains exemplaires du Nokia 7 Plus vendus en Norvège intégraient un logiciel qui envoyait certaines données non nominatives, mais privées vers des serveurs appartenant au centre d’information chinois du réseau Internet (un service d’état, bien sûr). L’information a été publiée par le site NRK Beta. Il s’agissait notamment du numéro série du téléphone, du numéro de la carte SIM et des coordonnées GPS. Ces transferts de données avaient lieu quand le téléphone est allumé et débloqué.
Et en quelques jours, cela a eu plusieurs conséquences, la plus importante étant l’ouverture d’une enquête contre HMD Global par l’équivalent finlandais de la CNIL française. Pourquoi ? Parce que les données transmises par les téléphones font partie de celles concernées par la RGPD, la fameuse réglementation européenne sur les données privées. La société chinoise encourt donc une amende en plus d’une baisse de la confiance des consommateurs.
Equipés comme des versions chinoises
Que s’est-il passé exactement ? Le Nokia 7 Plus est vendu en Chine et en occident. En Chine, les terminaux de HMD sont équipés d’une version « customisée » d’Android, dépourvue des services Google, mais agrémentée de quelques logiciels qui envoient des informations à des services gouvernementaux. Ces programmes ne sont pas destinés à équiper les modèles internationaux. Or, une petite série de Nokia 7 Plus, destinée à être commercialisée en Norvège, s’est retrouvée avec les outils de tracking de la version chinoise. C’est une erreur. Elle n’était pas intentionnelle. Elle a d'ailleurs été depuis corrigée grâce à une mise à jour qui supprime ces logiciels. Mais elle intervient dans un climat tendu entre les constructeurs chinois (Huawei notamment) et certains gouvernements qui les accusent d’espionnage.