Il y a un an, Google écopait d’une amende en provenance de la Commission européenne pour pratique anticoncurrentielle vis-à-vis de Chrome et Search. La commission, après plus de deux ans d'enquête, estimait alors que Google, en préinstallant ses propres services, nuisait à la visibilité des services alternatifs. Microsoft avait reçu la même punition avec Bing et Internet Explorer, préinstallés dans Windows.
Une forte amende...
Bien sûr, dans l’absolu, le concepteur d’un système d’exploitation est en droit d’intégrer les services qu’il souhaite. Or, à partir du moment où ledit système d’exploitation devient non seulement un standard, mais aussi la base d’un écosystème économique, le concepteur doit montrer patte blanche, pour que chaque concurrent puisse avoir des chances de réussir. Voilà pourquoi la Commission européenne est intervenue.
Cette amende, alors record (mais depuis dépassée), s’élevait à 4,3 milliards d’euros. Le paiement de cette somme était assorti d’une obligation d’améliorer la visibilité de cette concurrence dans le système d’exploitation. Pour cela, Google a développé une étape intermédiaire dans le processus de démarrage d’Android qui permet aux consommateurs européens de choisir un navigateur et un moteur parmi une liste. Une mise à jour, appliquée aussi sur le parc installé, a permis aux anciens comme aux nouveaux usagers de faire leur choix.
Nous regrettions à l’époque que Search et Chrome soient tout de même préinstallés. Mais l’effort était là : quatre concurrents côtoient les services Google. La liste de ces concurrents était alors propre à chaque pays, basée sur la popularité locale des services et présentée de façon aléatoire (parfois Firefox est en haut, sous Google Search, parfois en bas, à côté d’Opera). Jusqu’ici tout va bien.
... que Google voudrait rentabiliser !
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Car, gagner de l’argent, c’est un peu le leitmotiv de toute entreprise. Et, quand il est question d’emplacement publicitaire et marketing, Google montre une exceptionnelle adaptabilité. Et la firme de Mountain View profitera de l’occasion qui lui est donnée (si gentiment) pour développer un nouveau produit publicitaire : une place dans la liste des alternatives à Search et à Chrome. Une place qui, une fois achetée, ne sera pas définitive.
Chaque année, Google mettra aux enchères les emplacements. Ces emplacements seront différents pour chaque pays de la zone européenne. Ces enchères seront à l’aveugle : chaque concurrent complète son formulaire avec le montant qu’il souhaite payer, sans savoir ce que les autres paieront. En outre, le nombre de places pourra varier d’un pays à un autre. Les enchères pour l’année 2020 auront lieu entre le 13 septembre (date de fin des inscriptions) et le 31 octobre (date d’annonce des heureux locataires de l’année).
Une opportunité pour les plus petits ?
Outre le fait que Google profite de la situation pour gagner quelques deniers, il y a une bonne et une mauvaise nouvelle dans cette annonce. Commençons par la mauvaise : ce sont les plus gros portefeuilles qui apparaîtront le plus souvent. Comme dans le cas des publicités dans Google Search, les enchères favorisent ceux qui peuvent payer plus cher, laissant les alternatives plus confidentielles (voire associatives) sur le côté de la route.
À l’inverse, et c’est la bonne nouvelle, grâce à ce système d’enchère, ce ne sont pas forcément les services les plus populaires qui seront présents dans la liste. Un nouvel entrant pourrait casser sa tirelire et s’offrir une excellente visibilité auprès de tous les consommateurs qui achèteront un smartphone sous Android l’année prochaine. Cela les amènera-t-il à le choisir comme navigateur ou moteur de recherche par défaut pour autant ? Il n’y a que peu de chance, malheureusement.