Alors que le constructeur chinois nous présentait en début de semaine sa nouvelle gamme de smartphones, nous testions parallèlement à la rédaction le W757, représentant de la gamme précédente, présentée à Barcelone en février dernier. Ceci dans le but de nous donner une idée du chemin parcouru par Haier, mais aussi à parcourir, pour espérer un jour être une marque qui compte dans les linéaires des grandes surfaces. Avec un prix maximum conseillé de 129 euros, ce mobile peine cependant à nous convaincre.
D'abord parce que la fiche technique est très limitée. Jugez plutôt :
- Écran IPS FWVGA (854 x 480) de 5 pouces
- Processeur dual-core MediaTek MT6572 cadencé à 1,3 GHz
- Processeur graphique ARM Mali 400 MP1 cadencé à 500 MHz
- 512 Mo de mémoire vive
- 4 Go de stockage interne extensible par microSD
- Capteur photo 2 mégapixels à l'arrière
- Capteur vision VGA à l'avant
- Batterie 1800 mAh
- Système d'exploitation Android 4.2 Jelly Bean
- Compatible HSPA (21 Mb/s), WiFi n, Bluetooth 4.0
- Poids : 170 grammes
- Dimensions : 145 x 73,8 x 9,9 mm
Vous remarquerez que le MT6572 est habitué des configurations entrée de gamme. Nous l'avons rencontré dans toute la série des Blade Q, l?Alcatel OneTouch Pop C5, Les Liquid Z3 et Z5 d'Acer, et toute une panoplie de mobiles entrée de gamme aussi bien indiens que chinois, taïwanais, américains (marque Blu) ou français (Archos). Bref, du déjà vu. À ses côtés, une plate-forme technique freinée par sa justesse (512 Mo de RAM pour Jelly Bean) et une optimisation d'Android toujours à parfaire chez MediaTek.
Selon la fiche technique, le capteur fait 2 mégapixels seulement
Un smartphone qui ressemble à beaucoup d'autres
D'aspect, le mobile ressemble à beaucoup d'autres smartphones entrée de gamme. Si la marque Haier, imprimée au dos, n?était pas marquée, cela aurait été difficile de faire la distinction avec d'autres fabricants. Si l'avant est conforme et sans fioritures, ce qui est plutôt logique, l'arrière du mobile est tout aussi plat. Faisons le tour du propriétaire en commençant par le côté face : belles bordures autour de l?écran, pavé tactile avec touche de navigation, écouteur téléphonique bien centré en haut, avec webcam à droite. Sur les tranches, deux boutons matériels, volume (à droite) et mise en veille (à gauche), et deux ports, jack 3,5 mm et microUSB (tous deux en haut).
À l'arrière, coque amovible en plastique brillant. En haut, le capteur photo, ici carré et peu proéminent, accompagné de son flash. En bas, la marque et le haut-parleur, lequel est plutôt puissant et assez bien positionné vis-à-vis des doigts. Vous remarquerez à l'extrémité, en bas à gauche, l'encoche pour ouvrir le mobile. À l'intérieur, la batterie, un emplacement microSD et deux pour les cartes SIM dont une au format microSIM. Il est écrit que seul le port SIM est compatible 3G, mais notre microSIM (compatible 4G) s'est connectée en 3G+. Peut-être aurait-elle été bridée si nous insérions une autre SIM.
La prise en main n'est pas désagréable, malgré le fait que le mobile est particulièrement massif. Toutes les touches sont accessibles sans devoir repositionner le smartphone dans la main. La dalle glisse plutôt bien sous les doigts. Même si le mobile est visiblement entrée de gamme, la première impression n'est pas mauvaise. Même s'il manque un peu de folie dans tout cela.
À l'allumage, le W757 ne dispose pas d'un écran spécialement bien défini, au contraire. Proposer du FWVGA sur une dalle de 5 pouces floute légèrement l'image. Cela se ressent particulièrement en surfant sur le Web : nous avons été obligés de zoomer pour lire du texte qui ne s'affichait pas correctement, faute d'une bonne résolution. Le contraste est correct, la luminosité bonne et les couleurs plutôt respectées. Les angles de vision ne sont pas très ouverts.
Une interface très maquillée, mais pas accessoirisée
L'interface présentée ici est celle d'Android 4.2.2 (il serait temps pour MediaTek de passer au moins à 4.3...) affublée d'une surcouche graphique et non ergonomique. Contrairement à Meizu, Huawei ou Infinix, qui modifient quasiment totalement l'agencement d'Android (en supprimant notamment le menu application), Haier prend plutôt le parti de Yezz, Kazam, Wiko ou Alcatel OneTouch. Le W757, comme les autres modèles du fabricant, offre des icônes totalement modifiées avec un cadre pour les icônes des applications téléchargées sur le Play Store. En comparaison de la version « stock », le W757 dispose aussi d'un clavier Swype à la sortie de la boîte. Pratique.
Peu d'applications ont réellement été changées vis-à-vis de la version « stock ». Ni les contacts, ni la messagerie, ni même Galerie. Nous avons également été étonnés de ne voir aucune application additionnelle dans le menu, pas le moindre petit biscuit à se mettre sous la dent. En revanche, nous avons été surpris de voir des applications dédiées aux développeurs pour accéder à certains processus et à la gestion des cartes SIM. Nous pensons que les exemplaires prétés pour ce test ne sont pas des modèles commerciaux, dommage. Détail amusant : l'application HotSwapDevTool sert à changer à chaud une carte SIM. Seulement, elles sont inaccessibles quand le mobile est allumé à cause de la batterie.
Applications pour les développeurs
Une plate-forme technique trop juste, même pour de l'entrée de gamme
Si la richesse fonctionnelle est absente, passons alors à l'analyse de la plate-forme. À l'usage, nous avons éprouvé des saccades dans l'utilisation du mobile, mais également des ralentissements en navigation sur Internet, alors qu'il s'agit d'usages simples et quotidiens. Nous avons également ressenti une faiblesse au niveau de l'autonomie, conséquence logiquement d'un chipset très sollicité pour des tâches qui ne devraient pas être un problème.
Le benchmark AnTuTu a confirmé notre impression. 10 093 points exactement. Moins bien qu'un dual-core Snapdragon 400. Selon le rapport d'AnTuTu, la plate-forme est plutôt banale, sauf au niveau des coeurs du CPU. Les Cortex-A7 sont économiques, mais pas très véloces non plus. Même à quatre, ce ne sont pas des foudres de guerre, alors à deux...
Des limitations qui se ressentent vraiment
Le constat se répercute donc sur le multimédia. Nous avons bien évidemment testé Dead Trigger 2, notre jeu étalon, mais aussi le tout récent Angry Birds Epic. Ce dernier s'exécute plutôt bien, malgré des temps de chargement très longs. Le premier en revanche a connu quelques ralentissements fâcheux. Nous n'avons pas tenté de forcer les graphismes HD, puisqu'en qualité standard, c?était déjà difficilement jouable.
Nous passons donc à la vidéo. Pas de surprise ici : le smartphone est capable de lire des fichiers en 720p compressés au format MP4. Mais les formats plus exotiques ne passent pas très bien. Haier n'a pas intégré d'applications multimédias comme celles d'Archos, se contentant donc du Lecteur Google Vidéo. En 1080p, nous avons vu des ralentissements nets, ainsi qu'en format MKV. Des résultats attendus : le contraire aurait vraiment été étonnant.
Enfin, en photo, nous ne nous attendions pas à grand-chose. D'abord parce que l'application photo est celle d'Android « stock ». Ensuite, parce que le W757 propose un capteur photo de 2 mégapixels, sans autofocus qui plus est. Avec un tel équipement, nous avons certainement atteint la limite du précepte : « le capteur ne fait pas l'appareil photo ». Non, le capteur ne fait pas l?APN, mais il donne une bonne idée globale. A priori, nous nous attendions à un résultat moyen. Il a même été moins bon. Pixelisé, terne, sans détail, pas de piqué, luminosité mal gérée et... c'est flou. Il n'y a pas de mystère : sans autofocus, impossible de faire la mise au point sur un sujet, ni de régler de façon semi-automatique la sensibilité ISO en sélectionnant une zone.
Application photo
En 100%, cette photo prise avec le W757 est très pixélisée.
Des conditions de marché qui ont changé, surtout en low cost
En conclusion, difficile de trouver une seule vraie qualité à ce mobile, outre son prix public conseillé de 129 euros hors subvention. Mais le prix ne peut plus être le seul argument commercial, notamment quand la concurrence propose bien mieux à quelques euros de là. Si la construction, l'ergonomie de la surcouche et certaines qualités de l?écran sont correctes, elles ne sont pas innovantes et encore moins inoubliables. Quant à la plate-forme technique, elle est limitée et mal optimisée (la faute aussi à MediaTek). L?Acer Liquid Z5, qui propose le même chipset, offre une expérience plus fluide et plus riche (le bouton Acer Rapid, la suite de logiciels Acer, la surcouche Acer Float, etc.). Nous savons d'ores et déjà qu?Haier va bientôt commercialiser d'autres mobiles, et nous les attendons désormais pour faire la comparaison avec ce modèle.
Et si vous vous demandez si le W757, sur chipset MediaTek, reboot avec un SMS ne contenant que le signe égal, la réponse est oui...