Meizu, marque chinoise pleine d'entrain et d'ambition, nous a offert en début d'année un premier smartphone officiellement distribué dans l?hexagone : le MX3. Si le prix de vente, relativement élevé, nous avait quelque peu étonné, notamment vis-à-vis du prix pratiqué en Chine (avec ce que cela implique en terme d'importation, TVA comprise), nous avions alors été agréablement surpris par le smartphone lui même. Quelques petits soucis techniques (compatibilité de certains jeux) et de localisation nous avaient, à l?époque, empêchés d?être définitivement convaincus.
À l'annonce du MX4, nous avons donc espéré le voir en France et avoir l'opportunité de relever les modifications apportées à la formule. Notamment les améliorations, car la marge de progression n?était pas négligeable. Et force est de constater que les premiers pas avec le MX4 étaient très prometteurs. Le mobile est même franchement très bon.
Une très belle évolution du MX3
La première bonne nouvelle, c'est le prix : de 300 à 400 euros selon l'espace de stockage choisi. C'est déjà 50 euros de moins que le MX3, même dans sa version la plus chère. Voilà qui est appréciable. D'autant que, seconde bonne nouvelle la fiche technique est plutôt riche. Voyez plutôt :
- Écran IPS de 5,36 pouces signé Japan Display d'une définition de 1152 x 1920 pour une résolution de 418 pixels par pouce
- Protection d?écran Gorilla 3 de Corning
- Chipset MediaTek MT6595 octo-core composé de quatre coeurs Cortex-A15 cadencés à 2,2 GHz et de quatre coeurs Cortex A-7 cadencés 1,7 GHz
- GPU PowerVR série 6 (Rogue) G6200 MP4
- 2 Go de mémoire vive
- 16, 32 ou 64 Go de stockage interne (non extensible)
- Batterie : 3100 mAh (non amovible)
- Compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual-band, Bluetooth 4.0, GPS
- capteur photo principal Sony Exmor RS de 20,7 mégapixels filmant jusqu'en QHD à 30 images par seconde
- webcam 2 mégapixels à l'avant compatible Full HD
- Android 4.4.4 Kitkat customisé avec Flyme OS 4.0
- Épaisseur : 7,9 mm
- Poids : 147 grammes
De nombreux changements ont été apportés à ce MX4 vis-à-vis du MX3. D'abord, le système s'appuie sur une nouvelle version d'Android et de Flyme. Le chipset est largement plus nerveux, comme nous le verrons dans la partie dédiée, les deux capteurs photo ont été améliorés (même si la webcam n'est pas en mesure de rivaliser face aux « selfie phones »), la batterie augmente de 30 % et l?écran gagne 0,3 pouce pour une définition vraiment égale au Full HD (et non plus légèrement en dessous). La résolution reste identique.
Un design inspiré de Samsung ?
Mais les changements ne sont pas uniquement techniques. Le MX4 repose aussi sur un châssis assez différent de son prédécesseur, notamment dans les finitions. Exit le châssis exclusivement en polycarbonate. Nous retrouvons ici une coque en deux parties distinctes. Comme le Galaxy Note 4 et le Galaxy Alpha, le Meizu MX4 s'offre un contour métallique qui vient protéger les contours de l?écran tactile et les bords biseautés du smartphone.
Une plaque en plastique amovible a été placée à l'arrière pour faciliter l'accès à l'emplacement microSIM. Meizu n'a donc pas réitéré son système d'ouverture avec la petite clé en plastique pas très pratique. Vous remarquerez donc que le fabricant chinois a décidé de se faciliter la vie en n'optant pas pour une trappe microSIM sur les tranches. Une inspiration signée Samsung ?
Pour le reste, peu de changements. À l'avant, nous retrouvons toujours une grande dalle assez large et aux bords plutôt fins. Sous l?écran, la touche tactile ronde, sans les touches de navigation Android, intégrées à l'interface. À l'arrière, le capteur photo rond en haut, avec son flash true tone. Le micro secondaire pour la réduction de bruit n'est plus coincé entre le flash et le capteur photo, mais a été déplacé sur la tranche supérieure, entre le port jack 3,5 mm et le bouton de mise en marche.
De même, le haut-parleur n'est plus à l'arrière, en bas à droite, mais sur la tranche inférieure, à côté du port microUSB et de l'encoche pour ouvrir le capot. La tranche de droite est vierge, tandis que la tranche de gauche accueille les boutons de volume. Les constructeurs concurrents font l'inverse...
Une prise en main qualitative
La prise en main du MX4 est très proche des sensations offertes par le MX3, car le ratio de l?écran est similaire (et donc un peu plus large que d?habitude). Le fait que les tranches soient métalliques offre une bonne impression de solidité. Les boutons de volume sont facilement accessibles, ce qui n'est malheureusement plus le cas du bouton de mise en marche si vous êtes droitier.
L?écran est finalement très similaire à celui du MX3, peut-être un peu moins lumineux, aussi bien de face que sur les côtés. En revanche, la dalle reste parfaitement bien définie. Une résolution à 420 pixels par pouce est largement suffisante pour afficher convenablement les jeux, les images et l'interface Flyme OS. À l'image du OnePlus One, cet écran est protégé par un verre en aluminosilicate Gorilla 3 de Corning. La glisse offerte par cette dalle est excellente, comme toujours. Elle répond à toutes les sollicitations, même celles qui ont été un peu copiées de la concurrence : tapotez deux fois de suite et l?écran s'allume, comme chez Nokia ou LG...
Une interface améliorée...
Côté interface, nous sommes moins surpris qu'au premier test d'un smartphone Meizu. Même si une version de Flyme OS sépare le MX3 du MX4 (qui ici s'appuie sur un coeur KitKat), l'ambiance générale de la surcouche reste très similaire. Les icônes ont quelque peu évolué, adoptant un design très inspiré par LG Optimus UX, Google Materia Design et Apple Flat Design. La majorité des menus et des applications système diffèrent des versions « stock » d'Android. Et comme Infinix ou Huawei, Meizu a supprimé le menu « applications » pour le fusionner avec les bureaux.
Interface avec quelques éléments chinois qui apparaissent
Pas de certification Google ici, d'où l'absence de l'ensemble de la suite logicielle de la firme de Moutain View. Toutefois, le Play Store est préinstallé pour un accès facilité à la boutique de Google. Comme dans la version 3.0, Flyme OS 4.0 propose une boutique alternative d'applications, appelée AppCenter. Celle-ci est accompagnée d'une boutique de thèmes. Les deux fonctionnent avec un compte Flyme OS que vous pouvez facilement configurer à partir du mobile. Mais elles ne sont, à l?heure où nous écrivons ces lignes, pas encore localisées. Tout est en mandarin, des menus au titre des applications. Impossible de vraiment s'y retrouver.
D'excellentes idées dans les paramétrages de Flyme OS 4.0
... mais encore moins bien localisé
Mieux encore, les boutiques ont gardé le système de paiement typique de l?Empire du Milieu, à savoir un fonctionnement basé sur un porte-monnaie électronique rechargeable par carte bancaire ou via deux systèmes de paiement sur mobile : Alipay, le système vedette du groupe Alibaba, et TenPay, du groupe chinois Tencent. Et si vous choisissez de recharger par carte bancaire, seules les cartes émises par UnionPay (émetteur exclusif de cartes en Chine, mais présent en France) sont admises. Bref, c'est inutilisable.
Impossible pour un consommateur français de profiter pleinement d'AppCenter...
Dernier petit détail : au lancement de l?AppCenter, le système télécharge cinq applications en chinois, dont un petit jeu façon Candy Crush Saga. Ça nous change des bonbons, même si la barrière de la langue n'aide pas à comprendre toutes les subtilités du gameplay...
Des performances moins bonnes en graphisme
Pour le reste, le smartphone fonctionne agréablement bien. L'interface est fluide, comme nous l'avons évoqué précédemment et la disparition du menu application ne gêne pas (notamment si vous venez de l'iPhone, puisque le principe est le même). Il faut dire que la plate-forme technique qui soutient ce smartphone est particulièrement capable. Différents benchmarks ont évoqué des scores stratosphériques pour ce MX4 équipé d'un octo-core MediaTek, le MT6595.
Nous avons naturellement effectué nos propres tests et voici de quoi il en retourne. D'abord avec AnTuTu, notre exemplaire de test a réalisé un excellent score : 49 901 points. Les benchmarks n'ont donc pas menti. Il faut dire que les coeurs Cortex-A15 et A7 sont cadencés à une vitesse plus élevée que la moyenne. Ceci explique peut-être cela.
AnTuTu ne tient ici pas compte du profil énergétique (qu'il est possible de modifier dans les paramètres). Nous l'avons modifié pour passer sur le profil performant et le score a été moins bon. Le détail des résultats montre que ce sont les coeurs applicatifs qui parviennent à tirer leur épingle du jeu, et non le GPU. Notez aussi que les 2 Go de RAM n'ont pas eu d'incidence négative sur les scores, contrairement à d'autres flagships comme le G3 de LG.
Une meilleure compatibilité avec les jeux
Notre deuxième test, sur 3DMark confirme le bilan de AnTuTu : le PowerVR Rogue n'est pas aussi performant que les Adreno 420 et 330 par exemple des Snapdragon 805 et 801. Ici le GPU d?Imagination Technologies frôle les 16 000 points. Le Galaxy Note 4 dépasse les 20 000 points. De même pour le OnePlus One. En fait, il se place au même niveau que le Kirin 920 de HiSilicon et son Mali T628. Cela se confirme dans les jeux vidéo. Nous avons pu observer une certaine aisance pour les jeux simples et quelques saccades dans les titres les plus pointus, Dead Trigger 2, par exemple, lequel était compatible ici.
Dead Trigger 2 et Mini Gore 2
Lors de notre test du MX3, nous avions fait deux remarques. La première était une compatibilité générale incomplète vis-à-vis des jeux. Dead Trigger 2 ne fonctionnait pas et il y avait des bugs dans Mini Gore 2. Ces problèmes ont été résolus. Seconde remarque : compte tenu du curieux ratio des écrans chez Meizu, certaines applications affichaient des bandes noires. Aujourd?hui, ce n'est plus le cas. Du beau travail.
Un excellent lecteur multimédia
De l'excellent travail même quand nous en venons à la partie multimédia. Nous avons rarement vu un lecteur multimédia aussi capable que celui de Flyme OS et le MX4 ne déroge pas à la règle. Nos fichiers de tests sont tous passés. Mieux encore, les codecs audio (DTS et AC3) et les sous-titres, lesquels posent des difficultés aux concurrents, ont parfaitement été pris en charge. En outre, le nouvel emplacement du haut-parleur est clairement meilleur, même si cela reste perfectible.
Moins bluffant en photo
La photo enfin : nous avons eu deux bonnes surprises. La première est l'interface de l'application photo, non seulement assez bien pensée, mais également bourrée de petits réglages. Le réglage automatique est efficace. Le réglage manuel est complet, avec contrôle du fondu d'arrière-plan, du temps d'exposition, de la balance des blancs et de la sensibilité ISO. C'est étonnamment complet, plus complet encore que sur le MX3 que nous avions déjà apprécié sur ce point.
Le résultat est plutôt bon. Le capteur Sony Exmor RS 20,7 mégapixels offre des clichés qui profitent d'un excellent piqué et d'une belle résolution. Les couleurs sont respectées, mais les photos manquent clairement de contraste et de lumière. Nous attribuons cela à une gestion de l'exposition qui manque de nuance. Soit la scène est surexposée, soit elle est sous-exposée. Pas de juste milieu.
Photo prise avec le Meizu MX4
Un mobile complet, surprenant, mais perfectible
En conclusion, le MX4 est vraiment une très bonne proposition de la part de Meizu, notamment compte tenu d'un prix bien plus en phase à son segment de marché et à sa promesse, même si le constructeur chinois n?égale pas tout à fait son compatriote OnePlus. Le MX4 est d'ailleurs plus comparable au Honor 6 de Huawei, malgré des performances techniques de haute volée sur AnTuTu.
Vis-à-vis du MX3, le fossé avec le MX4 est considérable, que ce soit sur le plan technique, ergonomique ou multimédia. La construction plus aboutie et plus réfléchie, le système d'exploitation marqué et la fluidité de l'ensemble sont autant de points positifs. Cependant, la localisation du MX4 est encore moins bonne que celle de son prédécesseur. Ici, la boutique applicative est clairement inutilisable, que ce soit vis-à-vis des traductions, mais aussi des moyens de paiement acceptés. Alors que le smartphone est sorti en septembre, il parait même incroyable que deux mois plus tard, nous en soyons encore à ce point. Voilà qui est vraiment dommage.