La marque bq, souvent surnommée « le Wiko espagnol », bouscule les idées reçues dans son marché domestique où il est désormais le numéro 2 de l?Open market. Pour passer les Pyrénées, bq a constitué une gamme resserrée de produits dont le prix s?échelonne de 140 euros, pour le petit Aquaris E4, à 260 euros, pour l'emblématique Aquaris E5 HD, avec son écran Full HD de 5 pouces et son chipset MediaTek octo-core. Ce dernier a été, cet été, la meilleure vente hors opérateur en Espagne. Légèrement en dessous (230 euros), vous retrouvez l?Aquaris E5 4G, une déclinaison légèrement moins pourvue technologiquement, mais dotée d'un atout incontestable : une connexion 4G.
Cette caractéristique est servie par un chipset non plus MediaTek, mais Qualcomm. Il s'agit du Snapdragon 410, un quad-core 64-bit Cortex A53 cadencé à 1,2 GHz accompagné d'un GPU Adreno 306. Ce chipset est encore assez rare sur le marché français, mais devrait se généraliser très rapidement grâce à Alcatel, Huawei, Samsung, LG ou HTC. Voici en détail le reste de la fiche technique :
- Écran IPS 720p de 5 pouces (résolution de 293 points par pouce), rétro éclairage Quantum Color +
- Chipset Qualcomm Snapdragon 410 MSM8916 cadencé à 1,2 GHz
- GPU Adreno 306
- 1 Go de mémoire vive
- 16 Go de stockage interne, extensible par microSD
- batterie 2850 mAh non amovible
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS
- capeur Sony Exmor RS IMX214 rétroéclairé de 13 mégapixels, objectif ouvrant à f/1.4, compatible Full HD en vidéo
- webcam 5 mégapixels avec objectif ouvrant à f/2.2
- compatible Dolby Digital
- double port carte SIM
- Android 4.4.4 Kitkat sans surcouche
- poids : 139 grammes
- épaisseur : 8,7 mm
Vous remarquerez que cette fiche technique est assez proche des plates-formes 4G autour des 200 euros avec Snapdragon 400. Nous comparerons les résultats obtenus aux différents benchmarks par l?Aquaris E5 4G avec ceux du Wax, du Soshphone et du Moto G 4G, trois références dans le domaine. Et tous trois offrant également un écran 5 pouces 720p. Sur un Android KitKat 4.4, lequel ne tire pas vraiment parti des chipsets 64-bit, nous verrons quel est l'atout du Snapdragon 410.
Un design solide, mais manquant de finesse
Commençons ce tour du propriétaire par le design. Chacun ses goûts, naturellement, mais ce n'est pas le point fort de l?Aquaris. Ressemblant à certains modèles proposés par des ODM chinois, il est assez épais et carré. Du bon côté, cela offre une impression de solidité à l'ensemble. Du mauvais côté, cela montre un aspect grossier, ce qui est dommage compte tenu de la nature unibody du design.
De face le smartphone ressemble à beaucoup d'autres : une grande dalle tactile entourée de bordure assez large sur les côtés. Au-dessus, vous retrouvez les éléments attendus (Webcam, écouteur téléphonique, capteurs variés, diode de notification). En dessous se trouve un pavé tactile avec des touches de navigation d'Android légèrement remaniées (surtout la touche retour). Le dos du mobile est lui aussi assez classique. Le capteur photo et son double flash dans le coin en haut à gauche. La marque en plastique brillant au centre. Notez que la coque, elle, est en plastique mat. Une très bonne idée pour éviter les traces de doigts.
Un écran qui n'est pas protégé par la coque
Sur la tranche de gauche se trouvent les deux trappes pour les cartes SIM. Sur celle de droite, les boutons matériels traditionnels. En haut, une troisième trappe pour la carte mémoire à côté du jack 3,5 mm. En bas, un double haut-parleur stéréo entourant le port microUSB. La présence deux haut-parleurs est une très bonne idée (adoptée aussi par Apple ou onePlus), pour offrir une bonne puissance sonore. D'autant que le mobile est certifié Dolby. Vous remarquerez aussi que la coque arrière du mobile est légèrement plus large que l?écran et qu'elle ne protège pas ce dernier. Nous n'avons pas testé, mais nous pensons que ce design-là vulnérabilise le mobile s'il tombe mal, puisque la dalle est en première ligne vis-à-vis du sol.
Compte tenu de sa compacité relativement faible, le smartphone est assez gros une fois dans la main. Par rapport à un Highway 4G, dont la taille d?écran est la même, le mobile fait plus massif. L'impression est presque équivalente à celle du Moto X 2e gen. Cependant, il reste parfaitement utilisable à une main, les boutons matériels étant à portée du pouce (pour les droitiers). La dalle tactile glisse très bien et la navigation dans le système est fluide. Une prise en main donc bonne, malgré une première impression mitigée.
Un écran qui illumine les yeux
Quant à l?écran, il est effectivement surprenant. Lors de la présentation du mobile à Madrid, bq a largement insisté sur le choix de la technologie qui illumine la dalle : Quantum Color +. Peu d'informations sur les origines de cette technologie (peut-être avec les écrans 3M), mais bq estime que le gain de cette technologie est d'offrir des rouges et des verts plus profond pour atteindre les 90% de la gamme colorimétrique NTSC. Le résultat est comparable à un écran Amoled de Samsung : une saturation des couleurs pour un effet « wahou » immédiat. De plus, la luminosité de l?écran est vraiment forte, offrant une visibilité optimale, même si le réglage automatique est actif. Deux conséquences : les angles de vue sont très ouverts, mais le contraste en pâtit légèrement.
Au lancement du système, nous retrouvons un Android quasiment stock, ici en version KitKat 4.4.4. En cherchant bien les changements apportés à bq, nous n'avons trouvé que quelques applications additionnelles. Et, d'une certaine manière, tant mieux ! Certains apprécient les surcouches qui cachent totalement l'expérience Android pour en imposer une autre, alors que l'interface des Nexus est certainement la plus légère, la plus fluide et la plus efficace. Ici, c'est sobre, mais accessible.
Accueil et menu des paramétrages rapides
Un peu d'auto-promotion à la Samsung
Six petits changements et améliorations ont été apportés par bq. Les deux premiers sont accessibles dès l?écran d'accueil du mobile : l'application grise, estampillée « bq » en bas à gauche, et l'autre application « bq » colorée, entre Google Maps et Play Store. La première est simplement un habillage du navigateur Chrome. Un doublon en quelque sorte qui vous emmène directement sur le site officiel de la marque. Le second est déjà plus intéressant : il s'agit d'une application pour souscrire auprès de bq à une assurance tous risques (bris, chocs, chutes, humidité, vol) pour le mobile. Pour 30 euros par an, l'assurance couvre un sinistre par an. Amusante cette propension à mettre ses services en avant...
Assurance tout risque, Nubico et page d'accueil bq avec Chrome
Pour trouver la troisième modification, ouvrez le centre de notification, puis passez sur l?écran des paramétrages rapides. Vous arrivez sur le menu par défaut le plus complet jamais vu sur un smartphone (scrollez vers le bas pour en voir d'autres !). Grâce à l'icône représentant un stylet, vous entrez en mode « modification » pour enlever ou ajouter des items.
Des applications pas toujours très utiles
Passez ensuite dans le menu application. Vous tombez sur trois applications qui ne sont habituellement pas présentes. ES3, tout d'abord, le fameux explorateur de fichier que nous avons rencontré dans l?Essentiel b Connect 501 de Boulanger. Un excellent explorateur qui va également chercher des contenus sur vos espaces de stockage en ligne. Le second est Dolby. Il s'agit de l?égaliseur accompagnant la certification éponyme. Grâce à lui, vous activez et personnalisez la spatialisation du son émanant des deux haut-parleurs. Et l'effet est surprenant de puissance.
EC3 et Quickoffice
Dernier intrus : Nubico. Cette application n'intéressera pas les Français. Il s'agit d'une bibliothèque espagnole dématérialisée accessible via un abonnement premium. bq a négocié un accès premium d'un mois avec Nubico pour l'achat d'un smartphone. Cela servira peut-être aux hispanophones (et encore, ce n'est pas sûr, si les DRM sont géolocalisés). Finissons ce tour d?horizon des applications en signalant la présence de la suite QuickOffice qui a pourtant été supprimé par Google pour être remplacée par Docs, Sheets et Slides. Les fonctions sont les mêmes.
Un système plus fluide que le Snapdragon 400...
Grâce à l'absence de surcouche, le système est extrêmement fluide. Une efficacité très appréciable qui n'est pas due uniquement à l'optimisation logicielle, mais également à la présence d'un quad-core 64-bit signé Qualcomm. Nous avons évidemment fait passer quelques tests techniques à cet Aquaris E5 4G. Il obtient 19 173 points sur AnTuTu, confirmant que le composant est positionné en bas du coeur de gamme. Il surclasse donc les Snapdragon 400 cadencés à la même fréquence.
Quelques éléments de comparaison (avec des plates-formes dotées des mêmes écran, résolution et RAM). Les G3s de LG, Moto G 2e génération et Moto G 4G de Motorola et le Soshphone 4G de ZTE obtiennent respectivement 17 223 points, 17 051 points, 17 753 points et 16 336 points. Finissons avec le Wax de Wiko et son Tegra 4i : il atteint 26 557 points. Il surclasse les autres, ce qui est assez logique compte tenu du chipset.
... mais qui manque de pêche dans les jeux
Sur 3DMark, L?Aquaris A5 5G obtient 4933 points, effleurant les 5000 points. la différence entre l?Adreno 306 du Snapdragon 410 et l?Adreno 305 du Snapdragon 400 est significative, mais pas considérable : 300 points environ (4656 points pour le Moto G 2e gen, 4620 points pour le G3s). Le Tegra 4i double le score et dépasse les 10 000 points. En jeu vidéo, les capacités réelles du Snapdragion 410 sont comparables à celles du Snapdragon 400. Quelques ralentissements avec Dead Trigger 2, des temps de chargement un peu longs, rien de bien méchant, mais les gamers n'apprécieront peut-être pas.
En vidéo, les belles couleurs légèrement saturées du smartphone mettent en valeur l'usage audiovisuel du smartphone. Regarder un film ou une série sur ce mobile est agréable à la vue. En revanche, le lecteur par défaut de KitKat (héritage d?Ice Cream Sadnwich et Jelly Bean) se révèle une fois encore être une catastrophe, n?étant même pas en mesure de décoder le flux Dolby, alors que le mobile est censé être compatible. Jetez-vous sur MXPlayer ou VLC pour profiter d'un bon lecteur.
Agréablement surprenant en photo
En photo, nous avons été doublement surpris. D'abord, nous avons apprécié les changements apportés sur l'application photo. Moins minimaliste que celle d'Android « stock » et celle des Nexus, sans être aussi complète que celle de Sony, l'interface offerte par l?Aquaris offre des paramétrages fins que nous ne voyons pas habituellement : saturation, contraste, netteté viennent s'ajouter la sensibilité ISO et la balance des blancs. Et pourtant, l'ergonomie générale est celle d'Android « stock ».
Le résultat offert par le capteur 13 mégapixels signé Sony est assez bon. Dans le cliché ci-dessous, les nuages sont bien dessinés, tandis que les zones plus sombres, en contrebas, restent visibles. Un bon contraste donc, et une bonne gestion de la luminosité. La majorité des smartphones à 200 euros et moins n'arrivent pas à offrir de telles prises de vue. Tirant légèrement vers le rouge au niveau des couleurs, avec un peu de bruit général, vous apercevez également quelques aberrations dans les coins. Cela manque de piqué, mais le résultat est vraiment bon.
Photo réalisée avec l'Aquaris E5 4G de bq
Une proposition équilibrée...
En conclusion, l?Aquaris E5 4G est une étonnante proposition. S'il n'est pas irréprochable, le smartphone est une très bonne alternative à toutes les propositions 4G sous Snapdragon 400, car même si elle est plus chère, le gain est assez important pour justifier, en partie la différence de prix. Qu'il s'agisse de son écran lumineux et (sur)chargé de couleurs. Qu'il s'agisse de son appareil photo 13 mégapixels aux résultats très corrects et à l?étonnante complétude de son application. Ou qu'il s'agisse du gain (léger, mais quand même) de performance, malgré une configuration (1 Go de RAM, Android Kitkat) qui n'est pas faite pour mettre en avant l'architecture 64-bit. Face à Motorola et ses Moto G (les trois modèles), bq réalise offre une meilleure copie.
... mais qui manque du panache d'un toréador face à Wiko
Seulement, bq se doit d?être comparé à Wiko. Parce que l'ascension des deux entreprises est similaire, sans parler de leur positionnement quasi identique. Et un smartphone 4G à 200 euros, chez Wiko, il y a le Wax. Et le Wax, grâce au Tegra 4i, surclasse largement l?Aquaris E5 4G, aussi bien sur AnTuTu que 3DMark. Naturellement, le GPU y est pour quelque chose. L?écran est plus petit (mais la définition est égale). Et le capteur photo est un 8 mégapixels. Mais La différence de prix est de 50 euros, ce qui est considérable sur le segment des mobiles à 200 euros.
Bien sûr, nous aurions pu comparer l?Aquaris E5 4G au Highway 4G, l'autre grand smartphone LTE de Wiko, vendu 280 euros. Mais les 50 euros supplémentaires du Highway 4G se justifient amplement : le meilleur Tegra 4i, capteur photo 16 mégapixels, écran Full HD (pour la même taille) et un verre Gorilla 2 de Corning à l'avant et à l'arrière. La différence entre le Highway 4G et l?Aquaris est plus importante qu'entre le Wax et l?Aquaris. En France, il en faudra donc peut-être un peu plus pour aller chercher Wiko...