Après avoir longtemps insisté auprès de Samsung pour réaliser ce test, nous avions presque abandonné l'idée d'offrir un peu plus d'espace médiatique à cette phablette atypique. D'autant qu'il était presque question de ne pas commercialiser le cousin germain du Galaxy Note 4 présenté à l'IFA et testé dans nos colonnes en novembre dernier. Compte tenu de ces quelques difficultés, nous n'avons donc pas boudé notre plaisir quand la filiale française du constructeur a enfin accepté de nous prêter un exemplaire. Et autant vous le dire tout de suite, nous avons retrouvé avec le Galaxy Note Edge toute l'audace de Samsung.
Car, au-delà de la particularité physique du Note Edge, cet écran incurvé qui couvre quasiment tout un côté du smartphone, nous avons également expérimenté une prise en main légèrement différente des habitudes. Et c'est évidemment cette différence qui apporte une prise en main plus complète, plus interactive, plus éclairée du smartphone. Cet espace tactile en plus sert beaucoup. Et nous consacrerons une partie de ce test à cette bordure et ses caractéristiques. Mais avant tout, passons au stand technique pour savoir de quoi est faite la bête :
- Écran Super Amoled incurvé de 5,6 pouces avec définition de 1600 x 2500 pixels pour une résolution de 524 points par pouce
- Verre de protection Gorilla Glass 3
- Dimension : 151,3 x 82,4 x 8,3 mm pour un ratio-écran/taille de 77,2 %
- Chipset Qualcomm Snapdragon 805 quad-core Krait 450 cadencé à 2,7 GHz
- GPU Adreno 420 cadencé à 600 MHz
- 3 Go de mémoire vive
- 32 à 64 Go de stockage interne (extensible par microSD)
- Capteur photo 16 mégapixels compatible 4K en vidéo, mode slow-motion à 720p en 120 images par seconde, stabilisateur optique d'image
- Webcam 3,7 mégapixels compatible 2K en vidéo avec optique ouvrant à f/1.9
- Compatible LTE catégorie 6, Bluetooth 4.1 (BLE et ANT+), WiFi ac MiMo, GPS Glonass, NFC, infrarouge
- cardiofréquencemètre, baromètre, compas, gyroscope, capteur UV, lecteur d'empreinte
- Stylet S-Pen intégré
- Batterie 3000 mAh compatible Quick Charge 2.0
- Android 4.4.4 KitKat avec surcouche Touchwiz pour Galaxy Note
- Poids : 174 grammes
Nous retrouvons ici l'exacte plate-forme du Galaxy Note 4, avec deux petites exceptions. D'abord la taille de l?écran qui passe de 5,7 à 5,6 pouces. Si le ratio original était conservé, le Edge disposerait d'un écran de 5,5 pouces. Ce qui a une incidence sur la résolution de l?écran qui passe de 515 à 524 points par pouce. Ensuite, la batterie perd 7 % de puissance. Ce qui pourrait grever en autonomie. Cependant, l?écran étant légèrement plus petit, cela pourrait s?équilibrer. Le Note Edge est aussi légèrement plus court sur patte de 2 mm, plus large de 3,5 mm, plus fin de 0,2 mm et légèrement moins lourd de 2 grammes.
Le détail qui aurait pu ne rien changer...
Visuellement, ce changement de ratio d?écran paraît plus important que sur la fiche technique. La dalle est vraiment beaucoup plus large. L?écran gagne 10 % en largeur grâce à la bordure. De face, le smartphone ressemble beaucoup au Note 4, à l'exception du côté droit. L?écouteur téléphonique est toujours souligné du logo de la firme coréenne et placé à gauche des différents capteurs habituels et la webcam. Les bordures autour de l?écran sont toujours plus fines que précédemment et les touches tactiles de navigation encerclent toujours le bouton matériel standard qui cache le lecteur d'empreinte.
À l'arrière, même chose : outre le côté où l?écran est incurvé, la ressemblance avec le Note 4 est frappante. L'organisation des éléments (APN, capteur cardio, haut-parleurs, flash, logo Samsung) est la même, ainsi que l'effet faux cuir de la coque détachable. Car, oui, la coque en polycarbonate que nous aimons tant est toujours détachable. Vous retrouvez dessous l'accès à l'emplacement microSIM, au port microSD et à la batterie amovible (autant qu'il y ait un avantage...). Contrairement au Galaxy S5, le Note Edge et le Note 4 ne sont pas étanches.
Les tranches restent sensiblement les mêmes, avec un contour métallique qui borde l?écran dans son ensemble. À gauche, vous retrouvez le contrôle du volume. En haut, le port jack 3,5 mm et le bouton de mise en marche (puisqu'il n'est pas possible de le mettre à droite). En bas le port micro USB et le stylet. Ce dernier est le même que sur le Note 4. À droite, l?écran suit une belle courbure qui vient quasiment toucher la partie arrière du smartphone. La bordure entre l?écran et la coque arrière est vraiment fine. Samsung a réussi ici une vraie prouesse de design.
... mais qui change tout !
La prise en main du smartphone est très différente du Note 4. Pour deux raisons. D'abord, le mobile est légèrement moins haut et plus large. Atteindre avec le pouce droit le coin supérieur gauche est tout aussi difficile, mais le coin supérieur droit est plus facile à accéder. Seconde raison, de nouvelles interactions apparaissent sur la bande incurvée de l?écran. Et cela change beaucoup de choses, comme nous le verrons tout au long du test. Sachez que, grâce à des bordures restreintes, le smartphone parvient encore à entrer dans la poche d'un jean. Attention toutefois aux poches arrières...
L?écran du smartphone repose sur la même technologie que la totalité des modèles haut de gamme de Samsung : le Super AMOLED. Comme toujours, cette technologie apporte à l?écran des couleurs vives, des noirs profonds et des taux de contraste élevés. Les angles de vision sont toujours très ouverts, surtout sur le côté droit, évidemment. Nous irions même jusqu?à dire que la dalle du Note Edge est peut-être légèrement supérieure à celle du Note 4. Et naturellement, la surface tactile répond instantanément. Les petits ralentissements dont nous avions l?habitude jusqu'au Galaxy S4 sont définitivement enterrés dans le haut de gamme. Et c'est tant mieux.
Touchwiz plus intelligent sur les bords
Au lancement du smartphone, nous retrouvons pratiquement la même surcouche que celle du Note 4. Cependant, vous remarquerez rapidement quelques changements dans l'organisation de l?écran d'accueil. La barre Google est maintenant en bas. Les raccourcis rapides (téléphone, contacts, messages, Internet) ont disparu, de même que les icônes des applications habituellement en première ligne (Play Store, Appareil Photo, Email et le dossier Google). L'icône du téléphone est reléguée en bas à gauche. Celle du menu des applications à son opposé.
Interface du Note Edge, avec la barre latérale avec les notifications (à gauche) et les raccourcis
Mais où sont passés les raccourcis habituels (qui font partie de l'expérience classique de la téléphonie) ? Ils sont sur la partie Edge de l?écran. Et petite surprise, vous avez désormais la place d'en placer plus encore, car la barre des raccourcis est extensible : glissez vers le haut ou le bas pour en découvrir d'autres. La petite étoile tout en haut sert à en rajouter d'autres.
Allons plus en avant dans la découverte de cette barre latérale. Quand elle n'est pas utilisée, elle affiche quelques mots qu'il est possible de personnaliser (comme ici « LesMobiles.com »). La phrase est différente selon l?état de l'appareil, en veille ou en fonctionnement. Quand le mobile est déverrouillé, elle affiche en temps réel les dernières notifications qu'il est possible de masquer. Quand le Note Edge est verrouillé, elle offre aussi un accès aux mêmes raccourcis : touchez l'un d'entre eux et glissez vers l?écran principal pour débloquer le Note Edge et ouvrir l'application sélectionnée.
Application de la barre, décimètre Edge et activation de l'hologe nocturne
Autre usage : glissez vers la droite et la gauche pour accédez à différentes barres d'outils dont certaines sont développées avec des partenaires (comme Yahoo). Toutes ont une utilité : nous avons installé celle qui affiche la météo et les notifications. Mais il en existe une dizaine d'autres préinstallées et plus encore sur le Samsung Galaxy Store.
Des usages multipliés grâce aux barres d'outils
Quand les raccourcis sont affichés, vous trouverez deux autres icônes importantes. En bas, une flèche vers le haut qui, si elle est tirée, affiche une roue pour accéder aux réglages de la barre latérale. Ici, il est possible d'installer des panneaux, de changer le texte, d'activer l?horloge nocturne, etc. Le mode gaucher est accessible de cet endroit. En haut se trouvent deux barres horizontales. Si vous tirez ces deux barres vers le bas, vous affichez cinq icônes qui sont les applications dédiées à l?écran Edge : un décimètre, un chronomètre, un interrupteur pour la lampe torche, un dictaphone.
Paramètre du texte personnalisé, des raccourcis et des barres d'outils (appelées Panneaux)
L'usage de cette barre est ici très pratique, mais ne diffère pas d'un écran secondaire. Mais nous sommes allés un peu plus loin. Sur le Samsung Galaxy Apps, vous trouverez des applications développées majoritairement par Samsung pour utiliser la barre latérale. Nous avons naturellement téléchargé un jeu : Extreme Racing. Ici, l'usage est encore assez simple, puisque la barre latérale sert à afficher des informations complémentaires. Mais cette barre est clairement capable d'offrir une prise en main inédite et innovante, comme nous le verrons en vidéo et en photo à la fin de ce test.
Extreme Racing
Des performances proches du Galaxy Note 4
Pour le reste, inutile d'entrer dans le détail, le Note Edge étant aussi un Note. Toutes les initiatives prises sur le Note 4 sont donc présentes, qu'il s'agisse de l'interface, du stylet ou des applications. Nous vous invitons à lire notre test du Note 4 pour vous familiariser avec elles.
AnTuTu et 3DMark
Techniquement, le Note Edge est quasiment aussi performant que le Note 4. Sur la dernière version du benchmark AnTuTu, ce cousin germain obtient 49 046 points, alors que le Note 4 parvient à 47 964 points. À titre de comparaison, le Nexus 6 obtient 49 722 points. Le Snapdragon 805 obtient donc un meilleur score ici, pour une raison qui nous est inconnue. Nous pensons que le Note 4 était plus chargé en applications natives que ne l'est le Note Edge. Ce qui serait confirmé par le Nexus 6 dont la légèreté de la surcouche est légendaire.
Sur 3DMark, Le Note Edge atteint les 19 414 points et ne parvient donc pas à dépasser les 20 000 points, ce qui est étonnant de la part de l?Adreno 420. Le Note 4 et le Nexus 6 obtiennent pour leurs parts, respectivement, 20 248 points et 23 062 points. Le Note Edge est donc légèrement en dessous. La gestion de l?écran secondaire est-elle en cause ? Nous ne pensons pas, même si tout porte à croire que oui. Nouveauté dans nos tests, nous avons lancé le Video Tester d'AnTuTu. Le Note Edge obtient la note 492 points, avec quelques défauts au niveau des codecs audio, mais un décodage des fichiers 4K. Nous ne manquerons pas de comparer ce score aux prochains smartphones haut de gamme qui passeront entre nos mains.
Une barre latérale pratique en multimédia
Le score sur 3DMark est peut-être légèrement décevant, mais le comportement en multimédia du Note Edge est tout simplement excellent. Dead Trigger 2, notre jeu test, est beaucoup plus fluide ici que dans de nombreux smartphones. Peut-être même un peu trop parfois, augmentant sensiblement la rapidité du jeu. Extreme Racing s'est trouvé également être un très bon exemple pour tester la performance du mobile. Notamment l'autonomie que nous trouvons un petit peu juste si vous sollicitez le smartphone en continu.
Dead Trigger 2
En vidéo, nous avons été agréablement surpris, malgré l'absence de nombreux codecs audio relativement courants, comme l?AAC, l?AC3 et le DTS. Le lecteur par défaut décode les fichiers MKV, AVC HD (jusqu'en 1080p) et affiche les sous-titres encapsulés. Cela était déjà le cas avec le Note 4, mais ce n'est pas si courant. Enfin, petite touche « Edge » : les touches de contrôle du lecteur vidéo (et audio) sont déportées sur la partie incurvée de l?écran. C'est top. Naturellement, la qualité de l'écran joue beaucoup dans cette particulièrement bonne impression.
Photo : on prend les mêmes et on recommence
Même constat en photo : l'application dédiée utilise intelligemment la barre latérale où sont situés le déclencheur et quelques réglages rapides. Et si vous souhaitez accéder à l'ensemble des réglages, le menu s'ouvre avec la roue. C'est très pratique. Pour le reste, ici aussi, reportez-vous au Note 4, car les fonctions intégrées sont les mêmes.
Application photo du Note Edge
Même application et même capteur 16 mégapixels avec stabilisateur optique d'image. Nous sommes ici aussi en terrain connu. Le résultat est donc bon, sans aucun flou désagréable, avec beaucoup de détail et même du piqué. Cependant, le résultat est comme toujours plutôt décevant pour un smartphone haut de gamme. Les couleurs restent ternes et le contraste lissé. La luminosité de la scène est uniforme et plutôt bien gérée, au détriment des espaces plus clairs. Résultat : les nuages dans le ciel ne sont pas dessinés. Espérons que le Galaxy S6 saura corriger cela.
Photo prise avec le Galaxy Note Edge
De l'audace et de l'intelligence et de l'innovation
Si ce test se termine sur la seule facette du smartphone qui manque d'excellence, le Note Edge est clairement une superbe surprise. Nous ne sommes toujours pas fans de la coque en plastique amovible et préférons les matériaux plus nobles dans un modèle haut de gamme, mais l'audace du Note Edge parvient à effacer ce sentiment. Car, oui, c'est de l'audace... et un pied de nez à tous ceux qui pensent que Samsung est devenu incapable de créer la surprise.
Maîtrisé, l?écran incurvé du Galaxy Note Edge apporte une nouvelle dimension à la prise en main de Touchwiz, que ce soit avec ou sans S-Pen. L'idée de déporter certaines commandes et les notifications dans cet espace facile à atteindre avec le pouce de la main droite (les gauchers devront s'adapter ou retourner le mobile avec l'inconvénient de se retrouver avec l?écouteur téléphonique en bas) est excellente. Les barres d'outils à installer et accessibles d'un glissement latéral sont également une riche innovation.
Évidemment, les riches idées de Samsung ont un coût. 850 euros en version 32 Go et hors subvention opérateur, soit 100 euros plus cher que le Note 4. À partir de 350 euros avec un forfait et un engagement 24 mois. Le smartphone est clairement trop onéreux compte tenu des standards actuels. Mais techniquement et ergonomiquement, il change vraiment la donne. Reste à le démocratiser.