Cet été, un nouvel acteur a débarqué en France : Wileyfox. Originaire du Royaume-Uni, ce constructeur encore confidentiel présentait alors deux mobiles : le Swift, un modèle plutôt économique, et le Storm, qui se positionne davantage sur le milieu de gamme abordable. Lors de cette présentation initiale, nous avions remarqué quelques similitudes avec la stratégie de OnePlus, la start-up de Carl Pei qui s'est fait connaître l'année dernière grâce à son « Flagship Killer » (et dont nous avons testé le remplaçant il y a deux mois). Une similitude qui s'exprimait d'abord par le ton de sa communication institutionnelle et commerciale : prix attractif, rapport qualité-prix, canal de distribution uniquement en ligne.
Une stratégie copier-coller ?
Mais ce n?était pas le seul point commun. Les produits aussi s'inspiraient visiblement du OnePlus One : coloris Sandstone Black et ROM Cyanogen OS. Des choix intéressants. Mais un peu copié quand même. Il n'en fallait pas plus pour attiser notre curiosité. Voici donc le Swift en test dans notre rédaction et notre intuition ne nous a pas trompés : une fois en main, le Wileyfox singe beaucoup le Flagship Killer. Reste à savoir à quel point. C'est ce que nous allons découvrir tout au long de notre test. En attendant, voici les détails de la fiche technique :
- dimensions : 141,1 x 71 x 9,4 mm
- poids : 135 grammes
- écran LCD 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce)
- protection de l?écran Corning Gorilla Glass 3
- chipset Qualcomm Snapdragon 410 quad-core Cortex-A53 cadencés à 1,2 GHz
- GPU Adreno 306
- 2 Go de mémoire vive
- 16 de stockage interne (extensibles par microSD)
- batterie de 2500 mAh (amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), Radio FM
- dual SIM
- capteur photo rétroéclairé 13 mégapixels Samsung ISOCELL S5K3M2 avec double flash LED. Compatible Full HD en vidéo
- webcam 5 mégapixels
- CyanogenOS 12.1 (sur une base Android 5.1.1 Lollipop)
Le Swift est un smartphone vendu 179 euros hors subvention. Il n'est plus rare de trouver des mobiles vendus sous la barre des 200 euros et avec une telle configuration. En fait, nous serions peut-être même déçus de ne voir qu'un Snapdragon 410, que nous retrouvons même dans certains mobiles 4G premier prix. Cependant, nous sommes ravis de constater que Wileyfox ne lésine pas sur la protection de l?écran, avec Corning Gorilla 3. Cela rattrapera un petit manque d'ambition sur la plate-forme qui dénote face à celle de OnePlus. Et nous verrons que, côté performances, l'apport de Cyanogen n'est pas négligeable.
Une inspiration marquée
Ergonomiquement, en revanche, la ressemblance est assez frappante. Le petit smartphone reprend certains codes du Flagship Killer de façon évidente. Cela commence naturellement avec la coque arrière du produit avec cette texture légèrement granuleuse. Chez OnePlus, cela s'appelle Sandstone Black. Comme chez Wileyswift (traduit en français en « Grès noir »). Cette coque en polycarbonate très douce au toucher recouvre, comme le Flagship Killer la moitié des tranches, le reste étant dévolu en partie au châssis du mobile et à l?épaisseur de la protection de l?écran.
Autre point commun : le design des tranches. Comme le OnePlusOne, le design au dos est légèrement recourbé, un arc de cercle qui s?étend sur les tranches supérieures et inférieures. Cette dernière intègre une grille de haut-parleur divisée en deux parties par le port microUSB. Devinez comme qui ? Il y a quand même quelques différences significatives avec le OnePlus One. Si ce dernier adopte une répartition de ses boutons physiques typique des petits smartphones, le Swift fait tout l'inverse : il réunit les boutons physiques sur la tranche de droite, laissant la tranche de gauche totalement vierge.
Pas de tiroir ici pour la carte SIM ou la carte mémoire : la coque est amovible, tout comme la batterie. Une autre différence avec le OnePlus One. En enlevant la coque vous accédez aux trois ports SIM et microSD. Enfin, dernière différence notable, outre le design et le positionnement du capteur photo principal (ici rond avec une protection striée dont le liseré orange rappelle la couleur de la marque), le Swift abandonne totalement le pavé tactile sous l?écran. Vous auriez peut-être pu penser qu'il y en avait une, compte tenu de l?énorme bordure qui souligne la dalle tactile, mais non. Il n'y en a pas. Vous noterez au passage que les bordures sont assez épaisses sur les quatre côtés de l'affichage.
De bonnes sensations une fois en main
Lors de la première prise en main, nous avons été stupéfaits de la ressemblance du Swift avec le OnePlus One, au moins au niveau de la sensation de cette coque granuleuse et douce. D'autant que la construction est aussi bonne, dans un cas comme dans l'autre. Une fois passée cette première surprise, nous avons évidemment constaté les différences, notamment sur les dimensions du terminal et sur la qualité des composants. Car, si la première approche nous rappelle celle du Flagship Killer, une manipulation plus longue nous ramène sur le plancher des vaches. Et plus concrètement sur le segment entrée de gamme où le Gorilla Glass n'est certes pas majoritairement présent, mais où la qualité des matériaux n'est pas tout à fait la même que sur le milieu de gamme où régnait le OnePlus One.
L?écran, quant à lui, est d'assez bonne facture, malgré une résolution sous la limite de visibilité (la fameuse résolution Retina d'Apple). La dalle est lumineuse, les couleurs sont bonnes, le contraste profond et les angles de vision bien larges, aussi bien latéralement que verticalement. Ce n'est pas le meilleur écran du monde, mais il fait « le job ». La dalle Gorilla, une fois encore, est un atout considérable : elle protège l?écran tout en offrant une glisse parfaite et du répondant. C'est l'un des atouts de ce smartphone économique.
Cyanogen OS tout simplement ?
Une fois allumé, le smartphone propose CyanogenOS, ici en version 12.1 sur une base Android 5.1.1 Lollipop. Encore un élément à rapprocher de notre comparatif entre un hypothétique OnePlus One « lite » et ce Swift. Nous retrouvons donc Trebuchet, esthétiquement toujours assez proche d'Android AOSP, et toutes les applications qui ont fait le succès de cette ROM alternative sur la scène underground d'Android. La version 12.1 propose un lanceur d'application avec classement alphabétique automatique (qui rappelle le classement des contacts dans l'iPhone).
Sur le panneau d'accueil, Cyanogen a placé un dossier Google avec une poignée d'applications de la firme de Mountain View (Search, Chrome, Gmail, Maps, Youtube, Drive, Hangouts, Photos et Actualités), un dossier Play (avec Musique et Films, mais pas Jeux, ni , un accès direct à la gestion des thèmes (dont celui de Wileyfox, mais vous pouvez sélectionner aussi celui de Cyanogen « stock ») et le Play Store. À propos de ce dernier, son comportement nous fait clairement douter de la certification Google de ce produit : en effet, la boutique applicative a refusé de nous proposer les mises à jour des applications déjà installées. Il nous a donc fallu les chercher manuellement. Ce qui n'est évidemment pas une bonne nouvelle. Espérons qu'une mise à jour de Cyanogen corrigera cela. Sur un second écran, Cyanogen a disposé Galerie, AudioFX, Paramètres et un client mail développé par Boxer.
L'intérêt de Cyanogen vis-à-vis d'Android AOSP, c'est surtout les applications customisées du développeur. Sa Galerie, plus ergonomique. Son appareil photo un peu plus fonctionnel. Son navigateur web, plus réactif. Ses options de customisation plus poussées. Son explorateur de fichier puissant (et compatible avec les serveurs réseau). Son égaliseur audio bien pensé. Et une relative absence d'applications inutiles. Grâce au fameux partenariat avec Microsoft, Cyanogen a placé Bing en tant que moteur de recherche par défaut du navigateur Web (lequel peut-être désinstallé, contrairement à Chrome qui ne peut-être que désactivé). L'ensemble est très cohérent, comme toujours, même si Cyanogen a bloqué (par défaut, mais cela se débloque facilement) la possibilité de choisir le profil de performance du chipset. Et le poids de l'ensemble reste raisonnable, puisque, sur les 16 Go théoriques annoncés, il en reste, en pratique, 12 Go pour l'utilisateur. Nous avons largement vu pire ces derniers mois.
Des optimisations qui se ressentent
Malgré la présence du vieillissant Snapdragon 410, le Swift est un mobile assez réactif. Il s'avère même être l'un des meilleurs de cette catégorie des smartphones HD et 4G vendus sous la barre des 200 euros : bravo Cyanogen ! Les tests montrent que le chipset parvient à obtenir des scores dans la tranche haute des capacités du quad-core low-cost de Qualcomm, et parfois même au-dessus de la mêlée. Bien sûr, la configuration technique joue en la faveur du Swift : 2 Go de RAM, c'est toujours beaucoup mieux que les 1,5 Go du Galaxy J5.
En revanche, nous sommes assez déçus du profil « performance » de CyanogenOS sur un Snapdragon 410. Nous pensions que cela apporterait un petit coup d'accélérateur au chipset, notamment sur les tâches un peu lourdes, comme le multimédia. Mais il n'en est rien. Les scores obtenus par le Swift ne changent guère entre les profils performance et équilibre. Dans les chiffres, le mobile atteint 24 382 points sur AnTuTu, à plusieurs milliers de points des meilleurs sous Snapdragon 410, 565 points sur Basemark OS II, 4336 points sur 3DMark (Ice Storm Unlimited). Si le Ridge 4G de Wiko parvient à faire légèrement mieux sur Basemark et 3DMark, il est largement surclassé sur AnTuTu. Face à un petit panel de mobiles avec Snapdragon 410 et écran HD, le Swift s'avère être l'un des plus équilibrés.
Limité en multimédia par son chipset
Pour autant, cela reste des performances assez classiques pour un entrée de gamme. Nous avons pu le constater durant nos tests multimédia. D'abord en vidéo, Cyanogen n'a pas encore pris la peine de proposer un lecteur vidéo digne de ce nom. Pire, il fait la même erreur que Google en intégrant (et même en reprenant) celui d'Android AOSP qui est, simplement, l'un des pires à offrir dans un smartphone. La compatibilité est restreinte, même au niveau des formats vidéo, et l'application ne propose aucune option ergonomique. Ce n'est donc théoriquement pas la faute de Wileyfox, mais celle du développeur californien, même si rien n'empêchait le constructeur britannique de suggérer à son partenaire de lui intégrer un vrai lecteur vidéo pour révéler les qualités de son écran.
En jeu, le constat est assez identique à tous nos commentaires sur le Snapdragon 410 : quelques temps de chargement un peu longs, quelques ralentissements en pleine partie. Et le réglage des graphismes sur la qualité la plus haute (ou la plus basse) ne change finalement pas beaucoup le résultat global. Notez que le positionnement du haut-parleur n'est pas optimal, mais il est meilleur que dans beaucoup d'autres smartphones. Ici, au moins, le son est puissant et les doigts ne le bloquent pas. L'expérience n'est pas franchement qualitative avec les jeux en 3D. Préférez donc sur ce type d'appareil du jeu occasionnel, type Angry Birds ou Candy Crush.
Un appareil photo correct pour ce prix
En photo, le Swift n'est pas non plus très qualitatif, malgré une application CyanogenOS qui offre quelques contrôles supplémentaires vis-à-vis de Google Camera ou du contrôleur stock d'Android. Quelques modes automatiques bien trouvés. Quelques réglages manuels sur la balance des blancs et la correction d'exposition. Quelques filtres et quelques effets spéciaux. Tous ceux qui ont eu l'occasion de manipuler le OnePlus One, notamment depuis la migration vers Lollipop, connaissent bien cette application qui s'est largement améliorée depuis Cyanogenmod 11.
Le résultat de ce capteur ISOCELL de 13 mégapixels, de l'objectif associé, du processeur d'image du Snapdragon 410 et du contrôleur Cyanogen n'est pas mauvais en soi, car les photos restent détaillées, même en zoomant. Les couleurs sont respectées. Elle manque cependant de ce petit quelque chose qui nous fascine tant dans les smartphones de Samsung, d'Apple ou de Sony. D'abord d'un contraste un peu plus soutenu. Ensuite d'un bon équilibre entre les différentes zones. Et enfin d'un peu plus de détail et de piqué, notamment sur les bordures de la prise de vue où quelques flous sont à déplorer. En clair, les photos sont suffisantes pour poster sur les réseaux sociaux, pas pour faire un album imprimé.
Photo prise avec le Wileyfox Swift
Si le OnePlus One low-cost existait, il serait comme ça !
Le Swift de Wileyfox est un smartphone que nous n'avons pas vu venir. Parce que des marques opportunistes qui pensaient tout révolutionner, nous en avons vu quelques-unes qui s'y sont cassées les dents ces deux dernières années. Où sont-ils les nouveaux produits des Yezz, Kazam, Mobiwire, bq, Vitamin ou Infinix ? Où sont-ils les superbes rapports qualité-prix promis ? Ils sont chez OnePlus, chez Honor, parfois chez Wiko, Asus ou Alcatel OneTouch. Quand nous avons vu débarquer Wileyfox, avec Cyanogen à la manière d'un Yu ou d'un OnePlus, nous avons évidemment souri. Mais force est de constater que face à la concurrence, ce petit Swift a de la ressource.
Concurrent parfait des Moto G (3e Gen) de Motorola, du Ridge 4G de Wiko, du Go Play d'Alcatel OneTouch, du Galaxy J5 de Samsung ou encore du G4c de LG, tous sous Snapdragon 410 avec écran 5 pouces 720p, tous avec une belle coque en plastique, le Swift s'avère être une meilleure affaire que chacun d'entre eux. Bonne finition. Bonne interface. Bonne performance (toutes proportions gardées). Et un aussi bon prix, voire même meilleur (179 euros). Le Swift est-il le OnePlus One ou le Honor 7 du low-cost ? Il en a effectivement tout l'air.