Cette année, Apple a présenté trois smartphones: l'iPhone XS, l'iPhone Xs Max et l'iPhone XR. Ils remplacent l'iPhone 8, l'iPhone 8 Plus et l'iPhone X (prononcez iPhone Ten). Si l'iPhone XR pourrait presque être considéré comme l'iPhone 9 compte tenu de son positionnement, il n'est pas considéré comme le « flagship » d'Apple cette année. Ce rôle revient à l'iPhone XS. Un modèle plus cher. Beaucoup plus cher même, puisque le prix du flagship annuel passe de 850 euros environ à 1159 euros. Un bond de 300 euros avec lequel on peut s'acheter un bon smartphone en plus d'un iPhone XR.
Il ne coûte plus qu'un seul bras (mais un bras et demi)
Bien sûr, l'iPhone a toujours été plus cher que les autres. Smartphone un peu à part, doté de capacités techniques hors normes et d'une ergonomie léchée. Produit d'image et de prestige qui transcende les catégories socioprofessionnelles et les générations. Le prix de l'iPhone n'a jamais été uniquement celui des composants et de l?écosystème, mais aussi celui de l'ostentation et du statut. Mais est-ce bien aujourd?hui suffisant à justifier un tel écart de prix entre l'iPhone 8 et l'iPhone XS ? Ce sera évidemment tout le but de ce test. Et avant de commencer, voici un rappel de la fiche technique :
- Écran AMOLED 5,8 pouces d'une définition de 2436 x 1125 pixels, soit 458 pixels par pouce (résolution « Super Retina »)
- Compatible 3D Touch (capteur de pression)
- Protection de la dalle tactile en verre Gorilla 6 de Corning
- ratio écran / taille : 82,9 % environ
- Chipset A12 Bionic composé de deux coeurs Vortex cadencés jusqu?à 2,5 GHz, quatre coeurs Tempest cadencés à 1,6 GHz et d'un GPU Apple quad-core
- 4 Go de mémoire vive
- 64, 256 ou 512 Go de stockage interne
- Double capteur photo iSight 12+12 mégapixels ; premier capteur avec pixels de 1,4 micron chacun, mise au point Focus Pixels, stabilisateur optique d'image, objectif 26 mm ouvrant à f/1.8 ; second capteur avec pixels de 1 micron, autofocus à détection de phase, stabilisateur optique d'image, téléobjectif 52 mm ouvrant à f/2.4 ; zoom 2x flash true-tone quadri LED, compatible vidéo Ultra HD avec mode ralenti à 240 images par seconde
- Webcam TrueDepth 7 mégapixels compatibles HD 720p avec optique 32 mm ouvrant à f/2.2 et Retina Flash ; système Face ID avec caméra infrarouge et projecteur de points invisibles
- Double haut-parleur
- Connectivité LTE catégorie 16, WiFi ac MiMo, Bluetooth 5.0, NFC, GPS Glonass
- Pas de jack 3,5 mm (adaptateur Lightning vers jack inclus
- Batterie 1960 mAh compatible charge rapide et charge sans fil (Qi)
- Dimensions : 143,6 x 70,9 x 7,7
- Poids : 177 grammes
- Châssis en aluminium 7000 et étanche (certification IP68)
- Système d'exploitation : iOS 12
Vous constaterez que les changements réalisés par Apple sur l'iPhone Xs, vis-à-vis de l'iPhone X, ne se voient pas toujours. Certes, nous voyons la batterie, la RAM, le chipset ou encore le nouveau palier de stockage. Mais d'autres ne se voient pas : le capteur photo avec objectif grand-angle, semble être le même. Et pourtant, même si le nombre de pixels est intact, leur taille est plus grande. La webcam a subi le même genre de traitement. Et la captation photo est maintenant HDR et stéréo. Et l?écran a été optimisé pour afficher davantage de couleurs, avec un taux de rafraîchissement doublé.
Des retouches invisibles, mais utiles
La même remarque peut être établie aussi pour le design du téléphone. Visuellement, l'iPhone XS ressemble beaucoup à l'iPhone X. Les éléments techniques sont aux mêmes endroits : double capteur photo protubérant dans le coin, séparations pour les antennes sur les tranches latérales (deux de chaque côté). Les mêmes boutons aux mêmes endroits. Pas de jack 3,5 mm sur la tranche inférieure. Etc. Vous remarquerez cependant que la grille à gauche du port Lightning, qui héberge le micro principal, est moins large (trois ouvertures au lieu de deux) pour y intégrer une séparation supplémentaire. Une sixième séparation a aussi été ajoutée sur la tranche supérieure.
Mais certaines apparences sont trompeuses. Si l'acier inoxydable et le verre trempé habillent toujours le téléphone, il est désormais certifié IP68 et non plus IP67. Ce qui veut dire qu'il peut plonger dans l'eau pendant une demi-heure, aller jusqu'au fond de la piscine et en ressortir sans heurts. En outre, le verre minéral est ici du Gorilla 6 de Corning (et non plus du Gorilla 5). La prise en main est également très proche de celle de l'iPhone X : excellent placement des boutons matériels, proportions idéales pour une préhension optimale, mais toujours cette tendance à garder les traces de doigt à l'avant et (surtout) à l'arrière.
Un écran encore meilleur (même si ça ne se voit pas)
À l'avant, l?écran est, comme le reste du téléphone, légèrement retravaillé. Les dimensions, la définition et l'encoche sont identiques. Le rétroéclairage est AMOLED. Comme expliqué plus haut, il est compatible Dolby Vision, HDR10 et 3D Touch. Son taux de rafraîchissement est maintenant de 120 Hz. Ce qui veut dire moins de rémanence. La luminosité maximale de cette dalle est légèrement moins élevée que celle de l'iPhone X, mais bien plus que celle de l'iPhone 8. Globalement, l?écran est même plus lumineux encore que la plupart des dalles OLED. La visibilité en pleine lumière est assurée. Les couleurs sont belles et justes. Les angles de vision sont très larges. Et la réactivité de la dalle est à la hauteur de la réputation d'Apple (et de Samsung qui l'a construit).
Autre apparence trompeuse : l'incomplétude de l'expérience. Explication : avant, quand vous achetiez un iPhone, vous étiez sûr, en payant un peu plus cher, que vous obteniez l'expérience complète. Cela veut dire que, dans la boîte, tous les accessoires étaient présents. Or, l'iPhone XS est le premier modèle de la firme à s'appuyer sur une stratégie très différente, puisque l'adaptateur jack 3,5 mm est absent de la boîte. Il est vendu chez Apple 10 euros. Et pour bénéficier de la charge rapide ? Il vous en coûte 55 euros pour le chargeur 30W et 25 euros pour le câble compatible (car le chargeur est USB type-C, pas USB type-B comme celui inclus dans la boîte). C'est très décevant compte tenu du prix de vente du téléphone.
Des petites retouches aussi dans l'interface
Une fois le mobile chargé (quel que soit le chargeur) et allumé, nous arrivons sur iOS 12, une mouture qui optimise les acquis des versions précédentes. Autant le dire, les habitués d'iOS ne seront pas dépaysés. Nous retrouvons comme toujours une interface avec trois écrans principaux : l?écran d'accueil pour y héberger les applications, l?écran « Aujourd?hui » pour les widgets et le centre de notifications. Les notifications sont désormais organisées par paquet : si vous recevez plusieurs mails, ils seront rangés en pile et non plus visibles les uns à la suite des autres.
La zone de paramétrage rapide est toujours présente en glissant de la corne de droite (la partie à droite de l'encoche) vers le bas. Il faut également glisser du vers le centre de l?écran pour fermer une application puisqu'il n'y a pas de bouton Touch ID, comme sur l'iPhone X. Si vous arrivez d'un iPhone 8 ou précédent, vous arriverez rapidement à intégrer les nouveaux gestes tactiles pour fermer une application et accéder au multitâche (afin de fermer une application ou passer à une autre). D'ailleurs, avec iOS 12, passer d'une application à une autre est simplifié à l'extrême. De nombreuses petites améliorations attendent les férus d'iOS (mention spéciale pour le fonds d?écran qui cache habilement l'encoche).
Le lot d'applications préinstallées est presque identique à une exception près : Screen Time (ou Temps d?écran en français). C'est l'application qui vous sert à gérer le temps que vous passez sur vos applications. Elle est accessible depuis le menu réglage, juste en dessous « Ne pas déranger ». D'ailleurs, ce dernier a été peaufiné pour ajouter quelques options supplémentaires pour éviter de rater un appel important. Rappelons qu'une grande partie des applications préinstallées sur l'iPhone peuvent être supprimées définitivement (et réinstallées à la demande depuis l?App Store). Cela permet de libérer de l'espace.
Des performances hors-norme
Mais cela n'affectera en rien les performances ou l'autonomie du téléphone. Les performances de l'iPhone XS sont non seulement excellentes, mais elles dépassent, à l?heure où nous écrivons ces lignes, tous les téléphones disponibles. Sans exception (hormis peut-être l'iPhone XS Max). Bien sûr, cela pourrait changer dès le début d'année prochaine avec l'arrivée des smartphones sous Snapdragon 855. En attendant, vous pouvez, avec l'iPhone XS, vous vanter d'avoir le téléphone le plus rapide et le plus puissant.
Que ce soit sur Geekbench, 3Dmark, AnTuTu ou GFX Bench, l'iPhone XS est devant tous les autres avec une marge de 10, 20 voire 30 % de plus. Et le pire, c'est qu'il n'a ni besoin de 8 c'urs, ni de 8 Go de RAM pour cela. Évidemment, les détracteurs pourront dire qu?Apple a un avantage : il optimise son mobile avec son propre système d'exploitation. Eh oui, c'est justement ça le principe : optimiser. Côté batterie, Apple reprend ici pratiquement le même composant que celui de l'iPhone X (avec un très léger recul pour être précis). Une batterie donc plus faible que celle de la concurrence. Elle offre une autonomie de 11 heures de lecture vidéo en continu. Ce qui se traduit par une grosse journée en usage normal (mais guère plus). Le chargeur intégré dans la boîte demande 3 heures pour recharger la batterie entièrement.
Une très belle plate-forme multimédia (à condition d'aimer iTunes)
Côté multimédia, l'iPhone XS reprend les acquis de l'iPhone X. L'association des deux haut-parleurs avec un écran AMOLED offre une très belle expérience, que ce soit pour les jeux ou pour les films et les séries. En lançant notre jeu étalon, Dead Trigger 2, nous avons rarement eu cette impression de fluidité et de dynamisme. Le jeu tourne avec tous les détails et le rafraîchissement positionné à son maximum. Et c'est encore trop facile pour cet iPhone XS. Il lui faudra bien plus que ça pour montrer des signes de faiblesse.
Comme toujours, profiter de ces propres contenus sur l'iPhone est moins intuitif que sur Android. D'abord, il n'y a pas de lecteur de carte mémoire. Ensuite, il faut passer par iTunes, même dans le cas de partage de fichiers avec une application tierce (type VLC). Enfin, pour installer un jeu, l?App Store est votre unique point d'entrée. Bien sûr, il est possible de ne pas profiter des services Apple (hormis l?App Store) : Deezer et Spotify pour la musique, Amazon pour les livres, Netflix ou Amazon Video pour les séries et les films. Mais c'est moins intuitif.
Moins de zones d'ombre et plus d'éclat en photo
Passons à la photo. La photographie a toujours été la force d'Apple. C'est pour cela que la firme se permet de s'appuyer dessus pour ses campagnes d'affichage. Et cette année encore, les quelques retouches apportées à l'iPhone XS sont non seulement efficaces, mais enrichissent aussi l'expérience. Le changement de capteur 12 mégapixels pour augmenter la taille des pixels n'est qu'un exemple. Le Smart HDR (sorte de mode HDR amélioré) en est un autre. Grâce à lui, ce n'est plus deux ou quatre photos qui sont prises, mais neuf. Et elles sont toutes utilisées pour créer une meilleure photo. Et cela, bien sûr, sans perte de vitesse.
Le résultat est simple : beaucoup de détails, un équilibre quasi parfait entre les zones d'ombre et de lumière, des couleurs éclatantes et beaucoup de contraste. Un résultat qui ne faiblit d'ailleurs pas quand le jour baisse. Le capteur parvient à augmenter la luminosité, tout en maîtrisant la lumière émise artificiellement. De nuit, le bruit se fait sentir plus rapidement, notamment si vous zoomez. Mais les résultats sont très convaincants. Nous avons été moins charmés par le mode portrait. Si nous obtenons le même niveau de détail qu'en paysage, nous avons remarqué que si l'arrière-plan est très lumineux, le capteur, en faisant la mise au point sur le sujet au premier plan, n'arrive pas à contrebalancer la luminosité accrue de l'effet bokeh, à moins de baisser celle du sujet.
Un smartphone premium à partir de 1159 euros...
En conclusion, l'iPhone reste, cette année encore, l'un des meilleurs smartphones du moment. L'iPhone XS rend honneur aux équipes de recherche et développement de la firme. Les proportions du mobile. L'intuitivité de l'interface. La puissance de la plate-forme. La pertinence en photographie. Le tout associé à l?écosystème Apple (App Store, Apple Music, iTunes). Voilà la proposition la plus cohérente possible, le tout dans un écrin d'acier et de verre minéral. D'ailleurs, petite note pour l'iPhone XS Max : si vous regardez beaucoup de vidéos sur votre téléphone, la version phablette du téléphone est grandement à envisager.
Nous en revenons donc à la question que nous posions en début de test : vaut-il son prix ? D'une certaine manière, il vaut ce positionnement haut de gamme. Il le vaut d'ailleurs davantage que tous les smartphonesconcurrents vendus au-dessus de la barre des 1000 euros. Mais nous aurions tendance, pour la première fois de toute l?histoire de nos tests, à modérer notre bienveillance tarifaire vis-à-vis de l'iPhone.
Pourquoi ? Pour une raison qui n'a rien à voir avec le mobile en lui-même, mais plutôt avec ses accessoires. Ces derniers poussent clairement le consommateur à en acheter d'autres. Historiquement, les écouteurs fournis avec les iPhone ne sont pas terribles. Et il est d'usage d'en acheter d'autres. Mais à cela s'ajoutent l'absence d'adaptateur jack et la présence d'un chargeur de faible puissance. Pour les remplacer, il faut débourser 90 euros de plus. C'est décevant. C'est d'autant plus décevant que certains téléphones concurrents, vendus bien moins chers, sont fournis avec ces accessoires. C'est selon nous le seul vrai faux pas d'Apple cette année.