Vous le savez : Huawei subit un embargo de la part du gouvernement américain depuis le printemps. Cela a plusieurs conséquences, mais l'une d'entre elles est l'impossibilité de certifier ses nouveaux smartphones auprès de Google et donc d'intégrer dans EMUI tous les services propriétaires de la firme de Mountain View. L'un des modèles sans certification les plus emblématiques est le Mate 30 (dont la version Pro est arrivée en Espagne et en Suisse).
Opération bouche-trou
Pourtant, au c'ur de l'automne est arrivé sur le marché européen, et français, un nouveau smartphone affublé de tous les services Google : le Honor 9X. Comment est-ce possible ? Parce que Huawei compte dans son catalogue deux marques au positionnement théoriquement différent, mais en pratique assez semblable sur certains segments. Elles sont notamment présentes toutes les deux sur le milieu de gamme.
Ainsi, quand le besoin s'en fait sentir, Huawei et Honor s?échangent des modèles. Résultat : le Honor 9X est en fait la version internationale du Enjoy 10 Plus, smartphone qui se distinguait déjà par sa proximité avec le P Smart Z (qui est disponible chez nous). Un modèle développé avant l'embargo américain. Et donc non soumis à ce dernier. Voilà l'astuce.
Faire du neuf avec du vieux
Il y a deux conséquences à cela. D'abord, le Honor 9X européen ne profite pas du Kirin 810, actuel chipset du milieu de gamme de Honor et Huawei (que vous retrouvez justement dans la version chinoise du Honor 9X), mais du Kirin 710F, censé être une version améliorée du Kirin 710F du Honor 8X. Ensuite, le Honor 9X manque cruellement d'originalité, par sa proximité avec le P Smart Z. D'autant que le Honor 9X est proposé 30 euros plus chers que son cousin germain. Cela étant, le Honor 9X est une phablette respectable et agréable à utiliser. En voici les principaux points techniques :
- Écran LTPS Full HD+ de 6,59 pouces, soit 391 pixels par pouce
- Protection de la dalle tactile en verre, film de protection préinstallé
- Chipset Kirin 710F, octo-core cadencé jusqu?à 2,2 GHz
- 4 Go de mémoire vive
- 128 Go de stockage interne extensible
- Triple capteur photo 48+8+2 mégapixels
- Webcam 16 mégapixels dans un tiroir mécanique
- Lecteur d'empreinte digitale au dos
- Batterie 4000 mAh compatible charge rapide 10 watts (chargeur compatible inclus)
- Système d'exploitation : EMUI 9.1 (basé sur Android 9.0 Pie)
En comparaison du P Smart Z, le Honor 9X profite d'un meilleur équipement photographique (capteur avec objectif grand-angle supplémentaire), du chargement rapide pour la batterie et du double de stockage interne. En revanche, sa connexion Bluetooth descend de la norme 5.0 à 4.2 et son capteur NFC disparaît. Pour le reste, dimensions comprises, rien ne change.
Un joli design holographique
Pour parvenir à faire la distinction, vous avez deux moyens. Le premier est simplement de regarder le bloc photo principal qui compte trois objectifs (et non deux). Le second est de bien regarder la coque. En manipulant légèrement le téléphone sous la lumière, verticalement ou horizontalement, vous découvrez des motifs irisés en différents tons. Le motif est en forme de X dont le centre est commun avec celui du châssis du mobile. Ceci est un rappel cosmétique du nom du mobile « 9X ». L?Enjoy 10 Plus chinois ne profite pas de ce petit plus visuel qui a en outre la particularité de cacher les traces de doigts disgracieuses.
Continuons avec l'aspect ergonomique du téléphone en signalant que l?écran est très impressionnant au premier abord. Nous constatons ensuite que les bordures sont tout de même assez larges. Mais grâce à cette large surface tactile, ce n'est pas gênant. Les éléments techniques sur les tranches sont positionnés de façon très classique, avec le port USB en bas, entouré du port jack, du micro et du haut-parleur, la mise en marche et le volume à droite, le tiroir des SIM en haut, avec le micro secondaire et le tiroir motorisé de la webcam.
EMUI : une ROM qui s'améliore
L'interface du mobile est EMUI, basée sur Android 9.0 Pie. Les habitués ne seront pas dépaysés. Le tiroir des applications est, par défaut, désactivé. Un écran Google Assistant est prévu en glissant vers la gauche. Les applications additionnelles sont généralement utiles (voir étonnante, comme le Mode Fête qui synchronise la musique d'un appareil sur d'autres smartphones). Mais elles ne le sont pas toutes, à l'image du lien commercial vers Booking.com ou la boutique Honor préinstallée. En outre, compte tenu des problèmes rencontrés par Huawei avec les États-Unis, nous nous demandons si le téléphone profitera d'Android 10 tout en continuant d'intégrer les services Google. Logiquement, oui.
Dans le Honor 9X, il y a trois points intéressants à détailler : l?écran, l?équipement photo et les performances. Les deux premiers sont des arguments marketing majeurs et des points d'amélioration vis-à-vis du Honor 8X. Sont-ils à la hauteur de la promesse ? Nous le verrons dans quelques instants. Démarrons tout d'abord avec la plate-forme technique. Comme énoncé précédemment, le Honor 9X est basé sur le Kirin 710F accompagné de 4 Go de RAM, dont 2 Go sont monopolisés en permanence par Android.
Une plate-forme poussive, mais une belle autonomie
Cette plate-forme, dont les scores techniques sont comparables à ceux du Honor 8X dans beaucoup de tests, offre une expérience fluide, à deux conditions. D'abord, vous ne pouvez pas utiliser d'applications gourmandes, dont des jeux (qui ont une fâcheuse tendance à ralentir, comme notre jeu étalon Dead Trigger 2). Ensuite, vous devez régulièrement éliminer les applications en arrière-plan. Cela ne veut pas dire que le Honor 9X n'est pas capable de faire tourner des jeux en 3D.
Mais vous devrez être attentifs à ne pas choisir les plus exigeants au risque de voir l'autonomie fondre. Et ce serait dommage, car, justement, l'autonomie est un point fort du Honor 9X. Avec sa batterie de 4000 mAh, le smartphone profite d'une autonomie supérieure à 24 heures en conversation 3G et de plus de 12 heures en vidéo. Et le téléphone peut rester en veille pendant plusieurs jours. L'autonomie est son fort, mais pas sa recharge « rapide » qui remplit au quart la batterie du smartphone en une demi-heure.
Un écran très grand et doté d'une bonne résolution
Autre point important : l?écran. Grâce à sa webcam cachée dans un tiroir motorisé, l?écran du Honor 9X, qui mesure presque 6,6 pouces, n'est gêné par aucune encoche ni aucun trou. Les bordures ne sont ni épaisses ni larges en comparaison d'un modèle concurrent. Cette dalle LTPS Full HD+ offre une résolution de 391 pixels par pouce. Un chiffre dans la bonne moyenne. La visibilité est bonne et les couleurs sont bien représentées (si vous choisissez le mode d'affichage Normal+, sinon il y a quelques altérations dues à un contraste surpondéré). Le taux de contraste n?égale pas les dalles AMOLED, bien évidemment. Mais, même vis-à-vis d'une dalle IPS, le Honor 9X aurait pu faire mieux.
Appareil photo 48 mégapixels
Enfin, dernier point, la photographie. Pour un usage quotidien, quand les conditions de lumière sont bonnes, vous pouvez vous attendre à des clichés de bonne facture de la part du Honor 9X, dont le capteur photo principal est un IMX586 de Sony. La définition de ce dernier est de 48 mégapixels, mais il capture des photos en 12 mégapixels par défaut pour améliorer la luminosité. D'ailleurs, les clichés que nous avons réalisés profitent d'un bon équilibre et d'un contraste très convenable. Il y a cependant une perte de détail qui, selon nous, provient du coprocesseur d'image du Kirin 710F qui dégrade la qualité des clichés. De nuit, les clichés profitent des atouts de l'IMX586 pour produire des images très correctes, mais toujours bridées par ce problème de compression.
De haut en bas et gauche à droite : photo avec capteur 48 mpx sans zoom, zoom numérique 2x, mode portrait et photo avec capteur grand-angle 8 mpx.
Une concurrence trop forte
En conclusion, le Honor 9X n'est pas un mauvais smartphone, même si quelques points faibles ont été notés (puissance et photo, notamment), lesquels sont, pour les plus importants, dus à la plate-forme Kirin 710F. Mais le Honor 9X souffre surtout de la comparaison avec certains concurrents. Le Redmi Note 8 Pro, notamment, dont la plate-forme est bien supérieure (et qui profite aussi de plus de RAM, d'une plus grande batterie et d'un équipement photo un peu au-dessus). Difficile de faire du neuf avec du vieux?