Android est désormais bien présent du bas au haut de gamme, mais il faut le reconnaître : on a tendance à mettre les constructeurs dans des petites cases. Samsung, HTC ou Sony sont souvent pensés comme des marques haut de gamme, quand ZTE, Huawei ou Wiko occupent l'entrée de gamme. Tous constructeurs chinois qu'ils sont, ces derniers n'ont pas l'intention de traîner en bout de marché pour autant : Wiko a déjà proposé des machines au rapport qualité/prix imbattable, ZTE a montré son envie de percer dans le haut de gamme au dernier MWC et Huawei se rêve déjà premier de la classe.
L'Ascend P2 pourrait donc être le premier véritable pas du constructeur dans la cour des grands. Des grands ? Pas tant que ça : si l'on regarde les caractéristiques de l'appareil, on se retrouve plutôt face à un smartphone haut de gamme de l'année dernière, avec des éléments du haut de gamme de cette année. C'est donc un pari risqué : Huawei a clairement choisi de proposer un modèle pour concurrencer les smartphones dont le prix va baisser ? Galaxy S3 en tête. Mais que trouve-t-on alors dans ses entrailles ?
L'engin de Huawei est un smartphone de taille raisonnable : son écran de 4,7 pouces est incrusté dans un châssis de 136,2 x 66,7 x 8,4 mm. Grosso-modo, vous retrouvez les dimensions d'un Galaxy S3, dans une version plus carrée. L'écran est un modèle IPS LCD défini en 1280x720 pixels. Sa densité de pixels est de 312 pixels par pouces ? nous sommes donc bien sur les technologies phare de l'année dernière de ce côté-là.
Pourtant, dans le ventre, on va retrouver un processeur quadruple c'ur construit par Huawei, le fameux K3V2 qui avait forte impression lors de sa présentation. Cadencé à 1,5 GHz, l'engin est épaulé par 1 Go de RAM, ce qui semble tout à fait suffisant pour faire tourner Android 4.1 Jelly Bean, même avec une surcouche plutôt lourde, comme nous le verrons. Côté appareil photo, le constructeur a équipé son engin d'un capteur de 13 mégapixels pouvant capturer de la vidéo en 1080p Full HD à 30 fps. Un flash à LED est de la partie. La mémoire interne est de 16 Go : impossible de l'augmenter via une carte SD, puisqu'il n'y a pas de port prévu à cet effet. Voilà donc où se place le P2, entre un Galaxy S3 et les modèles de 2013 : voyons ce qu'il en est en pratique pour ce smartphone qui sera commercialisé au prix public conseillé de 399 ?.
Contenu de la boîte
La boîte est somme toute sommaire et ne contient que le strict minimum. Nous avons perdu l'habitude des constructeurs qui offraient des accessoires, de toute façon.
? Un Huawei Ascend P2
? Un câble microUSB
? Un chargeur secteur
? Un kit mains-libres filaire
? Un « pousse-SIM » fort pratique qui vous évitera de vous casser un ongle
? Plein de papiers
Design
Quand nous comparions dans l'introduction de ce test le P2 à un Galaxy S3, ce n'était pas pour rien : on retrouve à peu près les mêmes avantages et les mêmes inconvénients sur les deux appareils. Attention : le design n'a rien à voir sur les deux modèles, mais il s'agit plus d'une philosophie similaire chez les deux constructeurs, à savoir un design intéressant mais une réalisation « tout plastique brillant » qui donne un côté un brin « cheap » à l'ensemble.
L'Ascend P2 est un smartphone très fin et très rectangulaire, qui n'a, au fond, rien de bien marquant. On a l'impression que le constructeur a choisi sciemment de faire au plus épuré et au plus universel : les couleurs proposées, le blanc et le noir, en attestent. Le logo sur la face avant est bien visible et reproduit sur la face arrière, au cas où vous auriez oublié la marque de votre appareil. Huawei a choisi de garder le vieux paradigme Android pour ses boutons : on retrouve un bouton « retour », un bouton « home » et un bouton « menu » qui activera des fonctions parfois étranges comme nous le verrons.
Les finitions sont excellentes et nous n'avons rien à redire sur la qualité globale de l'appareil. On sent qu'un soin tout particulier a été apporté à l'assemblage du smartphone : il s'agit pour Huawei de présenter un modèle qui soit en quelque sorte un porte-étendard. Comme sur la plupart des Windows Phone et quelques smartphones Android, on va retrouver sur la tranche droite un déclencheur pour l'appareil photo qui aura deux niveaux de pression. Très pratique : cela évite d'avoir une main sur l'écran qui fait office de viseur pour prendre un cliché. Notez enfin qu'en blanc, l'appareil sera bicolore : seule la partie arrière change.
Prise en main et ergonomie
Que dire d'original sur un smartphone finalement aussi « conforme » à ce que l'on attend d'un tel appareil ? Ses formes ne surprennent pas, Huawei n'a pris aucun risque et tout cela se ressent lors de la prise en main : nous ne sommes pas agréablement surpris par des matériaux innovants ou originaux, mais nous ne sommes pas non plus déçus par un appareil qui aurait pu être trop audacieux.
Par rapport au Galaxy S3, vous aurez un smartphone bien plus rectangulaire, qui se rapprochera une fois en main du bon vieux Galaxy S2. En quelques sortes, c'est une version agrandie de ce dernier, sans le bouton central. Les bords ne sont pas durs pour autant, et la finesse de l'ensemble ne nuit pas à l'ergonomie, au contraire : on touche du pouce assez facilement tout l'écran et l'appareil tient bien dans une main lors des appels. Les finitions ne se font pas remarquer : cela signifie qu'aucun bouton n'aurait été mal placé ou mal fixé. Tant mieux.
Du côté du plastique, on a ce que l'on s'imaginait : le toucher n'est pas excellent. A l??il, on pourrait croire à un matériau plus noble du fait de son revêtement, mais ce n'est bien que du plastique d'une qualité moyenne que Huawei a utilisé. Avantage, comme sur les appareils Samsung, ce genre de matériau résiste bien aux chocs et aura plutôt tendance à se racler qu'à se briser.
En mode paysage, pour prendre une photo par exemple, la main droite tombe très bien sur le déclencheur et la main gauche ne gêne pas le capteur : c'est exactement ce que l'on espérait, Huawei a rempli son contrat.
L?écran
Comme nous l'annoncions en introduction en évoquant les caractéristiques de la bête, cet Ascend P2 est équipé d'un écran HD 720p. Pour rappel, c'est le standard haut de gamme de l'an passé : un tel écran équipait le Galaxy S3 ou l'Xperia S, pour ne citer qu'eux. Sur 4,7 pouces, nous arrivons donc à peu près à 312 pixels par pouce, ce qui place tout de même l'appareil dans le haut du panier aujourd'hui. Quand on se souvient par exemple que le standard haut de gamme a longtemps été porté par Apple et ses 326 pixels par pouce, on peut considérer que l'Ascend P2 ne démérite pas.
Cela dit, le haut de gamme actuel sur Android a passé la barre des 1080p, du coup, nous sommes bien sur la génération précédente. Un souci ? Pas tant que ça, au fond, les polices sont fines et même si les One et autres Xperia Z nous bluffent au niveau de l'affichage, on pourrait presque dire que nous n'en demandons pas tant, nos yeux n'ayant pas une capacité de perception infinie. Du côté de la colorimétrie, cet écran IPS LCD est d'ailleurs plutôt agréable : nous n'avons pas noté à l'usage de faiblesse dans l'affichage des couleurs et le contraste est bon. La luminosité de la dalle nous a permis d'utiliser le smartphone en extérieur sans le moindre souci.
Notez que Huawei a sorti sa baguette magique pour proposer une option que l'on trouvait alors simplement sur quelques smartphones comme le Nokia Lumia 920, le HTC One ou le Samsung Galaxy S4 : certes, l'écran est capacitif, mais il peut aussi s'utiliser avec des gants. Il faudra cocher une option dans les paramètres, qui augmente la sensibilité de l'ensemble. En pratique, nous avons testé avec des gants en laine et des gants en cuir et cela fonctionne sans aucun problème. Cela ne sera certes pas un argument avec l'été qui approche, mais tout de même, il fallait le relever !
Système d'exploitation (OS) + Interface utilisateur : Android 4.1
Vous avez lu 300 tests de smartphones Android et vous connaissez absolument tout sur le système d'exploitation ? Allez directement à la partie suivante, vous découvrirez peut-être quelque chose. A vrai dire, Huawei a choisi l'originalité : au lieu de proposer une version banale d'Android 4.1 Jelly Bean ou un modèle à peine retouché comme le font souvent les autres constructeurs, le Chinois a préféré proposer une version entièrement refaite d'Android. Baptisée Emotion UI, cette interface s'inspire très largement de MIUI, ROM réservée pour l'instant à certains téléphones chinois et surtout aux bidouilleurs. Nous y revenons dans la prochaine partie ? évoquons d'abord brièvement le système d'exploitation mobile de Google.
Android, on connaît. Mais alors qu'en dire de nouveau ? Pas grand chose, depuis la version 4.0 Ice Cream Sandwich, qui est maintenant plutôt répandue et qui équipe, a minima, tous les nouveaux smartphones, le système d'exploitation de Google n'a pas énormément changé. Cela dit, Huawei a fait des choix au niveau de son interface qui parasitent directement le fonctionnement du Google « pur », comme on l'appelle. Du coup, par quoi s'exprime Android sur ce P2 ? Trois choses, grosso-modo : les applications Google, le Play Store et la barre de notifications.
Si l'on souhaite aller au c'ur d'Android, on y trouvera bien entendu les applications du développeur derrière le système : mister Google. Huawei ayant fait les choses de manière étrange, elles ont toutes été regroupées dans un dossier et n'apparaissent pas de prime abord sur l'écran. Pourtant, elles sont toutes là. Bien entendu, on retrouvera donc l'excellente messagerie Gmail, le réseau social vide Google + et son acolyte pour chatter Google Hangouts, mais aussi Google Books, Google Play Film ou encore, Google Play Musique.
Ces services font partie de l'offre de contenu proposée depuis peu par Google sur son Play Store et ont été récemment mis à jour. Le Play Store est donc devenu un pôle de contenus multimédia qui comprend à peu près toutes les catégories : bien entendu les applications pour enrichir votre smartphone en fonctionnalités, mais aussi des e-books, de la musique ou des films. Nous y reviendrons dans la partie dédiée au multimédia, mais il faut savoir que ce n'est désormais plus quelque chose d'anecdotique : Google a proposé des équivalents « maison » à tous les services en ligne bien connus, que ce soit Amazon, iTunes ou Spotify.
Au c'ur de l'offre applicative se trouve bien entendu le fameux Google Maps. Le logiciel de cartographie GPS fait toujours partie de ce que l'on trouve de meilleur en la matière. Vous pourrez calculer des itinéraires en voiture, en transports en commun selon les villes et à pied. Il est également possible de télécharger une zone de la carte pour la retrouver hors ligne ? notez en revanche que les opérations de recherche nécessiteront toujours une connexion : sur ce point, Nokia a une longueur d'avance avec son Nokia Maps. On retrouve directement Street View dans l'application mobile qui vous permettra de parcourir véritablement les villes, cliché après cliché. Les fonctionnalités de « bâtiment 3D » et de « plan des bâtiments » sont aussi disponibles selon les localités. Cette dernière fonctionnalité est assez bluffante : prenez par exemple le Palais de la Découverte à Paris, vous pourrez retrouver directement sur Google Maps les salles dédiées à tel ou tel sujet.
Google Now est aussi présent sur tous les smartphones équipés de la version 4.1 du système : on la retrouve donc sur cet Ascend P2. Google Now, c'est un mélange entre Siri et Big Brother : le logiciel de Google apprendra à peu près toute votre vie, en regardant vos courriels, vos réservations de voyage, vos rendez-vous sur votre agenda, vos goûts affichés sur Google + ou votre position géographique. A partir de ces informations, il se chargera de vous donner des informations contextualisées, que ce soit dans l'espace ou dans le temps.
Vous êtes proche d'un cinéma ? Ouvrez Google Now, il comprendra et vous affichera les horaires des prochains films. Vous avez un rendez-vous à l'autre bout de la ville ? Google Now vous dira quand vous lever de votre siège pour être à l'heure. Il pourra aussi donner la météo, le temps de trajet de retour du boulot, des résultats sportifs, les cours de la bourse... Bref, un véritable assistant numérique dans votre poche. Ce sera bien entendu à vous de choisir de l'activer ou pas : vous pourriez ne pas avoir envie de céder toutes ces informations à Google. Notez, de manière plus pragmatique, que Google Now fonctionne moins bien en France qu'aux États-Unis, par exemple, et grignotera énormément votre batterie.
Voilà pour le Play Store et les applications Google, passons maintenant aux notifications, qui sont au c'ur de l'expérience Android. A chaque fois que quelque chose se passera sur votre smartphone, une notification pourra être trouvée dans la barre supérieure du smartphone. Il s'agira simplement de la dérouler. Faites glisser les notifications sur la droite pour les supprimer ou tapez dessus pour vous rendre sur l'application émettrice. Android a clairement une belle avance sur iOS ou Windows Phone, ce dernier n'ayant tout simplement pas de centre de notifications. Huawei a conservé cette excellente fonctionnalité de productivité en la rendant encore plus intéressante.
Comment ? Eh bien en permettant à l'utilisateur de personnaliser les raccourcis qu'il trouvera dans cette fameuse barre. Souvent, les constructeurs choisissent d'y placer quelques raccourcis imposés ou pas de raccourcis du tout. Huawei a mis tout le monde d'accord : c'est à vous de choisir ce que vous voulez voir apparaître. Vous pourrez donc avoir des boutons on/off pour le Wi-Fi, le Bluetooth, le GPS, l'orientation, la luminosité ou la sonnerie, par exemple. Il sera possible de les ajouter ou de les réorganiser. De fait, la barre de notifications deviendra clairement votre meilleure alliée au quotidien, vous épargnant un détour par les applications ou par les réglages.
Tous les services connectés pourront être agrégés dans ce centre de notifications : Twitter, Facebook, Gmail, Google Now etc. Il vous sera possible de désactiver les notifications dans les options des applications : faites bien attention, ces petites bêtes sont parfois férocement énergivores. Facebook est particulièrement gourmand ! Android gérant aussi parfaitement le multitâche avec un appui long sur la touche « Home », vous ferez peut-être bien mieux de regarder les unes après les autres les applications sociales qui ont des mises à jour fréquentes.
Enfin, évoquons rapidement les widgets qui sont bien entendu de la partie : ces applications « dynamiques » qui viennent s'épingler sur votre bureau vous permettront d'avoir des informations en un clin d'oeil. Heure, date, météo, tweets, statuts facebook... tout y passe. Cela dit, ils ont sur ce smartphone un peu moins d'importance que sur Android de manière générale, nous allons voir pourquoi dans la partie suivante.
Système d'exploitation (OS) + Interface utilisateur : Emotion UI
En utilisant une ROM maison, Huawei a clairement choisi de se différencier de la concurrence. On pourrait alors croire qu'il nous faudrait autant de paragraphes pour décrire cette ROM que l'on en aurait besoin pour décrire un système d'exploitation tout neuf, mais il n'en n'est rien. Deux maîtres mots : simplicité et personnalisation. Si l'on voulait aller vite, on dirait que Emotion UI est un croisement entre Android et iOS. Si l'on voulait aller encore plus vite, on dirait que c'est une copie quasi-conforme de MIUI, la fameuse ROM chinoise. Développons.
Contrairement à Android, vous n'aurez pas sur Emotion UI de lanceur d'application à proprement parler. Comme sur iOS, elles se trouvent directement sur l'un des écrans qu'il s'agit de faire défiler horizontalement. Bien sûr, vous pouvez les ranger dans des dossiers, par exemple, mais toute nouvelle application installée aura son raccourci sur l'un de vos écrans, ou de vos « bureaux », comme on dit sur Android. Du coup, nous avons tout simplement une étape de moins pour accéder aux applications : elles seront toujours à portée de doigt. Revers de la médaille, il ne sera pas possible d'avoir des bureaux épurés à l'extrême.
Quand vous appuyez sur le bouton « menu », vous n'accédez pas au « menu » d'Android, ce qui peut choquer : cela équivaut à un appui long sur l'écran. Ce sera donc l'écran de sélection des widgets et des raccourcis qui apparaîtra. Les paramètres ne seront pas non plus agencés comme sur Android : vous trouverez deux onglets, le premier pour les paramètres généraux et les accès rapides aux fonctionnalités de base, le second pour les paramètres plus avancés. En somme, c'est encore une fois à peu près ce que propose MIUI.
De cette ROM, qui a eu beaucoup de succès un peu partout dans le monde, Huawei reprend aussi la personnalisation à outrance. En plus des fonds d'écran, des widgets et des raccourcis, Emotion UI propose une galerie de thèmes très complète. Contrairement aux thèmes d'un Xperia qui changeait simplement la couleur de l'ensemble, un thème Emotion UI change absolument tout : fond d'écran, icônes, polices, écran de verrouillage. C'est vraiment une bonne idée même si certains thèmes sont évidemment bien plus travaillés que d'autres. Si l'apparence variera selon le goût de chacun, on regrette que certains écrans de verrouillage, par exemple, soient difficiles à débloquer sur quelques thèmes.
Voilà les deux principales caractéristiques de l'Emotion UI qui, c'est certain, ne plaira pas à tout le monde. Il faut reconnaître objectivement qu'elle reste d'une très grande simplicité d'utilisation et est peut-être bien plus facile à prendre en main pour un débutant qu'Android nu.
On ne peut pourtant que regretter les nombreux bugs présents sur la version que nous avons testée. Ce ne sont pas des bugs liés à la ROM, mais plutôt aux applications qu'elle tenterait de lancer : beaucoup se ferment avec un message d'erreur. Cela arrive bien souvent sur Android quand une ROM n'est pas bien finie... et cela gêne clairement l'expérience utilisateur : en un peu plus d'une semaine de test, nous avons dû avoir 10 fermetures forcées d'applications diverses, officielles ou tierces. C'est bien qu'il y a un problème.
OS : Réactivité du système d'exploitation et de l'interface utilisateur
Si l'on parle un peu de réactivité, on peut dire que Huawei a clairement compris ce que cherchait un utilisateur achetant du haut de gamme. Simple : il ne veut pas que ça « laggue ». Pas un peu, pas du tout. Et l'interface proposée, basée sur Android 4.1, est très véloce. Nous n'avons pas pu, en fin de compte la mettre en défaut : les applications se chargent vite, les bureaux sont rapidement accessibles et les opérations n'entraînent pas ou peu de temps de latence.
Le souci, c'est que comme nous l'avons vu, le choix de proposer un système de thèmes et des options graphiques personnalisables entraîne des variations de l'expérience utilisateur. Si vous utilisez par exemple les effets de transition, certains vont mettre un poil trop de temps à s'afficher pour que ce soit utilisable à long terme. D'autres auront un petit accrochage. Alors oui, vous avez le choix, mais à vous de faire le bon : c'est tout le souci. Certains thèmes ne sont pas aussi qualitatifs que d'autres : les endroits qui déclenchent les actions ne sont parfois pas exactement calibrés (par exemple, un logo flèche pour déverrouiller votre smartphone devra être utilisé précisément en son centre, sinon, il ne se déclenchera pas ou mal).
Du côté de la connectivité, nous avons eu quelques soucis avec le modem data : si vous habitez dans une ville où l'un emprunte beaucoup les souterrains, il risque de ne pas apprécier. La reconnexion à la sortie d'un métro ou d'un parking a souvent été laborieuse. Dans certains cas, l'appareil a du mal à capter une connexion EDGE dans les zones non couvertes par la 3G. C'est un peu pénible... tout ça sans parler de la 4G, qui est encore très minoritaire en France. Quand tout va bien pourtant, la navigation sur Internet est très fluide et les pages ne mettent pas plus de 3 secondes à se charger, très confortable. Le GPS ne nous a pas non plus posés de problème de localisation, faisant parfaitement son boulot.
La longévité de l'appareil sur batterie est honnête sans être révolutionnaire : vous tiendrez grosso-modo une journée complète. Cela dit, faites bien attention : nous avons remarqué que le smartphone était très long à charger, une demi journée à peu près. Ne pensez pas pouvoir lui mettre un bon coup de jus « avant de partir », préférez une recharge nocturne complète, sans quoi vous aurez de mauvaises surprises.
Téléphonie et qualité d?écoute
Dans smartphone, il y a phone. Cela paraît assez banal pour tout le monde, mais pas pour la plupart des constructeurs. Ainsi, si un HTC ou un Nokia va faire en sorte de mettre dans ses smartphones des micros et un haut parleur permettant d'utiliser la Voix HD, pas tous les constructeurs ne sont arrivés à ce niveau de qualité. En 2013, quand un Lumia 620 supporte ce standard, cela fait un peu tache sur du milieu/haut de gamme : le Huawei Ascend P2 n'est même franchement pas très bon. Au-delà de la voix HD absente, en pratique, la transmission de la voix n'est pas très forte et assez pénible à utiliser dans un environnement bruyant. Dommage, on aurait espéré mieux pour un téléphone.
Du côté des fonctionnalités de communication, cette fois, Android n'a pas été modifié : vous retrouverez un répertoire de contacts, un historique d'appels, des favoris, des groupes ou encore, la numérotation intelligente. Tapez les premières lettres d'un contact sur le clavier virtuel en chiffres (comme sur les vieux téléphones, avec des grappes de 3 lettres) et il reconnaîtra le nom ou un début de numéro, fort pratique à l'usage.
Les SMS seront affichés comme des conversations sur un chat et ne bougent pas d'un iota par rapport au standard de la téléphonie intelligente.
Capture photo et vidéo
A première vue, Huawei n'a pas fait les choses à moitié en proposant en capteur 13 mégapixels sur son Ascend. C'est à peu près ce que l'on trouve de mieux aujourd'hui si l'on parle en chiffres bruts, qui n'ont pas grande importance d'ailleurs. Mais alors, en pratique, qu'est-ce qu'il vaut ? Eh bien nous avons été agréablement surpris ! L'appareil n'est pas flatteur, au sens où il n'embellira pas les clichés artificiellement, en mettant trop de contraste par exemple. Cela dit, affichées sur notre moniteur de test colorimétrique, les photographies sont vraiment correctes. Les tons ne saturent pas et le piqué est étonnant pour un capteur de cette taille. On peut voir des briques sur des bâtiments pris en paysage ou des détails dans la membrane d'une feuille. En basse luminosité, il n'a pas les technologies de Nokia ou HTC, du coup, c'est un peu laborieux, mais en conditions d'éclairage normales, c'est vraiment du bon boulot !
Du côté de l'application photo, les fonctionnalités de base sont assez simples, mais l'une d'elles, plus avancée, mérite une petite explication. Sur l'Ascend P2, il vous sera possible, par exemple, de faire une photo réussie de 5 personnes au même plan. Comment ? Eh bien le procédé est assez simple : vous leur demandez de ne pas bouger, vous ne bougez pas non plus, vous appuyez sur le déclencheur. L'appareil prendra alors quelques photos à un peu moins d'une seconde d'intervalle. A vous ensuite de sélectionner les têtes de vos amis qui seront les plus appréciables : le logiciel se charge du reste. Vous validez, et d'un coup, vous aurez un mixte de toutes les photos en une, avec les meilleures têtes. Cela fonctionne fort bien. Vous aurez également à votre disposition toutes les fonctions d'Android : photo intelligente, panorama, macro etc. Quelques retouches rapides et autres filtres sont aussi disponibles.
Résultat, entre cela et la possibilité de prendre des vidéos plutôt correctes en 1080p full HD à 30 images par seconde, le Huawei Ascend P2 s'en sort vraiment bien du côté de la capture multimédia. Il pourra sans mal vous dépanner en vacances si vous voulez vous débarrasser de votre compact. Notez enfin que Huawei a pensé à ceux qui ont besoin d'un smartphone pour faire office de dictaphone et a intégré une application de prise de son fort jolie et très fonctionnelle.
Lecture multimédia (photos/vidéos/son)
La lecture multimédia est l'un des points fort d'Android. Si Google propose une offre payante depuis quelques temps maintenant, mais le Play Store est clairement le marché d'applications le mieux fourni en lecteurs vidéo et audio. Android autorise le transfert de fichiers en USB comme si votre smartphone était un disque dur, du coup, il est fort simple de regarder n'importe quoi sur votre appareil en très peu de temps.
Mais alors, ce fameux processeur K3V2 construit par Huawei, a-t-il suffisamment de transistors dans le bide pour décoder tout et n'importe quoi ? En utilisant les bons lecteurs, la réponse est oui. MX Player, par exemple, décodera sans souci du .mkv en 1080p Full HD. Ajoutez un fichier sous-titres en .srt et il vous les lira également. Les fichiers adaptés à la diagonale de l'écran, des fichiers en HD 720p, sont donc parfaitement lisibles.
La galerie est la même que sur Android classique, nous n'avons donc pas vraiment beaucoup de choses à en dire. Vous retrouverez vos photos organisées par album, depuis lesquels il sera aisé de les partager avec vos contacts ou vos applications. Un bouton « partager » en haut à droite servira à distribuer les clichés et conviendra normalement tout le temps.
Du côté de l'offre légale, Google s'est récemment paré d'un ensemble de services multimédia : Livre, Film, Musique. Vous devinez à quoi ils correspondent. Malheureusement, la qualité du service est très inégale. Du côté de Livre, on est loin de retrouver la librairie d'un Amazon, par exemple. Film est bien la plus grosse blague : les films sont en VF (pas ou peu de VOST), la HD coûte jusqu'à 16 ? et contrairement à la SD, ne peut pas être lue en dehors d'un périphérique Android. Oui, vous avez bien lu, un fichier SD pourra être lu sur votre smartphone et sur votre bel écran d'ordinateur, un fichier HD ne pourra s'afficher que sur votre smartphone. Ubuesque, et c'est pourtant vrai.
Musique est peut-être celui qui a fait le plus de progrès depuis la dernière mise à jour : il vous propose un service de cloud personnel vous permettant d'écouter une bibliothèque de 20 000 morceaux que vous aurez téléchargée sur les serveurs de Google, le tout gratuitement. En plus, vous pourrez payer, comme pour Spotify, 9,99 ? par mois pour profiter d'une écoute en streaming illimitée de l'audiothèque de Google. Vraiment pas mal.
Bonne surprise enfin du côté des jeux vidéo puisque le K3V2 s'est montré fort capable dans à peu près toutes les situations. Riptide GP est livré avec le smartphone et affiche des graphismes très jolis : une excellente surprise. La ludothèque du Play Store commence à être bien touffue et, à part les exclusivités iOS, vous aurez de quoi vous amuser pendant plusieurs heures sans aucun souci.
Conclusion
En conclusion et malgré les défauts que nous avons relevés au cours de ce test, on peut dire que Huawei a fait le boulot. La prestation est très bonne sans être excellente, quelques idées audacieuses comme le choix d'Emotion UI viennent donner des arguments intéressants au smartphone. La finition est très correcte et n'a plus rien à voir avec ce que l'on pourrait appeler péjorativement un « smartphone chinois ». Le capteur de l'appareil photo nous a convaincus et globalement le smartphone vaut son prix. À 399 ? en prix public conseillé, on sait déjà qu'on le verra sortir globalement bien moins cher chez les opérateurs, avec des offres de remboursement ou des forfaits.
Ce qu'il faut noter pourtant, c'est que l'Ascend P2 ne sera pas un Galaxy S3 et a fortiori, pas un Galaxy S2. Il ne se compare pas au premier parce qu'il reste un poil en-dessous au niveau des finitions logicielles, de l'ergonomie globale ou des caractéristiques techniques. Il ne se compare pas au second, parce qu'il ne sera pas le smartphone qui propulsera Huawei subitement dans la cour des grands, comme le GS2 en 2011. On peut dire sans hésiter que la firme n'est pas allée assez loin dans sa poussée vers le haut de gamme : elle nous a proposés un très bon smartphone quand on attendait un bijou sans compromis et sans bavure. En termes d'image, Huawei a peut-être choisi une ascension lente plutôt qu'une révolution qualitative : reste à voir si cela paiera à terme. En tout cas, le constructeur est sur la bonne pente !
Note : 80/100
Les plus :
? Une belle tentative haut de gamme, au rapport qualité/prix honnête
? Un smartphone pas trop grand et confortable en main
? De l'audace au niveau du logiciel : Emotion UI est très plaisante à utiliser et change les codes d'Android
? La barre de notifications entièrement personnalisable
? 4G Ready... quand ça sera effectivement « ready »
? L'appareil photo est une bonne surprise, avec en prime un déclencheur physique
? Les services Google sont très bien intégrés et de plus en plus performants
? Google Musique : un service unique que l'on ne trouve pas ailleurs que sur Android
Les moins :
? Quelques bugs dans l'interface, notamment avec les applications
? Quelques maladresses ergonomiques dans Emotion UI
? Le temps de charge considérable pour arriver à 100 %
? La conservation du vieux paradigme « Retour » « Home » « Menu » au niveau des boutons physiques qui n'a plus de sens sur Android 4.1
? La qualité des fonctions de téléphonie et le modem data, un peu décevant
Test réalisé par Julien Cadot
Date de publication : 07/06/2012.