Le Nova (comme son grand frère, le Nova Plus) est clairement un produit à part au sein du catalogue de Huawei. Ce petit produit très élégant ne ressemble pas aux autres gammes. Sorte de croisement rapetissé du Honor Note 8 et du Nexus 6P, le Huawei Nova est, autant vous le dire tout de suite, une vraie réussite pour un mobile milieu de gamme de la marque chinoise qui n'y brille habituellement que par le biais de sa marque alternative Honor.
Le Nova et le Nova Plus sont d'autant plus intéressants que, si les rumeurs sont exactes, Huawei les avait développés à l'origine pour enrichir la gamme Nexus (vous noterez d'ailleurs la proximité des deux noms, lesquels font partie d'un vocabulaire plutôt spatial...). Rappelez vous, les fuites affirmaient que Huawei préparait pour le compte de Google deux terminaux pour les Nexus suite à l'accueil relativement bon du Nexus 6P (et ce malgré une présence chez les distributeurs et les opérateurs loin d?être optimale).
A défaut de Nexus, tu t'appelleras Nova !
Or, Google a changé son fusil d?épaule et Richard Yu aurait refusé de signer pour les Pixel, gardant les Nova pour lui. Et les voilà ainsi, les deux « vilains petits canards », même si vilain n'est pas approprié ici, bien au contraire. Car que ce soit à l'extérieur, comme nous le verrons, ou à l'intérieur, le Nova ne manque pas de charme. Loin d?être en mesure de concurrencer un modèle comme le P9, le Nova adopte une configuration milieu de gamme équilibrée dont voici les détails :
- dimensions : 141,2 x 69,1 x 7,1 mm
- poids : 146 grammes
- écran IPS 1080p de 5 pouces (résolution de 441 pixels par pouce) avec verre minéral 2.5D
- chipset Qualcomm Snapdragon 625 octo-core Cortex-A53 cadencés jusqu?à 2 GHz.
- GPU Adreno 506
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC)
- batterie de 3020 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 6, WiFi n, Bluetooth 4.1, GPS (Glonass), radio FM, NFC
- Lecteur d'empreinte digitale
- USB 2.0 type-C et jack 3,5 mm
- capteur photo 12 mégapixels avec flash LED, autofocus à détection de phase, compatible Ultra HD en vidéo
- webcam 8 mégapixels
- Emotion UI 4.1 sur une base Android 6.0 Marshmallow
Dans cette fiche technique, peu de réelle déception, que ce soit au niveau du chipset, de la batterie ou de la RAM. Le mobile ressemble techniquement beaucoup à un P9 Lite, en plus petit, mais pas en moins performant. Le P9 Lite, comme le P9, nous avait plu lors de nos tests techniques. Et force est de constater que Huawei poursuit dans sa lancée avec un Nova tout aussi amusant à utiliser.
Un très beau châssis
Mais concentrons-nous tout d'abord sur la partie externe du téléphone. Le point le plus important à souligner est le design qui ne ressemble pas aux Px, mais au Nexus 6P ou au Honor Note 8 récemment dévoilé en Chine. Le châssis est fabriqué à partir d'une très grande pièce de métal qui couvre la majeure partie du dos de l'appareil, ses tranches latérales (où se trouvent la trappe des SIM et les boutons mécaniques et ses coins inférieurs. Deux autres pièces sont positionnées sur les tranches supérieure et inférieure avec des séparations typiques des coques métalliques. Celle du haut couvre les coins et dévoile le port jack 3,5 mm et le micro secondaire, tandis que celle du bas est plus petite. Elle comporte la grille du haut-parleur, le port USB et les deux vis pour sceller l'ensemble.
Deux dernières pièces du châssis sont à observer. Celle en bas du dos du mobile, laquelle est en plastique. Elle est là pour éviter l'effet Antennagate. Et celle en haut du dos où se trouve le bloc photo. Elle est en verre minéral et court le long de la bordure supérieure. C'est cette dernière, si caractéristique, qui rapproche physiquement le Nova du Nexus 6P. Sous cette pièce se trouve le lecteur d'empreinte, encore et toujours à l'arrière. Heureusement, cette mode devrait prendre fin. Déjà deux modèles chez Huawei ont vu leur lecteur d'empreinte passer à l'avant : le Mate 9 Pro et le Honor Magic.
Si agréable à manipuler...
A l'avant, le Nova est un smartphone typique de Huawei, avec la griffe de la marque sur la bordure inférieure (qui n'est pas tactile) et quelques éléments techniques accessibles sur la bordure supérieure. L?écran est surélevé grâce à un verre minéral 2.5D qui glisse très bien sous les doigts. En parlant justement de l?écran, cette dalle IPS dotée d'une résolution de 441 pixels par pouce. Le grain y est fin, le contraste bon (sans vraiment exceller) et les couleurs respectées. Les angles de vision sont également très ouverts. C'est donc un écran offrant de bonnes qualités visuelles.
A la prise en main, le Nova est tout aussi agréable que le P9. Il est léger. Il est fonctionnel. Sa coque ne glisse pas de trop. Les tranches semblent avoir été renforcées pour protéger le mobile en cas de pépin. La construction est solide. L'ensemble est peut-être un peu classique une fois passé la surprise du design marqué par le Nexus 6P, mais il n'y a pas d'obligation à surprendre pour être efficace et le Nova le prouve.
EMUI, pour le meilleur et pour le pire
Une fois allumé, le Nova présente la ROM customisée de Huawei, EMUI. Il ne s'agit pas de la version déjà croisée avec le Mate 9, mais la précédente. Elle est estampillée 4.1 et s'appuie sur Android 6.0.1 Marshmallow. En gros, il s'agit du système d'exploitation du P9 avec un habillage très légèrement différent au niveau des couleurs. Nous retrouvons donc les mêmes outils, les mêmes menus et les mêmes raccourcis qu'avec le P9. Nous retrouvons aussi une impression globale d'inspiration appuyée de Huawei sur iOS, ce que nous avions déjà noté avec le P9. Heureusement, nous savons qu?EMUI abandonne cela pour se recentrer sur ses atouts à partir du Mate 9.
Nous retrouvons aussi une belle complétude dans l'offre applicative avec de nombreux logiciels très utiles : un lecteur vidéo dédié (même si celle-ci n'est pas optimale, comme nous le verrons), une suite d'optimisation du système (pour vider la mémoire vive, supprimer des fichiers inutiles, modifier les préférences pour les notifications, gérer la consommation d?énergie, etc.), un gestionnaire de thème et bien d'autres choses. Le clavier est signé Touchpal. De nombreux détails ergonomiques et cosmétiques sont personnalisables. C'est le bon d'EMUI.
Surcharge pondérale applicative
Comme le P9, deux dossiers sont remplis d'applications commerciales plus ou moins utiles (ou désirées) : des jeux, des réseaux sociaux, du commerce électronique. Seuls WPS Office et News Republic trouvent grâce à nos yeux. Tout cela dans un dossier appelé « Meilleures apps ». Ben voyons ! Il n'y a malheureusement jamais de juste milieu en téléphonie : soit c'est frugal, soit c'est excessif. Le Nova, comme le P9, appartient à la seconde catégorie. L'impact sur le système aurait pu être le même que sur l'ancien porte-étendard de Huawei : un stockage qui n'est pas entièrement à la disposition de l'usager. D'autant que les applications préinstallées ne peuvent pas être supprimées, juste désactivées.
Or, ce n'est pas le cas. Si, au quotidien, le Nova est très fluide et très agréable à utiliser, il dispose de bien moins de puissance sous le capot que son cousin. Les résultats des benchmarks le montrent clairement : les scores sont généralement de 30 % à 40 % moins haut. La raison est simple : les chipsets des deux téléphones ne jouent pas dans la même cour.
D'un côté, le Kirin 955 et ses quatre coeurs Cortex-A72 assurent un afflux de puissance, tandis que le Snapdragon 625, aussi vaillant soit-il avec son Adreno 506 pour la partie graphique, est freiné du fait d?être équipé que de coeurs Cortex-A53. La différence est notable, alors que la définition de l?écran et la RAM sont identiques. Seule consolation : l'autonomie du Nova dépasse la journée d'utilisation, grâce, justement, à l'usage exclusif de Cortex-A53, plus économe que les Cortex-A73.
Tu n'es pas fait pour jouer !
Cette légère faiblesse technique se ressent immédiatement en jeu. Car Dead Trigger 2 dispose d'un outil fort efficace pour discerner si une plate-forme est robuste et à quel point elle peut l?être : le paramétrage automatique de la qualité des graphismes. Avec le P9, aucune surprise : le mobile se positionne de lui-même sur la meilleure qualité possible, effet de lumière et effets spéciaux compris. Avec le Nova, c'est tout l'inverse : il se positionne sur la qualité la moins bonne et désactive les effets afin de conserver la fluidité nécessaire à une expérience qualitative. Si vous lui forcez la main, le Nova acceptera d'afficher tous les détails. Mais au détriment de la fluidité.
Côté vidéo, le Nova est une bonne plate-forme, capable de décoder du Full HD et munie d'un lecteur vidéo dédié. Il s'agit du même logiciel que celui rencontré avec le P9. Mêmes qualités, avec de nombreux formats décodés, aussi bien en audio qu'en vidéo. Mêmes défauts sur les options de paramétrages et les sous-titres encapsulés. Ce qui nécessitera, pour certains d'entre vous, le téléchargement d'une autre application. Notez que l?écran Full HD excelle dans cet exercice et que la sortie audio offre un son puissant sans pour autant être saturé.
Des photos un peu froides
Enfin la photographie. Comme nous l'avons signalé précédemment, le Nova ne bénéficie pas des avancées technologiques du P9 dans ce domaine. Le capteur est ici un modèle 12 mégapixels (chaque pixel mesure 1,25 micron) associé à un autofocus à détection de phase, un flash true-tone et à un objectif ouvrant à f/2.0. Le tout est contrôlé par l'application photo du P9, laquelle dispose d'un mode manuel pratiquement complet. Les amateurs auront donc de quoi améliorer le rendu.
Avec cet équipement, la promesse de Huawei est de proposer des clichés lumineux : un objectif qui ouvre en grand, des pixels photosensibles très larges, etc. Et l'objectif est pratiquement rempli, comme en témoigne le cliché ci-contre. Il y a de la lumière. Il y a aussi de beaux contrastes. Il y a du détail, ce qui est plutôt étonnant pour un capteur 12 mégapixels. Et le ciel est bien bleu au-dessus de la capitale française. Il y a cependant deux petits soucis. Le premier est l?équilibre : il n'y en a pas. Certaines parties de la photo sont surexposées et d'autres sont plongées dans l'obscurité. Le second problème est colorimétrique : les couleurs sont froides et tirent vers le bleu.
Photo prise avec le Huawei Nova
Toutes les étoiles ont du mal à vieillir
En conclusion de ce test, nous avons apprécié le Nova parce que ce mobile raconte une histoire et parce que sa prise en main est très agréable. Développé à l'origine pour devenir un Nexus, le Nova est un téléphone relativement complet, qualitatif, doté d'un design premium et d'une plate-forme correcte. Pâtissant de quelques défauts d?équilibre (que ce soit technique au niveau de certains composants, ergonomique avec EMUI surchargée ou photographique), le Nova est un modèle qui est beau et plaisant, mais qui vieillira certainement moins bien qu'un autre Nexus ou qu'un membre de la famille P de Huawei.
Encore vendu autour de 350 euros, le Nova est cher, que ce soit face à la gamme Honor de Huawei, ou face à OnePlus ou Meizu. Au même prix, certains proposent des plates-formes plus performantes. De fait, le Nova n'est pas un achat technologique, mais un achat plaisir : vous aimez son design et vous adhérez. Sinon, passez votre chemin et optez pour un modèle plus carré au niveau de la plate-forme.