Depuis l'annonce de l'iPhone en janvier 2007, le petit monde de la téléphonie mobile est en ébullition. On ne vous apprendra rien en vous disant qu'il y a eu un avant et un après. LG a certes coupé le pied sous l'herbe d'Apple en sortant le premier Prada quelques semaines avant le smartphone à la pomme, aux alentours du juin 2007. Samsung a vite rejoint la danse et nous avons depuis près d'un an et demi une foule de mobiles tactiles qui ne nécessitent pas de stylet. Même des marques comme HTC ou Asus, présentes depuis très longtemps sur le segment des smartphones tactiles Windows Mobile ont emboîté le pas aux autres en essayant de superposer une couche logicielle sur le système d'exploitation de Microsoft pour qu'il soit lui aussi utilisable au doigt seulement. Avec plus ou moins de succès.
Pourquoi revenir sur ces faits ? Pour vous dire que pendant tout ce temps, Nokia était absent ! Le premier constructeur mondial n'a semble-t-il pas cru que le tactile rencontrerait un tel succès auprès du grand public. Du coup, il aura fallu attendre ce début d'année 2009 pour le voir enfin sortir un mobile entièrement tactile. Après une telle attente, on espérait au moins que le constructeur finlandais nous préparait une bombe dont il a le secret, un peu comme le fut le N95 en son temps. Le résultat ? Un smartphone certes complet, mais aux caractéristiques techniques un cran en dessous des cadors de la catégorie. Mais comme nous le verrons un peu plus loin dans le test, ce 5800 a d'autres atouts qui ne sont pas traduisibles dans une fiche technique.
Pour en revenir à ses caractéristiques, son écran de 3,2 pouces, doté d'une résolution de 640x360 pixels, offre 16,7 millions de couleurs affichables. Il embarque également un appareil photo numérique de 3,2 mégapixels, capable de filmer en résolution VGA. Côté connectique, le smartphone fait le plein, se révélant compatible avec tous les standards du moment comme l'Edge, la 3G+ (HSDPA), le GPS (A-GPS), le Wi-Fi (b/g) et le Bluetooth 2.0.
Contenu du Pack
Comme souvent avec Nokia, le pack du 5800 est plutôt bien fourni, comprenant :
? Un chargeur
? Une batterie
? Des écouteurs stéréo
? Un adaptateur jack 3.5 mm doté d'un micro
? Une carte mémoire microSD 8 Go et son adaptateur SD
? Un stylet qui s'attache sur le côté + un médiator en plastique (!)
? Un câble data USB
? Un câble sortie TV
? Le manuel d'utilisation
? Un CD contenant la dernière version de Nokia PC Suite ainsi que des utilitaires
Saluons comme il se doit la présence de la carte mémoire microSD de 8 Go ! Si LG en fournie aussi une avec son Renoir, on ne trouve qu'une carte de 1 Go dans le pack du Samsung Player Pixon. Autre bonne nouvelle : Nokia fournit un câble TV dans la boîte du 5800, ce qui n'est le cas d'aucun des concurrents tactiles.
Aspect et Design
Malgré sa « gueule d'écran », le 5800 parvient sans peine à se démarquer de la cohorte de mobiles tactiles grâce à un design tout en longueur. Il suffit de le poser à côté de ses concurrents pour se rendre compte que s'il est à peu près aussi long qu'eux, sa largeur est nettement plus réduite. La différence n'est toutefois pas flagrante au fond de la poche car le mobile est un peu plus épais qu'un iPhone ou qu'un Samsung Player Addict par exemple.
Sans être disgracieux, son look est plutôt quelconque. Les plastiques employés respirent néanmoins la solidité et ce mobile semble construit pour durer. Il est disponible en deux versions, essentiellement noires. Seul un liseré de couleur rouge ou bleu change selon le modèle.
Outre ce liseré, les flancs du 5800 sont passablement encombrés de boutons. C'est du moins vrai pour le côté droit qui propose les traditionnels boutons pour augmenter / diminuer le volume, un bouton poussoir pour verrouiller le clavier (sur lequel nous revindrons plus loin) et la touche de déclenchement de la fonction photo.
Sur le haut de l'appareil, on trouve un bouton pour mettre sous tension / éteindre le mobile et un cache qui protège l'accès au connecteur data.
Sur le flanc gauche de l'appareil, on trouve deux petits caches tout en longueur et qui pivotent. Le premier révèle l'emplacement de la carte microSD. Le second est un peu plus original puisqu'il s'agit en fait l'emplacement de la carte SIM. Néanmoins, pour l'enlever ou la remettre, il faut toujours enlever la batterie et utiliser le stylet pour la pousser. Le stylet en question vient se nicher à l'arrière du téléphone.
Fabriqué dans un plastique bas de gamme, il fait vraiment très cheap. Heureusement que le 5800 se pilote entièrement au doigt et ne nécessite pas vraiment l'usage d'un tel accessoire. Mais si vous y tenez vraiment, préférez plutôt celui en forme de médiator qui est également fourni et qui s'accroche sur le côté comme un bijou de mobile.
OS & Ergonomie
Grâce à sa forme tout en longueur, un peu particulière pour un tactile, le Nokia 5800 tient parfaitement en main. Le constructeur finlandais a, de plus, eu la bonne idée de doter son nouveau smartphone d'un bouton latérale qui permet de verrouiller et de déverrouiller l'appareil d'un simple geste. Sa taille conséquente permet de ne pas tâtonner pour le chercher : il tombe naturellement sous le doigt. Nokia a également placé une touche sensitive juste au dessus de l'écran. Le fait de l'effleurer déclenche une barre de raccourcis vers des fonctions multimédias. A l'usage, cela se révèle très pratique, surtout si vous jonglez régulièrement entre plusieurs fonctions.
Une fois que vous allumez le téléphone, c'est le nouveau système d'exploitation Symbian S60 5ème édition qui vous accueille. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il risque de diviser les foules. Certains lui reprocheront un manque flagrant d'innovation quand les autres loueront le passage au tactile dans la continuée de l'OS non tactile. Pour schématiser la situation, on pourrait dire que ce nouveau système d'exploitation n'est ni plus ni moins que la version tactile de celui qui équipe tous les smartphones de Nokia.
Pour les habitués de la marque finlandaise, quelques instants en compagnie du 5800 suffisent pour se sentir à l'aise, même si vous n'êtes guère familiers avec les mobiles tactiles. L'agencement des menus et le système d'exploration des différentes fonctions et dossiers est strictement identique. On retrouve même la barre de raccourcis des fonctions sur la page d'accueil. Nokia propose tout de même une petite nouveauté plutôt agréable : la barre des contacts. En lieu et place des raccourcis, la barre présente tout en haut de la page d'accueil regroupe vos 4 contacts favoris. Il suffit de cliquer sur l'un d'entre eux pour avoir un historique de toutes les dernières interactions (mail, SMS, appels, chat, etc.) avec ce contact. Si l'idée de base est assez plaisante, nous la trouvons inaboutie puisqu'elle ne concerne que 4 contacts.
Autre déception : si le tactile est parfaitement implémenté et géré par cette nouvelle mouture de Symbian, on aurait apprécié des fonctions novatrices, vraiment liées à cette technologie. Mais ne vous y trompez pas, malgré ces quelques petits reproches, le nouveau système d'exploitation est d'ores et déjà une franche réussite. Ne perdons pas de vue qu'il s'agit du tout premier produit tactile de Nokia et qu'il s'avère déjà plus stable que certains OS concurrents pourtant établis depuis des années. L'écran nous a en sus agréablement surpris par sa réactivité. On reste loin de l'ergonomie d'un iPhone mais dans la masse des challengers, le 5800 s'en tire très bien à ce niveau.
Nokia a également pensé à doter son produit d'un accéléromètre. Cette fonction permet de faire pivoter l'affichage de l'écran lorsque vous basculez le téléphone. Elle se révèle très pratique pour la consultation de photos, de vidéos ou pour passer le clavier en mode azerty. Malgré sa relative petite taille, vous aurez tôt fait de dompter ce dernier et de taper à une vitesse correcte. Pour les indécrottables du clavier alphanumérique, il suffit de tenir le téléphone à l'horizontal pour disposer de ce mode de saisie.
Finalement, malgré son classicisme et sa laideur assez prononcée, ce nouveau système d'exploitation n'a qu'un vrai point faible : son jeune âge. La richesse de la logithèque a toujours été la grande force des OS Symbian. Pour s'en convaincre, il n'y a qu'à regarder l'impressionnante quantité d'applications disponibles pour le précédent système d'exploitation non tactile, le S60 v3. Sans sa cinquième édition, celle qui anime ce 5800, l'OS est encore un peu chiche en logiciels. Mais ce n'est qu'une question de temps avant que les développeurs de tous bords corrigent le tir. D'ailleurs, le BlackBerry Storm est dans une situation un peu similaire.
Fonctions Multimédia (Appareil Photo / Vidéo)
Lors de l'annonce de ce 5800, nous avions été un peu déçu par les caractéristiques techniques. Nokia ne propose en effet qu'un module photo de 3,2 mégapixels pour son premier mobile tactile. On est loin des 8 mégapixels du LG Renoir et du Samsung Player Pixon ou même des 5 mégapixels des Touch HD et Samsung Player Addict. Mais tempérons tout de suite cette entrée en matière : la qualité photo ne dépend pas que des mégapixels. Ce qui prime avant tout, c'est la qualité de l'objectif. Et de ce côté, Nokia répond présent. Celui du 5800 XpressMusic est signé Carl Zeiss, comme pour les NSeries du même constructeur. Ce nom est souvent un gage de qualité, et cela se vérifie de nouveau avec ce smartphone. L'autofocus est bien sûr de la partie et s'avère très efficace.
Ce mobile prouve une fois de plus que Mme Michu peut mettre de côté ses à priori sur le supposé nombre de mégapixels / qualité de la photo. Les 3 mégapixels du 5800 se révèlent bien meilleurs que les 5 de tous les smartphones sous Windows Mobile que nous avons eu l'occasion de tester ! Le rendu des clichés est très bon en plein jour ou dans des conditions de luminosité optimales. Les couleurs sonnent justes, fidèles et les contours sont assez fins. Le soir ou dans des ambiances mal éclairées, le flash led n'est pas assez puissant pour permettre des clichés de qualité. La fonction photo du 5800 reste donc assujettie aux mêmes contraintes que celle de la plupart des mobiles : des photos correctes et exploitables le jour mais nettement moins le soir.
Photos prises depuis le Nokia 5800 XpressMusic en 2048*1536 pixels [cliquez pour agrandir]
Côté vidéo, le premier smartphone tactile de Nokia surprend encore. Il se permet en effet de filmer dans une résolution VGA, c'est à dire en 640x480 pixels. C'est mieux que beaucoup de téléphones à l'heure actuelle. N'oublions pas que le roi de la photo sur mobile, le Sony Ericsson C905, ne dépasse pas la résolution QVGA de 320x240 pixels. Là encore, le rendu est de très bonne qualité. Les vidéos enregistrées pixellisent certes un peu lorsqu'elles sont passées sur un écran plus grand que celui du téléphone, mais elle garde leur fluidité. Cette pixellisation devient par contre beaucoup plus importante quand la luminosité baisse.
Malgré le fait que ce 5800 soit dédié à la musique, il propose des fonctions d'imagerie très honnêtes, bien meilleures que ce que laissait supposer sa fiche technique. Nokia se montre de plus particulièrement généreux en vendant son smartphone accompagné d'une carte mémoire de 8 Go. Une telle capacité permet de prendre des tonnes de photos et de vidéos sans trop se poser de question.
Autres Fonctions (Lecteur MP3, WiFi, vidéo )
Vous vous doutez bien qu'avec le logo XpressMusic qui flanque son nom, le nouveau 5800 est dédié au son. Pour son passage au tout tactile, la gamme ne perd rien de ses qualités intrinsèques, à commencer par un très bon rendu audio. Même si la précision audio n'est toujours pas à la hauteur des meilleurs Walkman de Sony Ericsson ou de l'iPhone, le Nokia tactile s'en sort avec les honneurs. Le lecteur musical ne propose rien de bien nouveau mais se révèle très complet.
Il offre toutes les fonctions classiques comme la création de liste de lecture, le réglage des égaliseurs pour personnaliser le son, etc... Côté ergonomie, on retrouve à peu de chose près celle des lecteurs musicaux présents dans les NSeries non tactiles. On regrette du coup que le passage au tactile n'est pas apporté une refonte en profondeur pour cet usage. En l'état, l'ergonomie reste très bonne et l'écran tactile permet d'avancer plus vite dans une chanson. Mais on aurait apprécié davantage de touches de raccourcis pour tirer parti de sa grande taille.
Les écouteurs fournis avec le 5800 n'ont rien de mémorables et vous seriez bien inspirés de brancher les vôtres par le biais de la prise mini-Jack classique. Pour ceux qui veulent passer au sans-fil, le mobile est Bluetooth 2.0 et compatible avec le profil AD2P, c'est à dire avec les casques Bluetooth stéréo.
Le 5800 est également équipé de 2 haut-parleurs assez puissants qui permettent une restitution en stéréo. S'ils offrent au mobile un meilleur rendu que la plupart des concurrents, cela reste un peu juste pour sonoriser correctement une pièce, surtout du côté des basses.
Contrairement aux précédents modèles XpressMusic, le 5800 se débrouille très bien pour la consultation des photos et des vidéos grâce à son grand écran de 3,2 pouces doté d'une résolution de 640x360 pixels. Ceux qui ont déjà eu entre les mains un NSeries du même constructeur ne seront pas dépaysés du tout. On retrouve le même type de présentation. Mais l'apport du tactile est ici indéniable puisqu'on peut désormais cliquer sur la zone que l'on souhaite agrandir sans avoir à déplacer un curseur. L'écran sied bien à la vidéo mais il est quand même plus petit que celui de la plupart de ses concurrents du fait de sa résolution un peu particulière. De plus, il n'existe pas encore de lecteur de DivX pour la plateforme Symbian S60 v5. Il faut donc vous contenter des formats habituels sur le mobile comme le MP4 ou le 3GP. Du coup, le 5800 part avec un vrai handicap quand on le compare à des mobiles comme le LG Renoir, le Samsung Player Pixon ou le BlackBerry Storm. Ces trois appareils lisent tous le DivX de manière native. Toutefois, il ne devrait pas couler beaucoup d'eau sous les ponts avant qu'un logiciel permettant de lire ce type de fichiers soit disponible sur le Nokia tactile.
Le 5800 embarque également un navigateur web de bonne facture. Encore une fois, il reprend dans les grandes lignes celui que l'on trouve sur les smartphones S60 V3 de Nokia. L'apport du tactile est par contre indéniable et la navigation au doigt est un vrai régal. Attention, on n'atteint pas le degré de réactivité et de précision d'un iPhone, mais le surf reste plaisant malgré tout.
Enfin, pour accéder aux fonctions multimédias décrites plus haut, Nokia a placé un bouton sensitif au dessus de l'écran. Il suffit de passer le doigt dessus pour voir apparaître une barre de raccourcis vers le lecteur musical, le navigateur internet, etc
Conclusion (Plus et Moins)
Pour son premier mobile tactile (le second en fait si l'on compte un obscur modèle sorti il y a des années), Nokia fait bonne figure. Son smartphone n'a pas à rougir de la comparaison avec la plupart des modèles proposés par les autres constructeurs. Il se défend bien en multimédia malgré une fiche technique nettement moins impressionnante. Ses fonctions de téléphonie sont de plus assez réussies avec une autonomie d'environ 3 jours et une qualité d'appel satisfaisante. Néanmoins, ce produit conviendra en premier lieu aux amateurs de la marque finlandaise qui souhaitent passer au tactile.
Pour les autres, tout sympathique qu'il soit, ce 5800 ne saurait être comparé à un iPhone, ou même à un HTC Touch HD dans une moindre mesure. Il garde tout de même l'avantage d'être plus compact que tous ses concurrents et d'offrir une ergonomie proche de celle d'un mobile Nokia non tactile. Le tout à un prix très doux.
Note : 85/100
Les Plus :
? Qualité photo en plein jour
? Vidéos capturées VGA et fluide
? Compacité
? Les finitions solides
? Bon rendu audio
? Ergonomie agréable
? Système d'exploitation assez stable pour un premier mobile
? Ecran réactif : pas besoin de stylet
? Autant de fonctions que sur un NSeries
Les Moins :
? La qualité photo en environnement sombre
? Le nouveau système d'exploitation est ergonomique mais pas novateur
? L'écran un peu petit par rapport aux concurrents (résolution atypique)
? L'interface utilisateur très sommaire
Test réalisé par Stéphane Deschamps
Date de publication : 06/03/2009.