Éliminer les bordures autour de l?écran. C'est presque un leitmotiv en téléphonie depuis plus de deux ans et demi. Passage au 18/9e. Adoption des encoches, larges ou petites. Intégration de trous, de châssis coulissant, de tiroir mécanique ou de bloc photo rotatif. Certaines marques regorgent d'idée et espèrent grâce à cela attirer l??il des consommateurs. Le but : les amener un jour à ouvrir le porte-monnaie. À ce jeu de la séduction visuelle, la marque chinoise Oppo, membre émérite du Top 5 mondial et nouvel entrant (depuis 2018) du marché français, n'est pas la dernière. Loin de là.
Fiche technique complète
Cela a démarré avec le R11S en novembre 2017 et son écran panoramique avec de petites bordures. Cela a continué six mois plus tard avec le R15, premier modèle doté d'une encoche. Et le Find X a été l'un des précurseurs des designs sans webcam en façade, avec son châssis coulissant. Dès lors, les encoches sont devenues de plus en plus petites (comme avec le R17 et son encoche en goutte d'eau), si elles existaient encore, comme avec le F11 Pro et son tiroir pour webcam. Un tiroir encore classique avec ce mobile (similaire à celui du OnePlus 7 Pro) , mais qui a rapidement évolué.
Nous en venons donc aux Reno, modèles à l'esthétique prononcée et remplaçants des anciens R. « Aux », parce qu'ils sont trois : Reno, Reno 10x Zoom et Reno 5G. Ce test concerne le premier d'entre eux. C'est un smartphone milieu de gamme premium, positionnement historique des R. En voici les contours :
- Écran AMOLED 6,4 pouces d'une définition Full HD+, soit 402 pixels par pouce
- Protection de la dalle tactile en verre Gorilla 6 de Corning
- Chipset Snapdragon 710 de Qualcomm composé de deux coeurs Kryo 360 Gold cadencés jusqu?à 2,2 GHz, six coeurs Kryo 360 Silver cadencés jusqu?à 1,7 GHz et d'un GPU Adreno 616
- 6 Go de mémoire vive
- 256 Go de stockage interne non extensible
- Double capteur photo 48+5 mégapixels ; autofocus à détection de phase ; optiques qui ouvrent à f/1.7 et f/2.4 respectivement ; double flash LED
- Webcam 16 mégapixels à focale fixe avec objectif ouvrant à f/2.4 et tiroir motorisé
- Connectivité LTE catégorie 13, WiFi ac dual band, Bluetooth 5.0, NFC, GPS Glonass, jack 3,5, USB type-C
- Lecteur d'empreinte digitale intégré à l?écran
- Chipset audio compatible Dolby Atmos
- Batterie 3765 mAh compatible VOOC Charge 3.0
- Dimensions : 156,6 x 74,3 x 9
- Poids : 185 grammes
- Système d'exploitation : Color OS 6 (basé sur Android 9.0 Pie)
- Dans la boîte : kit mains libres, chargeur rapide VOOC charge, câble USB type-C, coque de protection, film de protection sur écran préinstallé
Comme vous pouvez le constater, le Reno est un smartphone milieu de gamme « premium » qui compte aussi beaucoup sur son élégance et son design que sur la puissance de sa plate-forme pour séduire les consommateurs. L'absence de port microSD est certainement ce qui nous chagrine le plus ici. Heureusement, une belle complétude dans l'offre et un certain équilibre technique promettent une expérience qualitative, comme nous le verrons tout au long de ce test.
Design audacieux
Commençons avec le tour du propriétaire. Le Reno est un smartphone plutôt élégant qui attire l??il, d'une part, avec ce grand écran sans bordure et sans encoche à l'avant et, d'autre part, avec ce design verticalisé à l'arrière. Une bande brillante est placée au centre de la coque irisée (et incurvée) et monte de la griffe de la marque jusqu'au flash LED pour souligner le double capteur photo (sans pour autant l'inclure). À l'arrière, le matériau semble être du polycarbonate, tandis qu? à l'avant il s'agit d'un verre minéral (Gorilla 6 de Corning affirme la fiche technique officielle).
Les tranches quant à elles sont couvertes de métal (avec séparations pour les antennes). Design verticalisé ici aussi, puisque deux rainures courent le long des tranches latérales, d'un coin à l'autre. Les touches mécaniques sont logées dans des renfoncements. Vous retrouvez à gauche le contrôle du volume et le tiroir des SIM. À droite, le bouton de mise en marche est isolé. En bas ont été rassemblés le haut-parleur (un placement pas toujours probant), le micro principal, le port USB type-C et le port jack 3,5 mm.
Un écran qui prend toute la place
En haut, vous retrouvez le fameux tiroir motorisé en forme d'aileron de requin où sont logés la webcam et le micro secondaire. L?écouteur téléphonique, très fin, est caché dans l?épaisseur de la partie noire de la tranche supérieure (celle qui protège l?écran). Le téléphone est assez massif et relativement lourd (même si cela paraît logique pour une telle taille). Mais la préhension est bonne et les rares boutons tombent naturellement sous les doigts.
Grâce à la déportation de la webcam, l?écran est donc parfaitement rectangulaire (hormis les coins arrondis). Cette dalle AMOLED mesure 6,4 pouces et affiche des images en Full HD+. Les angles de vision sont bons. Le contraste est naturellement très élevé (AMOLED oblige). La luminosité est dans la bonne moyenne (mais aurait pu être plus élevée). En revanche, les couleurs ne sont pas toujours très bien respectées, notamment au niveau du vert.
ColorOS : une ROM complète... peut-être même trop ?
En allumant le smartphone, vous découvrez donc ColorOS, une ROM basée ici sur Android 9.0 Pie. Il s'agit d'une interface typiquement « chinoise » (que vous pouvez donc comparer à MIUI, EMUI, Flyme, ZUI, etc.). Contrairement à OxygenOS de OnePlus qui opte pour une approche optimisée d'Android, ColorOS est une ROM qui se veut offrir une certaine « complétude » fonctionnelle.
Beaucoup de paramètres. Beaucoup de menus. Beaucoup d'applications customisées. Et quelques partenaires commerciaux (AquaMail, Facebook, Opera). Nous retrouvons d'ailleurs Centre de Sécurité, une application également présente dans MIUI qui a défrayé la chronique il y a quelques mois pour des problèmes de failles de sécurité. Notez aussi la présence de l'application « Espace Jeux » qui modifie les réglages des appels, des notifications et de la luminosité quand vous lancez un jeu.
Belle performance pour un modèle milieu de gamme
Malgré toutes ces modifications et ces ajouts, ColorOS reste fluide, notamment grâce à une fiche technique premium bien dotée : 6 Go de RAM et 256 Go de stockage (222 Go accessibles pour l'utilisateur). Cet espace très généreux vous fera rapidement oublier que le système d'exploitation pèse plus de 3 Go. Nous comprenons ici aisément que ColorOS serait vite encombrant sur un téléphone low cost. Et nous espérons vivement qu?Oppo saura simplifier l'expérience logicielle.
Les performances du smartphone sont très correctes. Comme vous pouvez le voir dans les captures d?écran ci-contre, le Reno obtient des scores honorables, dans la moyenne de tous les terminaux sous Snapdragon 710. Le Reno n'est ni le plus mauvais des élèves. Ni le meilleur. Notez que pendant les phases de test technique, le Reno a émis une chaleur perceptible. Les contours en métal aident à dissiper la chaleur. Le verre minéral un peu moins. Enfin, dernier point technique à aborder avant la partie multimédia : la batterie. Elle offre une autonomie légèrement supérieure à une journée d'utilisation « normale ». À cela s'ajoute un mode « ultra éco » qui prolonge encore l'autonomie (3 heures avec 10 % de batterie). La batterie se recharge en totalité en 90 minutes.
Bonne expérience multimédia
Passons à la partie multimédia. Le Reno est une plate-forme agréable pour regarder des films et jouer aux jeux disponibles sur le Play Store. Principale raison de cet avis positif : une dalle tactile parfaitement rectangulaire et plate, sans courbure, sans encoche, sans trou qui viendrait gâcher l'expérience (ou réduire la surface d'affichage).
La plate-forme prend en charge les jeux en 3D et les films en Full HD. Notre jeu test Dead Trigger 2 (ci-dessus) se positionne seul sur les meilleurs paramètres techniques (affichage détaillé et rafraichissement 60 images par seconde). En outre, le lecteur multimédia intégré au système se révèle efficace (même si les sous-titres ne sont pas toujours pris en charge). Le seul point faible du Reno en multimédia est son haut-parleur. Il est mal positionné et le son qui en sort est correct : une bonne puissance, mais une qualité moyenne. Préférez donc un usage au casque.
Des photos lumineuses pas toujours maitrisées
Finissons avec la photographie. Le Reno est équipé d'un double capteur, mais un seul des deux prend des photos. Il s'agit d'un IMX586 de Sony, le fameux capteur 48 mégapixels qui rencontre tant de succès auprès des constructeurs depuis le début de l'année. Par défaut, il capture les images en 12 mégapixels. Cela veut dire qu'il combine les informations de quatre pixels adjacents pour créer une image théoriquement plus lumineuse.
Et cela se ressent dans la réalité. Les clichés sont lumineux, objectif ouvrant à f/1.7 oblige. Les couleurs sont bien restituées. Et il y a beaucoup de contraste. Le seul défaut du procédé est le zoom. Dès que vous zoomez dans la photo, pour recadrer, la photo perd en netteté et du grain apparaît, lissant les détails. Notez également que le capteur pourrait mieux gérer l'afflux de luminosité et les différences entre les zones lumineuses et les zones sombres.
Photos réalisées avec l'Oppo Reno : mode automatique, zoom et mode portrait
Contrairement au Reno 10x Zoom, le Reno ne profite pas d'un stabilisateur optique. Attention donc aux tremblements, notamment si vous forcez le passage au 48 mégapixels. Le mode portrait fonctionne bien. Les photos en basse luminosité sont moyennes, avec beaucoup de bruits. Et la webcam lisse trop les visages, donnant un aspect un peu artificiel. Mais c'est un filtre que les usagers chinois aiment beaucoup et qui se retrouve aussi chez certains concurrents.
Un smartphone visuellement attirant
En conclusion, le Oppo Reno est un smartphone plaisant, au design à la fois audacieux et classique. D'une part, il crée la surprise avec cette webcam qui apparaît au-dessus de l?écran. Et d'autre part, il offre une prise en main traditionnelle servie par un écran qui prend toute la place en façade. Malgré cet attrait pour l'oeil, quelques petites retouches auraient pu encore optimiser l'expérience globale, sans pour autant avoir besoin d'enrichir la fiche technique.
La ROM ColorOS, qui a été améliorée ces dernières années, pourrait gagner en clarté, tout en gardant cette belle complétude fonctionnelle, notamment au niveau des réglages. Le haut-parleur mériteriterait d'être déplacé. Et la partie photo et la partie multimédia sont à parfaire, avec quelques petits défauts à gommer. Reste à évoquer son prix : s'il mérite son coût et s'il paraît être plutôt bien positionné face à une marque comme Samsung ou Huawei, le Reno se fait bousculer par certains concurrents chinois comme Xiaomi ou Honor.