Certains constructeurs préfèrent mettre à jour leurs smartphones tous les ans, le temps que les campagnes de communication fassent leur ?uvre. Archétype de cette catégorie : Apple. D'autres constructeurs ne s'embarrassent pas des us et coutumes d'Apple et renouvellent leurs terminaux plus souvent. C'est le cas de la plupart des constructeurs chinois, même si Motorola prouve, cette année avec les Moto G8, que cette pratique ne leur est pas exclusive. Et Oppo ne fait pas exception.
Renouvellement express
Ainsi, quatre mois après l'officialisation du Reno 1er du nom, testé ici dans nos colonnes, Oppo a présenté le Reno 2. Un mois plus tard, il est annoncé en Europe. Il ne lui faut que quelques jours pour arriver sur les étals français, son prédécesseur disparaissant ainsi aussi rapidement qu'il était arrivé, tel un tour de prestidigitation opéré de main de maître. D'autant plus que, outre un design très proche, les deux modèles sont vendus au même prix ce qui renforce l?hypothèse d'un remplacement et non d'une évolution. Observons la fiche technique :
- Écran AMOLED 6,5 pouces d'une définition Full HD+, soit 402 pixels par pouce
- Protection de la dalle tactile en verre Gorilla 6 de Corning
- Chipset Snapdragon 730G de Qualcomm composé de deux coeurs Kryo 470 Gold cadencés jusqu?à 2,2 GHz, six coeurs Kryo 470 Silver cadencés jusqu?à 1,8 GHz et d'un GPU Adreno 618
- 8 Go de mémoire vive
- 256 Go de stockage interne extensibles avec microSDXC (256 Go maximum)
- Quadruple capteur photo 48+13+8+2 mégapixels ; autofocus à détection de phase ; optiques qui ouvrent à f/1.7, f/2.4 et f/2.2 respectivement ; double flash LED ; zoom optique 2x (zoom hybride 5x)
- Webcam 16 mégapixels à focale fixe avec objectif ouvrant à f/2.4, flash frontal et tiroir motorisé
- Connectivité LTE catégorie 13, WiFi ac dual band, Bluetooth 5.0, NFC, GPS Glonass, jack 3,5, USB type-C, tuner FM, dual nano SIM (dont un port hybride)
- Lecteur d'empreinte digitale intégré à l?écran
- Batterie 4000 mAh compatible VOOC Charge 3.0 (puissance 20 watts)
- Dimensions : 160 x 74,3 x 9,5
- Poids : 189 grammes
- Système d'exploitation : Color OS 6.1 (basé sur Android 9.0 Pie)
- Dans la boîte : kit mains libres, chargeur rapide VOOC charge, câble USB type-C, coque de protection, film de protection sur écran préinstallé
Parmi les changements apportés, vous retrouvez donc un écran légèrement plus grand, un nouveau chipset plus performant, 2 Go de RAM supplémentaires, un lecteur de carte microSDXC bienvenu, deux capteurs photo supplémentaires (dont un avec zoom optique), un stabilisateur optique pour le capteur 48 mégapixels, une batterie plus importante et un flash frontal pour la webcam. Ce n'est donc pas rien.
Au cours de ce test, nous nous emploierons donc à répondre à trois questions. D'abord, quelles sont les différences (et les améliorations) apportées au Reno 2 ? Ensuite, le smartphone offre-t-il une aussi bonne expérience que son prédécesseur (voire une meilleure) ? Enfin, y avait-il vraiment besoin de renouveler le Reno aussi vite ? Nous avons répondu en grande partie à la première question grâce à la fiche technique. La réponse à la troisième question est plus mitigée comme vous le verrez.
De très légères modifications ergonomiques
Faisons d'abord le tour du propriétaire. Quelques mois à peine après notre test du Reno, ce Reno 2 nous semble très familier. Nous retrouvons une grande dalle tactile à l'avant, sans bordure, sans trou et sans encoche. Nous retrouvons bien sûr le tiroir motorisé en forme d'aileron de requin qui a tant fait parler le printemps dernier. Nous retrouvons également un positionnement presque identique pour les éléments techniques, notamment le bloc photo, les boutons mécaniques, le port USB, les microphones, le port jack, le haut-parleur mono (qui n'a malheureusement pas bougé) ou encore l?écouteur téléphonique toujours caché dans l?épaisseur entre l?écran et la coque.
Cette dernière est toujours formée de verre minéral sur les faces et d'aluminium, avec quelques séparations entre les segments pour isoler les antennes (héritage de l'antennagate). Le bouton de mise en marche bénéficie toujours d'un trait de couleur assorti avec le petit cercle visible sous le bloc photo. Un ?il averti constatera que le tiroir des SIM a été déplacé de la tranche de gauche vers la tranche de droite, peut-être pour y inclure le lecteur de carte microSD sur le second emplacement nano SIM.
La diagonale de l?écran du Reno 2 atteint 6,5 pouces. Soit 0,1 pouce de plus que celle du Reno. L?écran n'est pas plus large, mais un peu plus haut. Son ratio passe de 19,5/9e à 20/9e. Ce qui explique que la résolution ne baisse pas grâce à l'ajout de pixels en hauteur. La dalle est AMOLED, offrant des taux de contraste infinis et de belles couleurs que le Reno 2 restitue bien. La luminosité maximale est de 500 candelas, ce qui est largement suffisant pour assurer une bonne lisibilité en plein jour.
La même interface habillée d'un thème inédit
Une fois allumé, le Reno 2 dévoile ColorOS, ici en version 6.1. Cette ROM est basée sur Android 9.0 Pie. Elle ressemble en tout point à celle du Reno que nous avons testé au mois de juillet. Vous remarquerez que le thème préinstallé est différent, mais l'emplacement et le design des différents éléments techniques sont strictement identiques. Nous louons donc avec plaisir le retour de certaines bonnes idées (parfois empruntées à la concurrence), comme la petite fenêtre de raccourcis flottante (que vous pouvez customisée, évidemment), l'espace jeu, le clonage d'applications (utile si vous avez plusieurs comptes sur un même service), l?éditeur de vidéo SoLoop, ou encore l'assistant intelligent, alternative à l?écran des widgets d'iOS ou à l?écran Shelf d?OxygenOS (entre autres).
Nous sommes un peu plus dubitatifs vis-à-vis de la profusion d'applications qu?Oppo implémente dans sa ROM. Nous comprenons bien évidemment l'utilité d'intégrer AquaMail dans ColorOS, puisque Gmail est indisponible en Chine. Mais est-ce vraiment nécessaire d'imposer Facebook et Opera ? Ne serait-il pas plus opportun, même si cela peut paraître intrusif, d'afficher, comme certains concurrents, une page au premier démarrage demandant à l'utilisateur ce qu'il souhaite installer parmi une sélection d'applications partenaires ?
De bien meilleures performances
Heureusement, ColorOS est un firmware qui reste fluide grâce à une plate-forme nerveuse (basée sur le Snapdragon 730G) et sur une quantité de mémoire vive considérable (8 Go). De fait, la surcharge applicative ne se ressent pas. Notez aussi que la grande majorité des applications tierces peuvent être désinstallées si vous n'en avez pas l'usage. Enfin, Oppo a eu la bonne idée d'inclure 256 Go de stockage dans sa phablette. Difficile de s'y retrouver à l?étroit.
Côté autonomie, le Reno 2 fait mieux que son prédécesseur avec une journée et demie d'utilisation classique. Bien sûr, selon vos usages, l'autonomie pourrait être meilleure (ou moins bonne). La batterie tient une douzaine d?heures de surf sur Internet en continu et une vingtaine d?heures de visionnage de vidéo (en Full HD et en local). À cela s'ajoute une recharge rapide efficace : 40 % chargés en une demi-heure et 100 % chargés en moins d'une heure et demie.
Du point de vue des performances, le Snapdragon 730G, accompagné de 8 Go de RAM, offre des performances dignes du segment premium : suffisant pour tous les usages, mais un peu en dessous de ce qu'attendraient des utilisateurs chevronnés. Sans trop de surprise, le Snapdragon 730G se positionne en dessous des chipsets haut de gamme comme le Snapdragon 855 et le Kirin 980, mais au-dessus des Snapdragon 6XX. Que ce soit dans les tests destinés aux processeurs, au processeur graphique ou à un mix des deux. Vous trouverez ci-dessus quelques exemples de résultats obtenus avec le smartphone sur AnTuTu, Geekbench, 3Dmark ou GFXBench.
Belle expérience multimédia
En multimédia, le Reno 2 offre une expérience assez proche de celle du Reno. D'abord parce que le Snapdragon 730G, accompagné des 8 Go de RAM, offre une bonne fluidité aux jeux que vous trouverez sur le Play Store, même ceux qui utilisent un moteur 3D. Notre jeu étalon Dead Trigger 2 s'est très bien comporté, affichant de lui-même la meilleure qualité graphique (avec un taux de rafraîchissement à 61 images par seconde précisément). Les séquences de jeux ont été fluides. Notez que des bandes noires apparaissent à cause du ratio de l?écran. Ce n'est pas exclusif au Reno 2. Mais il en est malheureusement victime.
Ensuite, avec ce bel écran, vous aimerez profiter de vos contenus vidéo, même si le lecteur vidéo natif de ColorOS n'est pas aussi complet que celui de Samsung One UI par exemple (mais c'est un détail qui est vite réparable avec le Play Store). Vous préférerez certainement utiliser un casque audio, que ce soit pour jouer ou regarder des films, au lieu de vous appuyer sur le haut-parleur qui, malgré un rendu sonore de bonne qualité, n'est clairement pas bien positionné. Un constat que nous faisions déjà avec son prédécesseur. D'autant plus que l?écouteur téléphonique n'agit pas comme un second haut-parleur.
Equipement photo largement amélioré
Enfin, finissons ce test avec la photo. Rappelons les principaux détails du quadruple capteur photo présent à l'arrière. Le capteur principal est un modèle 48 mégapixels. Par défaut, il capture des images en 12 mégapixels. Il n'est pas stabilisé, mais il est accompagné d'un autofocus hybride (détection de phase et laser). Il y a un capteur 13 mégapixels associé au téléobjectif avec zoom optique 2x et zoom hybride 5x. Enfin, il y a le capteur 8 mégapixels pour les panoramas. Le dernier capteur monochrome sert pour réaliser des effets (isolation de couleur, mode portrait, apport de luminosité). L'ensemble est piloté par une application très complète (pour les photographes avertis) et facile à prendre en main (pour les néophytes).
Nouveau quadruple capteur et interface "pro" de l'application photo
Les photos réalisées par le capteur principal, celui que vous utiliserez le plus souvent, sont d'excellente qualité quand les conditions lumineuses sont optimales. Beaucoup de détails. Du contraste. Des belles couleurs fidèlement reproduites. Une lumière bien dosée et maîtrisée. En 12 mégapixels, la qualité est largement suffisante, même pour imprimer en grand format vos clichés. Et forcer le passage en 48 mégapixels est quasiment inutile (sauf si, encore une fois, vous êtes un expert en photo et en retouche). En basse lumière et de nuit, le Reno 2 ne démérite pas. Grâce à l'autofocus laser, les clichés sont pris rapidement, comblant en partie l'absence de stabilisateur optique. Le mode « nuit » est particulièrement efficace et révèle de nombreux détails qui sont invisibles quand il est désactivé.
Photos réalisées avec le capteur principal, le téléobjectif avec zoom optique et zoom hybride
Le capteur 13 mégapixels et le téléobjectif réalisent eux aussi de beaux clichés. Peut-être un peu moins bien maîtrisés au niveau de la lumière. Cependant, le résultat est très convaincant (encore une fois, quand la luminosité est bonne). En utilisant le zoom hybride, vous constatez que le travail fourni par les algorithmes n'est pas anodin : le bruit n'est que très peu présent, tandis que la qualité de la photographie reste bonne. Enfin, le capteur 8 mégapixels avec objectif grand-angle ne produit pas les meilleures images, mais il est doté d'un autofocus qui lui offre la possibilité de prendre des photos à moins de 3 cm de distance du sujet, comblant l'absence d'un capteur macro.
Une mise à jour considérable qui aurait dû concerner le premier Reno
Nous en arrivons donc à notre conclusion. Le Reno 2 offre une belle expérience générale. Grand écran et design moderne, avec ce tiroir motorisé à la forme caractéristique. Qualité des matériaux digne d'un haut de gamme. Plate-forme puissante, même si elle ne suffira pas aux plus exigeants. Éventail photographique varié grâce à plusieurs capteurs complémentaires et à un coprocesseur de traitement d'image efficace. Profusion de paramètres pour configurer et personnaliser l'interface. Bref, le Reno 2 est un bon smartphone.
Revenons donc à nos trois questions du début du test. L'expérience est-elle bonne ? Oui. Meilleure que celle du Reno originel ? Bien sûr, même si l'interface est toujours aussi chargé et que le haut-parleur n'a pas été déporté. Le prix est-il justifié ? Il l'est autant, voire plus, que le Reno lors de son lancement. Les améliorations sont-elles assez importantes pour justifier un remplacement ? Avouons-le : oui.
La nouvelle configuration photographique, le nouveau chipset, les 2 Go de RAM supplémentaires, la batterie plus généreuse, ce sont autant de bonnes raisons qui justifient ce remplacement rapide du Reno 1. Dommage que toutes ses bonnes intentions n'aient pas concerné ce dernier dès le départ.