Si le Galaxy S9 est un « porte-étendard », une vitrine technologique qui permet à une marque de montrer ce qu'elle est capable de produire en y mettant les formes, il n'est pas le modèle le plus important commercialement. Parce qu'il coûte une fortune en subvention aux opérateurs. Parce qu'il est très cher en open market. Et même si les marges sont excellentes, les volumes sont loin d'arriver à la hauteur des mobiles de la famille J. Ce sont eux qui permettent à Samsung d?être numéro 1 mondial en nombre de terminaux.
L?histoire du Galaxy A6, avant même de parler de ses qualités et de ses défauts dans ce test, mérite que nous nous y attardions pour bien comprendre certains points que nous soulèverons dans les lignes qui vont suivre. Le Galaxy A6 est l'un des remplaçants du Galaxy J5 (2017). Ce dernier a en effet deux successeurs. Le A6, son successeur « technologique » (plate-forme similaire, même design), et le J6, son successeur « marketing » (même positionnement tarifaire). Sur le papier, les deux mobiles sont les mêmes : même chipset, même écran, même palier de mémoire (RAM et stockage), même batterie. Il y a pourtant deux différences : le design, intégralement en aluminium pour le Galaxy A6, et les capteurs photo. Voici d'ailleurs la fiche technique du A6 en détail :
- dimensions : 149,9 x 70,8 x 7,7 mm
- poids : 159 grammes
- ratio écran / surface du mobile : 75 %
- format d?écran : 18,5/9e (Infinity Display)
- écran Super AMOLED HD+ de 5,6 pouces (résolution de 294 pixels par pouce) avec encoche
- chipset Exynos 7870 Octa avec huit coeurs Cortex-A53 cadencés jusqu?à 1,6 GHz
- GPU ARM Mali-T830 MP1
- 3 Go de mémoire vive
- 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 256 Go sur emplacement dédié)
- batterie de 3000 mAh (non amovible)
- compatible LTE catégorie 6, WiFi n, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), radio FM, NFC, ANT+, Dolby Atmos
- port microUSB 2.0 et port jack 3,5 mm
- lecteur d'empreintes digitales au dos
- capteur photo 16 mégapixels avec objectif ouvrant à f/1.7, flash dual LED et autofocus à détection de phase
- webcam 16 mégapixels avec flash frontal et objectif ouvrant à f/1.9
- dual SIM (nano SIM)
- Android 8.0 Oreo avec interface Samsung Experience
Voici une fiche technique qui ne tient pas la comparaison avec les autres modèles de la gamme A, que ce soit le Galaxy A8 de 2018 ou le Galaxy A5 de 2017, deux modèles théoriquement comparables. Le chipset est plus lent, le GPU est au ras des pâquerettes, l?équipement photo est moins intéressant, la définition de l?écran est moins bonne, l?étanchéité est absente (sans parler Samsung Pay), le chargement rapide à disparu, de même pour le verre minéral Gorilla Glass remplacé par un autre matériau. Nous ne sommes clairement pas sur la même gamme. Cependant, il faut excuser ces quelques désagréments : le Galaxy A6 est beaucoup moins cher que les Galaxy A8 et A5 (2017), 499 euros et 429 euros respectivement.
Des airs de Galaxy J5 (2017)
Position ambiguë donc pour ce Galaxy A6 propulsé dans le milieu de gamme bien malgré lui, uniquement parce que Samsung voulait repositionner son offre entrée de gamme (le Galaxy J6 est vendu 279 euros, soit le même prix de lancement que le J5 (2017)). L'un des buts de ce test sera de savoir si l?écart de prix entre le J6 et le A6 est justifié dans la proposition. L'autre but sera de se demander si la proposition tarifaire est juste, même si nous savons d'ores et déjà que ce petit mobile usurpe un peu son nom.
Commençons donc avec le design. C'est le même design que le Galaxy J5 (2017), ni plus ni moins. Nous retrouvons la coque entièrement métallique. Le coloris de notre version de test est rose doré avec un effet iridescent plutôt joli. L'un des avantages de cette coque vis-à-vis du verre minéral du Galaxy A6 est de ne pas retenir les traces de doigts. Un autre est de ne pas glisser. Les séparations pour les antennes forment un U fermé par la bordure supérieure et inférieure. Le capteur photo, placé au centre de la coque, est flanqué à droite du flash LED.
Un équipement pas toujours très moderne
Sous le capteur se trouve le lecteur d'empreinte digitale (emplacement hérité du Galaxy S9), une des nouveautés apportées à ce modèle vis-à-vis du Galaxy J5 (mais dont profite aussi le Galaxy J6). La tranche de gauche héberge les touches de contrôle du volume sonore et les deux tiroirs pour les deux cartes SIM (le grand) et pour la carte microSDXC (le petit). À l'opposé, nous retrouvons le bouton de mise en marche et le haut-parleur, un placement hérité des modèles J et A de 2017.
Sur la tranche inférieure se trouvent le port microUSB (une connectique qui ne devrait plus avoir sa place dans la gamme A), le port jack 3,5 mm et le microphone. À l'opposé, la tranche supérieure est vierge de tout élément. Il semble que le Galaxy A6 soit donc dépourvu de micro secondaire pour la réduction de bruit active. L'ergonomie générale du mobile est qualitative, avec une bonne tenue. Il sera cependant difficile, comme pour tous les smartphones dotés d'un grand écran, d'atteindre le haut du téléphone à une seule.
Quelques concessions au niveau de l'écran
À l'avant, nous retrouvons un écran Super AMOLED de 5,6 pouces au format Infinity Display (18,5/9e). La définition est HD+, pour une résolution qui aurait pu être meilleure pour un Galaxy A, notamment sur la luminosité. De même, les bordures autour de l?écran auraient pu être plus fines. Mais souvenons-nous qu'il s'agit d'un « faux Galaxy A ». La webcam, le flash et l?écouteur sont présents au-dessus de la dalle. La bordure inférieure n'est pas tactile.
Les touches de navigation sont donc intégrées à l'interface. L?écran du Galaxy A6 est assez clair, avec un beau contraste (AMOLED oblige), mais la visibilité en plein jour n'est pas optimale, faute à une luminosité maximale un peu en retrait. Les couleurs sont généralement bien respectées (même si certains réglages à voir dans les paramètres améliorent l'affichage de certaines couleurs). Les angles de vision sont larges.
Une interface qui continue d'être nettoyée
L'interface du Galaxy A6 est Samsung Experience 9.0. Cette ROM est basée sur Android 8.0 Oreo. C'est une interface très travaillée où les icônes (des applications, des touches de navigation ou des paramétrages rapides) et les menus ont été repensés vis-à-vis d'Android « vanilla ». Rien de bien nouveau pour Samsung, les habitués de la marque retrouveront rapidement leurs repères. À gauche de l?écran d'accueil, vous retrouvez Bixby Home, alternative à Google Now et à l?écran Siri. Ce panneau concatène des informations locales, des alertes personnalisées et un peu de marketing avec des liens vers Galaxy Apps.
Dans le menu de paramétrage, vous retrouvez de nombreux outils liés à Android, ainsi qu'un panel de services développés par Samsung : un gestionnaire de thème, un réglage de la colorimétrie (pour passer en mode « Photo » et corriger l'excès de contraste sur les couleurs), les fonctions avancées (Game Launcher, geste sur le lecteur d'empreinte, etc.) ou encore Maintenance de l'appareil (pour nettoyer l'arborescence des fichiers, libérer de la mémoire vive et gérer le mode économie d?énergie).
Beaucoup d'applications, mais subtilement cachées
L'interface est, à première vue, assez vide d'applications. Leur nombre à l?écran d'accueil est limité au strict minimum (et aux obligations contractuelles définies par Google) : téléphone, contact, appareil photo, Internet, messagerie, Play Store, dossier Google et le fameux dossier Microsoft (résultat du partenariat commercial entre Samsung et la firme de Redmond). Dans ce dossier se trouvent Office, OneDrive et Linkedin.
Mais ce ne sont pas les seules, car d'autres logiciels sont également accessibles par le biais du tiroir des applications : Facebook d'une part et les applications Samsung d'autre part (celles qui ne sont pas liées au système). Cela comprend Samsung Health, pour le bien-être et le fitness, Smart Things, pour connecter le mobile à un objet connecté, Samsung Notes, le dossier sécurisé (pour protéger des fichiers avec Knox) et l?éternel Galaxy Apps, alternative marketing au Play Store.
Une interface pas très légère...
Tout ce beau monde, ça pèse évidemment sur le système d'exploitation. Sur les 32 Go intégrés théoriques, vous n'en avez vraiment qu'une petite vingtaine. Soit un peu moins des deux tiers. De même côté RAM, le smartphone compte 3 Go de mémoire vive, mais le système en prend plus de la moitié rien que pour lui.
Ajoutez à cela un chipset relativement modeste pour un membre de la gamme A de 2018, ce n'est donc pas une surprise si nous observons quelques ralentissements en ouvrant quelques applications. Des ralentissements, mais aussi un peu plus de consommation d?énergie que d'autres modèles comparables sortis chez Samsung cette année ou en 2017. L'autonomie moyenne dépasse à peine les 8 heures quand un Galaxy J5 (2017) atteint les 10 heures et qu'un Galaxy A8 (2018) dépasse les 9 heures.
... qui pèse sur la plate-forme
Le Galaxy A6 est donc, du côté technique pur, un peu en retrait, avec son Exynos 7870 doté d'un tout petit GPU ARM Mali-T860 MP1. Et cela se confirme du côté des benchmarks où le Galaxy A6 offre des résultats très similaires à ceux du Galaxy J5 (2017). Le mobile se place toujours en dessous du Galaxy A8 (2018) (et parfois de très loin), comme sur Geekbench. C'est le plus gros point faible. Face à la concurrence chinoise, le Redmi Note 5 par exemple (vendu 100 euros moins cher), la comparaison est difficile. Vous trouverez les résultats de nos tests dans les captures ci-dessous.
Cette plate-forme est bien sûr suffisante pour les usages classiques, tels que les réseaux sociaux, la messagerie, la photographie et même quelques jeux du type Candy Crush Saga. En revanche, pour les jeux un peu plus gourmands, nous ne vous recommandons pas ce smartphone. Même si Dead Trigger 2, notre jeu étalon, s'est relativement bien comporté, nous avons observé des ralentissements disgracieux, lesquels peuvent nuire à l'expérience. Notez que le jeu opte automatiquement pour les graphismes les moins détaillés. Il accepte néanmoins de fonctionner avec les meilleurs graphismes. Mais cela ne va pas sans quelques concessions.
Une bonne expérience multimédia
Côté multimédia, nous retrouvons ici avec plaisir le lecteur vidéo hérité de Touchwiz. Voilà bien une application que nous apprécions et nous sommes ravis de voir qu'elle a survécu sans avoir perdu sa large compatibilité avec les formats usuels de fichiers audio et vidéo. L'application n'est pas « installée » au premier démarrage. Elle est cachée dans la version Samsung de « Galerie ». Ouvrez simplement un fichier vidéo pour l'ouvrir. Si vous souhaitez voir son icône dans le tiroir des applications, rendez-vous dans Samsung Apps.
Le visionnage des vidéos sur le Galaxy A6 est relativement bon, même si le format d?écran amène parfois l'apparition de bandes noires plus épaisses qu?à l'accoutumée (notamment sur les vidéos en 16/9e). Le haut-parleur est très bien positionné, projetant vers le haut un son relativement clair (même si nous préférons quand même l?écoute au casque). Il tombe rarement sous un doigt.
Belle expérience en photo...
Côté photo, enfin, le Galaxy A6 produit des photos très correctes, mais pas dénuées de quelques défauts. Rappelons que le capteur principal est un modèle 16 mégapixels avec objectif ouvrant à f/1.7. C'est, avec le châssis métallique, l'un des deux points de différenciations du A6 vis-à-vis du J6. Il est accompagné ici d'un contrôleur plutôt complet, avec mode Pro, panorama, nuit, sport, etc.
En outre, il propose Bixby Vision, un outil géré par l'intelligence artificielle pour reconnaître un produit, lire un code-barre, traduire à la volée des mots ou vous guider vers un point d'intérêt. Il y a également quelques autocollants à placer en « réalité augmentée », type Snapchat. La prise de vue propose deux modes de visualisation : 4/3 classique ou 18/9e pour tirer profit du large écran. La photo ci-dessous a justement été prise en 18/9e.
... pour des résultats à la hauteur de la gamme A
Revenons aux résultats. Premier point important et très positif : Le Galaxy A6 prend des photos très équilibrées. Pas de zones d'ombre où vous ne pouvez rien voir. Pas de zones brûlées. Les nuages sont parfaitement dessinés et les passants dans la rue en contrebas sont bien visibles. En zoomant, les clichés sont détaillés, sans flous disgracieux. Les couleurs sont plutôt bien respectées, même sans avoir besoin d'activer le HDR (mode que nous irions jusqu?à vous déconseiller, car il génère des flous à cause du temps de pause relativement long). De même en mode « portrait » où Bugdroid est entouré d'un flou bokeh du plus bel effet. Et ce, sans double capteur !
Côté points négatifs, nous en trouvons deux. D'abord, un manque général de luminosité et de contraste (qui peut être partiellement réglé en activant le HDR). Ensuite, la gestion de la lumière en basse luminosité, conditions qui génèrent un bruit considérable. Et là encore, des couleurs très manque de peps. Curieusement, le capteur avant, également un modèle 16 mégapixels, s'en sort parfois mieux?
Un faux Galaxy A, mais un très bon Galaxy J
En conclusion, le Galaxy A6 est un smartphone qualitatif qui n'aurait pas dénoté parmi les Galaxy J, et qui ne méritait pas de passer du côté des Galaxy A. D'abord parce qu'il ne répond pas à tous les prérequis du segment auquel s'adresse un A8 (2018), par exemple. Ensuite parce que la justesse de sa plate-forme pose plusieurs soucis d'usage et d'autonomie, des critères auxquels répondent les concurrents
Même avec son châssis métallique et ses deux capteurs 16 mégapixels, le A6 est très proche du J6. Peut-être même trop pour justifier l?écart de prix entre les deux mobiles. Un écart d'autant plus difficile qu'il positionne le Galaxy A6 dans un segment commercial au-dessus de certains terminaux chinois concurrents bien meilleurs. Le Redmi Note 5, cité dans le test, en est un. Tout n'est pas à jeter dans le Galaxy A6. Il dispose de quelques arguments si vous cherchez un appareil relativement simple, fonctionnel et avec un design bien travaillé. Mais vous pourriez trouver aussi bien sous la barre des 200 euros?