Sony a décidé d'aborder l'année 2016 avec une nouvelle stratégie et, surtout, une nouvelle série X pour remplacer toutes les anciennes. Ou presque. Si c'en est définitivement fini des Xperia C, M et Z, la firme a tout de même choisi de reconduire la série E avec le Xperia E5. Une exception qui nous semble assez facile à expliquer. Il n'est pas assez premium pour incarner sa nouvelle vision mais il est évidemment difficile de faire totalement l'impasse sur l'entrée de gamme quand deux constructeurs se partagent presque à eux seuls les segments supérieurs du marché (Apple et Samsung, bien sûr)...
C'est donc la carte sécurité de Sony. La concurrence sera tout aussi rude pour le Xperia E5 mais le public visé est moins exigent, et donc plus facile à convaincre. Un équipement correct et un prix relativement abordable peuvent suffire. Marché rempli sur le papier. Pour 199 ?, il propose :
- Android 6.0 Marshmallow + Xperia UI
- écran HD 720p de 5 pouces
- SoC MT6735 avec CPU quad-core 1,3 GHz et GPU Mali-T720
- 1,5 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne (+microSD jusqu'à 200 Go)
- connectivités 4G cat. 4, Wi-Fi n, Bluetooth, NFC
- appareil photo principal de 13 mégapixels avec autofocus et flash LED
- appareil photo secondaire de 5 mégapixels
- batterie de 2300 mAh
- dimensions : 144 x 69 x 8,2 mm
- poids : 147 grammes
C'est sûr. Il y a plus attrayant à moins de 200 euros mais la marque se paie aussi. Ce n'est donc pas nécessairement ridicule. Reste désormais à savoir ce que donne ce Xperia E5 une fois sortie de son coffret. Rentrons donc dans le vif du sujet.
Croisez un Xperia avec un Lumia et...
Impossible de le confondre avec les Xperia X. Sony a opté pour un design plus simpliste et passe-partout. Au-revoir la vitre 2,5D à l'avant, et l'effet amincissant qui va avec sur les bordures latérales de l'écran. Elles sont plutôt fines mais bien visibles. Celle du haut est de taille moyenne, avec le logo Sony au centre, la webcam à droite et le haut-parleur discrètement intégré au-dessus alors que celle du bas reprend le même format pour autant intégrer le moindre élément visuel. Un cadre très fin court tout autour. C'est pour le moins minimaliste, au point de rappeler davantage les derniers Lumia de Microsoft.
Il faut retourner le Xperia E5 pour retrouver la patte de Sony, avec les légers arrondis des derniers Xperia et la construction en deux morceaux. Le cadre est là aussi séparé du capot. N'espérez pas pour autant pouvoir retirer ce dernier pour accéder à la batterie. Il est bien fixé alors que l'accés aux emplacements nanoSIM et microSD est comme toujours déporté sur la tranche de gauche, via une trappe (sans joint d'étanchéité). Nous retrouvons également l'appareil photo à l'endroit habituel, soit dans le coin supérieur gauche. La sortie du haut-parleur est quand à elle située à côté du port microSD sur la tranche du bas et à l'opposé de la prise casque, comme sur le Xperia XA.
L'ensemble est évidemment en plastique sans faire pas toque pour autant grâce à une finition légèrement nacrée (et très sensible aux traces de doigt) et un assemblage soigné. C'est un peu léger pour dire que le Xperia E5 se démarque réellement de la foule de smartphones disponibles à moins de 200 ? mais il a au moins le mérite de rester discret et élégant. Notre plus gros reproche ira au placement, non pas trop bas comme c'est généralement le cas chez Sony, mais trop haut des boutons sur la tranche droite. Décidément... Leur utilisation peu naturelle vient un peu gâcher la prise en main pourtant agréable que permettent les dimensions et le poids raisonnables de prime abord.
Carton jaune pour l?écran !
Une fois le smartphone allumé, nous découvrons une dalle HD de 5 pouces de qualité très moyenne. L'affichage n'est pas particulièrement fin mais suffira pour la plupart des usages. Ce sont principalement les couleurs qui déçoivent, avec des tons clairs tirant clairement sur le jaune. Un phénomène qui s'accentue encore sous certains angles de vision, et qui peut aussi disparaître presque entièrement sous d'autres... Nous sommes donc loin de l'excellence et cela ne s'arrange ni avec la luminosité ni avec la vitre tactile qui enregistre parfois les frappes au mauvais endroit et réfléchis trop la lumière pour permettre une lisibilité correcte au soleil.
Xperia UI de moins en moins présent
Côté logiciel, c'est Android 6.0 Marshmallow que nous retrouvons sur le Xperia E5, évidemment accompagné de la surcouche de Sony. L'interface utilisateur de Google est partiellement rhabillée de même que les applications systèmes quand elles ne sont pas tout simplement remplacées (la Galerie par Album par exemple) alors que quelques options ont été ajoutées dans les Paramètres : les thèmes, le mode STAMINA (économie d'énergie) ou encore le Nettoyeur intelligent de mémoire introduit avec les Xperia X. Rien de dépaysant, donc. La navigation reste classique, avec les composantes habituelles que sont le menu des applications, le centre de notification et le multitache.
Pas de grandes surprises non plus dans la sélection d'applications pré-installées. Outre celles imposées par Google, Sony ajoute sa suite multimédia accompagnée d'un programme TV interactif, de quoi gribouiller un peu si vous aimez dessiner et de quoi vous informer sur la météo et les nouvelles entrées jugées « intéressantes » du Play Store en plus d'outils d'aide et de maintenance. C'est assez léger, ce qui n'est sans doute pas pour déplaire. Près de 10 Go restent ainsi à disposition de l'utilisateur sur les 16 de la fiche technique. Un bon point.
Cette apparente légèreté n'empêchera toutefois pas quelques menus ralentissements de survenir au cours de la navigation. Les applications mettrons également un peu de temps à charger. Ce n'est évidemment pas étonnant compte tenu de la configuration. Soulignons aussi au passage, puisque nous l'évoquions un peu plus tôt, que l'ajout du mode STAMINA ne permet malheureusement pas de sauver l'autonomie qui glisse assez vite sous la moyenne d'un jour sans pour autant abuser des appels, messages ni même d'applications plus gourmandes.
Service minimum en multimédia
Par applications plus gourmandes, nous pensons notamment aux jeux même si c'est évidemment loin d?être la spécialité du Xperia E5 avec son MT6735 puisque le GPU intégré n'est qu'un modeste Mali-T720 MP2. Résultat, il faudra oublier les grosses productions récentes type Mobius Final Fantasy ou se contenter d'un rendu médiocre. Nous avons en revanche pu jouer à Dead Trigger 2 et Angry Birds Go! dans des conditions correctes, ou presque. La qualité de l?écran fait tout de même défaut aux titres nerveux par sa reconnaissance parfois hazardeuses des pressions du doigt et sa surface un peu trop adhérente pour une glisse aisée et légère.
Le bilan est évidemment un peu plus positif en lecture vidéo et audio. Le smartphone n'aura aucun mal à décoder la plupart des formats et permettra, dans le premier cas, d'exploiter pleinement la résolution de l?écran. Côté audio, il faudra naturellement privilégier l?écoute au casque pour une restitution plus complète, le haut-parleur manquant de coffre et de basse, sans pour autant attendre des résultats exceptionnels non plus. Les lecteurs natifs sont quant à eux assez complets et bien fichus. Un autre bon point, évidemment commun à l'ensemble des smartphones Xperia.
Pour les amateurs de chiffres et performances brutes, notez que le Xperia E5 obtient environ 32 000 points sur AnTuTu, 550 sur Basemark et un peu plus de 5000 sur 3DMark (Ice Storm Unlimited). Des scores évidemment moyens. Le Xperia E4g de 2015 en faisait autant. On retrouve par ailleurs les plateformes sous Snapdragon 410 un peu en-dessous et celles sous Snapdragon 415 légèrement au-dessus. Pas de quoi casser des briques. Surtout pour un smartphone vendu près de 200 ?.
Même en photo, c'est moyen !
La plateforme technique est donc décevante mais cela s'explique assez facilement. Sony a tout simplement préféré porter ses efforts sur d'autres points dont la prise de vue. L'appareil photo principal passe d'un capteur de 5 à 13 mégapixels. Un sacré bond en avant, qui paraît toutefois moins important en pratique. Le capteur ne s'en sort pas trop mal en environnement lumineux et peut alors capturer des scènes avec un niveau de détails satisfaisant autour du sujet et des couleurs réalistes mais quelques problèmes sont à relever. La qualité se dégrade progressivement en périphérie avec des contours de moins en moins nets et un grain de plus en plus présent jusqu?à arriver aux coins où s'ajoute encore un peu de distorsion mais, surtout, il faut souvent se battre pour arriver à des résultats corrects.
La mise au point automatique n'est pas très réactive et il faut régulièrement modifier le point de référence pour la mesure de la lumière sous peine de se retrouver avec des clichés à moitié sous-exposés ou brûlés. Point de référence qui n'est ni plus ni moins que la zone de mise au point bien sûr. Résultat, il n'est pas toujours facile de marier netteté et exposition correcte. La meilleure solution reste le mode HDR mais il n'est pas toujours très efficace. Les prises en basse luminosité restent quant à elle relativement lumineuses et bien colorées mais manquent cruellement de détails, Sony ayant opté pour un lissage extrême afin d?éviter le bruit au maximum. A noter que les problèmes de mise au point s'accentuent évidemment à mesure que la lumière baisse? Attention au flou !
Du côté de l'application photo, nous avons été surpris de ne pas retrouver le volet des modes additionnels au-dessus de la vidéo et des deux modes de prises fixes : automatique et manuel. Il faut donc se contenter des modes et réglages de départ qui sont assez peu nombreux. Nous avons déjà évoqué le HDR. De nombreux modes scène sont également proposés avec des réglages plus ou moins efficaces alors que la valeur ISO et l'exposition s'ajoutent aux variables du mode manuel. Un peu décevant.
Bilan très mitigé
Au bout du compte, il ne reste plus grand chose à l'avantage du Xperia E5 si ce n'est son design, et encore. Il n'y a ni métal ni étanchéité. Vous n'aurez donc finalement aucun mal à trouver plus durable et qualitatif ailleurs tout en restant sous la barre des 200 ? voire même des 175?. Et il en va de même pour tout le reste, de l?écran à l'appareil photo en passant par les performances et l'autonomie. Même la connexion 4G s'est parfois montré instable sans réelle raison.
Sony a fait le choix de rester sur l'entrée de gamme sans réellement se donner les moyens d'y réussir. Dommage. Face aux nombreuses propositions que l'on trouve sur le segment, cela ne pardonne pas. Nous avons croisé bien mieux rien qu'au cours des dernières semaines, à commencer par le Honor 5C. Le K5 de Lenovo n'arrive pas loin derrière. Sans oublier les modèles plus anciens, comme le Fever chez Wiko. Bref, c'est raté pour Sony.