Sans être un mauvais produit (même loin de là), le Xperia X Performance n'a pas totalement joué son rôle de porte-étendard dans le catalogue 2016 de Sony. Commercialisé très tard dans l'année, bien après les modèles de Samsung, HTC et LG, et de façon très confidentielle, il pâtira dès le début du mois d'octobre du lancement du Xperia XZ, dévoilé à Berlin. Car ce dernier est le véritable successeur du Xperia Z5 de la fin de l'année dernière, tandis que le Xperia X Performance n'est finalement, sur le papier, « qu'un » Xperia X équipé d'un Snapdragon 820. Ce qui n'est déjà pas si mal diront certains. Mais à 699 euros le mobile, nous supposons que vous attendez un peu plus qu'un smartphone « pas si mal ».
Une légère impression de déjà-vu
À l'occasion du test du Xperia X Performance, même si nous avons retrouvé la patte du constructeur japonais, nous avons donc été légèrement surpris de constater que Sony était moins pointilleux vis-à-vis de sa promesse initiale : « offrir la meilleure plate-forme possible à un instant T ». Ecran Full HD, 3 Go de RAM, batterie inférieure à 3000 mAh et une légère stagnation au niveau de la photo, puisque le X Performance reprend le capteur principal du Xperia Z5. Nous attendions donc de pied ferme le XZ. Et, première surprise : les remarques émises pour le X Performance sont les mêmes que pour le XZ. Voyez plutôt :
- dimensions : 146 x 72 x 8,1 mm
- poids : 153 grammes
- ratio écran / taille : 70,9 %
- certification IP68
- écran IPS Triluminos 1080p de 5,2 pouces (résolution de 424 pixels par pouce) avec verre renforcé Gorilla de Corning
- chipset Snapdragon 820 de Qualcomm avec deux coeurs Kryo cadencés à 2,15 GHz et deux coeurs Kryo cadencés à 1,6 GHz.
- GPU Adreno 530
- 3 Go de mémoire vive au format LPDDR4
- 32 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 256 Go supplémentaires)
- batterie de 2900 mAh (non amovible) compatible Quick Charge 3.0
- compatible LTE catégorie 9, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), NFC, DLNA
- chipset audio ClearAudio+, double haut-parleur frontal stéréo
- lecteur d'empreinte digitale
- port USB type-C et jack 3,5 mm
- capteur photo Exmor RS 23 mégapixels avec flash LED, autofocus à détection de phase, stabilisation SteadyShot, objectif G grand-angle 24 mm ouvrant à f/2.0, compatibilité 4K en vidéo
- webcam Exmor R 13 mégapixels, objectif 22 mm ouvrant à f/2.0, compatible 1080p en vidéo
- Android 6.0 avec interface Xperia UI
Plusieurs remarques sur cette fiche technique. D'abord, le smartphone est un juste milieu entre le Xperia Z5 et le Xperia X Performance. Le meilleur des deux mondes, diront certains : une plate-forme actualisée (SD820) et un écran confortable (Full HD et 5,2 pouces). Seulement, nous éprouvons des difficultés à trouver de vraies nouveautés techniques (car nous ne comptons l'intégration d'un port USB type C comme une nouveauté). Est-on arrivé au bout de l'innovation Sony ? Voilà une question que nous ne pensions pas nous poser un jour...
Un nouveau design plus futuriste
Cela étant, le Xperia XZ est physiquement très différent de ces prédécesseurs, même les smartphones premium de 2015 et du début 2016. Nous retrouvons le nouveau bouton mécanique avec le lecteur d'empreinte, intégré depuis le Z5, mais le look général du XZ est plus épuré, plus futuriste, voire même plus masculin. Les tranches latérales sont beaucoup plus rondes, alors que les deux autres tranches sont droites. De fait, au premier coup d'oeil, ce smartphone nous a rappelé certains Lumia.
Globalement, son design est inspiré du X Performance, a savoir que le châssis du smartphone est un sandwich de deux plaques légèrement incurvées et protégées tout autour par une pièce unique qui couvre toutes les tranches. Cependant, avec XZ, cette dernière pièce est beaucoup plus complexe : elle couvre les côtés, ainsi que les bordures des faces. De plus, elle est creuse sur les tranches inférieure et supérieure.
Une construction plus complexe
Deux autres plaques, avec les trous pour les connecteurs (USB type C en bas et jack 3,5 mm n haut) et les microphones, ont été insérées. Notez également, à l'arrière, que le dos du XZ n'est pas recouvert d'une seule pièce : sous la grande plaque de métal, une petite bande de polycarbonates est visible en bas. Elle sert certainement à accéder à des éléments pour faciliter le démontage (et la réparation).
Autre détail inspiré du X Performance : les haut-parleurs frontaux sont positionnés au milieu des bordures autour de l?écran et non plus dans les interstices entre la plaque de verre et la pièce qui couvre les tranches (sur le Xperia Z5 par exemple). Pour le reste, le XZ reprend la localisation des Xperia précédents pour les éléments mécaniques : obturateur de l'appareil photo, contrôle du volume et bouton de mise en marche sont placés les uns à côté des autres sur la tranche de droite. À leur opposé se trouve le tiroir pour la SIM et la carte mémoire. Enfin, le capteur photo, dans un coin, est souligné par le bloc avec le laser de l'autofocus et les LED du flash.
Plus de finesse dans le châssis
Plus léger et plus fin que le X Performance, le XZ est, curieusement, plus épais et plus lourd que le Z5 (la largeur et la hauteur sont identiques), pour un équipement relativement similaire. Cependant, la prise en main du smartphone ne change que très peu, signe que les modifications externes sont davantage cosmétiques. D'ailleurs, Sony a conservé l?étanchéité historique de la gamme Z, ce qui est une bonne nouvelle. Attention d'ailleurs : comme sur le X Performance, retirer le tiroir de la SIM et de la microSD redémarre automatiquement le téléphone, que vous le vouliez ou non.
L?écran du Xperia XZ est très similaire à celui du Xperia Z5. Même définition. Même taille. Même résolution. Du verre renforcé pour protéger l'ensemble, ici en Gorilla Glass, promesse d'une bonne glisse sous les doigts. Ecran IPS oblige, le contraste de la dalle est moins élevé que l?AMOLED et les couleurs un peu moins vives. Cependant, la technologie Triluminos contrebalance bien cela, en offrant une image d'excellente facture. Les angles de vision sont très larges, que ce soit horizontalement ou verticalement.
Enfin un peu de ménage dans l'interface Xperia
Une fois allumé, le smartphone propose l'interface Xperia UI sur une base Android 6.0.1 Marshmallow (avec la promesse d'une migration vers Nougat avant la fin de l'année). Globalement, l'interface est très proche de celle du Xperia X Performance testé dans nos colonnes il y a quelques semaines seulement. Le thème général (iconographie, disposition des menus, options de personnalisations) est similaire. Nous retrouvons donc les mêmes raccourcis principaux aux mêmes endroits : inutile de modifier ce qui fonctionne. Le menu des réglages est toujours très élégant.
Cependant, nous avons noté deux modifications importantes dans l'interface Xperia. Et elles ne se voient pas au premier coup d'oeil. La première est au niveau du panneau latéral qui se trouve à gauche du bureau d'accueil. Habituellement, ce panneau abrite l'immense widget What?s New (et le widget météo). Celui-ci a disparu. Sony supprime enfin l'installation par défaut de ce raccourci commercial. Cependant, les recommandations du moteur de recherche du menu application sont conservées. On ne peut pas tout avoir ! Le widget météo a également été déporté sur un panneau éloigné de l'accueil de l'interface.
Un impact encore lourd sur les ressources
Sans les widgets What?s New et météo, le panneau de gauche est donc bien vide. D'où l'excellente idée de Sony : installer, par défaut, le panneau Google Now (celui que nous avons l?habitude d'avoir avec les Nexus). En glissant vers la gauche, vous accédez aux cartes et notifications de l'assistant personnel de la firme de Mountain View. Une réponse simple (puisqu'elle ne demande aucun effort particulier) et efficace aux différentes solutions proposées par la concurrence, que ce soit HTC, Samsung, Apple ou OnePlus.
Parmi les applications préinstallées, nous retrouvons une panoplie variée en provenance de Google et de Sony (PlayStation, What?s New, Lifelog, Actualités, Movie Creator, Dessins, Xperia Lounge, Diagnostic), ainsi que quelques partenariats marketing (Facebook, Amazon, Spotify, AVG et Swiftkey. Il ne nous semble pas y avoir de changement vis-à-vis du Xperia X Performance. Ce qui veut dire que le Xperia XZ pâtit des mêmes symptômes quant à l'espace de stockage et la mémoire vive disponibles : la RAM est constamment utilisée à plus de 50 %, tandis que le tiers du stockage est monopolisé par la ROM et ses applications préinstallées (notez que nos applications de test sont responsables de 2 Go d'espace sur les 15 Go utilisés).
Des optimisations remaquables
Il semble cependant que certaines optimisations aient été réalisées entre le X Performance et le XZ. Car les résultats de ce dernier sur les benchmarks sont bien plus satisfaisants. À l'image du Xperia Z5 vis-à-vis de tous ces concurrents sous Snapdragon 810, le Xperia XZ parvient à rejoindre la majorité des autres modèles sous Snapdragon 820. Lors de nos tests, le mobile est parvenu à atteindre les 137613 points sur AnTuTu v6, soit aussi bien que le G5. Il est parvenu au score de 2290 sur Basemark OS II, signant le second meilleur score sur cet outil, derrière le OnePlus 3. Sur Geekbench, en revanche, les notes du Xperia XZ sont toujours un peu plus basses que la moyenne, les HTC 10, G5 et OnePlus 3 dépassant les 2000 et 5000 points, en single-core et en multi-core respectivement.
Côté score graphique, le Xperia XZ fait mieux encore que le Xperia X Performance, lequel était déjà déjà assez bon lors de nos tests. Sur 3DMark, il obtient la seconde meilleure note, avec plus de 30 000 points sur Ice Storm Unlimited, derrière le OnePlus 3. Sur Slingshot, il frôle les scores des LG et OnePlus. Enfin, sur Basemark X, il prend tout simplement la première place de notre classement. Notez cependant qu'il s'agit d'un benchmark intégré encore récemment dans nos processus de test. Nous manquons donc de recul. Mais, faire mieux que le OnePlus 3 est déjà une excellente surprise.
Pas si irréprochable en multimédia
Curieusement, cette aisance graphique n'est pas automatiquement reconnue par notre jeu étalon, Dead Trigger 2. Ce dernier se positionne par défaut sur la qualité la plus basse, alors qu'il devrait logiquement opter pour la plus haute. Cependant, une fois le réglage forcé, le Xperia XZ se comporte parfaitement bien. Aucun ralentissement. Une réactivité parfaite. Une glisse idéale offerte par le verre renforcé qui protège l?écran tactile. Les tranches haute et basse devenues droites (et non plus courbées) ne sont pas les plus agréables pour un maintien du téléphone à l?horizontale. C'est un peu dommage.
Un léger défaut qui devient négligeable en vidéo, puisqu'il suffit de poser le téléphone pour découvrir un excellent lecteur vidéo nomade. Habituellement, les Xperia offrent une expérience vidéo irréprochable, soutenue par deux haut-parleurs en façade pour une meilleure immersion. Si l?écran et les haut-parleurs sont dignes de cette réputation, ce n'est curieusement pas le cas de l'application vidéo. Pour la première fois, nous avons rencontré deux problèmes : certains fichiers testés ont légèrement saccadé (certainement à cause de certains codecs moins bien pris en charge que d'autres) et les sous-titres encapsulés ne se sont pas activés, alors qu'ils l?étaient avec le X Performance. Mais l'expérience reste bonne et certains défauts peuvent être gommés avec un lecteur alternatif.
Toujours plus rapide en photo
Finissons par la photographie. Pour rappel, le Xperia XZ repose sur le même capteur que les deux dernières générations de smartphones haut de gamme Sony, le Z5 et le X Performance : un capteur Exmor de 23 mégapixels. Il est associé ici à la même optique G grand-angle 24 mm ouvrant à f/2.0. l'autofocus est ici hybride, alliant la qualité de la détection de phase et la rapidité du laser (tout en évitant ainsi d'intégrer un vrai stabilisateur optique pour remplacer le Steadyshot). Un flash LED apporte un apport lumineux additionnel en cas de besoin. En, l'application de contrôle est basée sur les acquis des dernières années (les modules complémentaires sont évidemment présents), mais le mode manuel a été affiné pour offrir un peu plus de contrôle.
Nous avons réalisé quelques clichés en mode « intelligents », le mode automatique adaptatif. Le résultat est bien sûr très convaincant, l'un des meilleurs sur le marché. Mais, comme toujours, la stratégie de Sony en photographie sacrifie en partie la luminosité et l?équilibre pour accentuer la rapidité et la netteté. Et cela se voit ici rapidement : l'autofocus laser et à détection de phase réalise ici un excellent travail sur le grain et les détails. Même en zoomant, il est difficile de voir des défauts. De plus, les couleurs sont propres et le contraste est très correct. Cependant, nous pouvons aussi observer que l?équilibre de la photo est précaire, avec une partie totalement sombre, signe que le capteur ne parvient pas toujours à compenser une sous-exposition.
Beaucoup de Z et pas assez de X
Avec le Xperia XZ, nous retrouvons tous les codes technologiques de la série Z, comme si cette lettre de l'alphabet personnifiait à elle seule le positionnement premium de la marque japonaise. Oui, le Xperia XZ aurait très bien pu s'appeler le Xperia Z6 si Sony n'avait pas décidé de changer la nomenclature de toutes les gammes de son catalogue. Et, comme vous auriez pu l'interpréter, le XZ est à l'opposé du XA : de l'ambition, de la technologie, un certain charme dans cette version retravaillée du design omnibalance. Voilà qui devrait ravir les amateurs de la marque.
Attention cependant : nous remarquons aussi un certain laxisme dans l?évolution des smartphones haut de gamme de la firme japonaise. Il est difficile de remarquer une vraie rupture entre les précédentes générations et celle-ci. Pire, Sony refuse d'offrir à ses consommateurs certaines caractéristiques pourtant communes chez les concurrents : 4 Go de RAM (cela fait depuis le Xperia Z2 qu'il y en a trois), écran OLED et/ou Quad HD, une batterie de plus de 3000 mAh, ou encore un stabilisateur optique en photo. Donc, même si le XZ est charmant et performant, il pourrait l?être encore davantage et marquer le pas vis-à-vis des anciens Z. Et il nous tarde que ce soit le cas.