Il y a un an et demi, Sony dévoilait le Xperia Z5 Premium, premier smartphone avec écran UHD. Moitié argument commercial sans véritable usage, moitié vitrine technologique ostentatoire, le Xperia Z5 Premium est resté dans l?histoire de la téléphonie le seul modèle avec une telle spécificité technique. Une belle réussite malgré un chipset qui n'avait à l?époque pas bonne presse, le Snapdragon 810. Grâce à cet écran 4K, capable de descendre automatiquement sa résolution en Full HD, l'octo-core sulfureux de Qualcomm a presque été oublié...
Un mélange entre le Z5 Premium et le XZ
Un an et demi après, Sony réitère l'exploit avec le Xperiai XZ Premium, version phablette améliorée du XZ qui reprend le positionnement du Z5 Premium pratiquement à l'identique, tout en adaptant la recette aux nouveautés introduites lors du changement de design opéré avec le Xperia XZ. Le format est donc celui d'une phablette. L?équipement photographique est légèrement différent du XZ (mais aussi du Z5 Premium). Et d'autres petits détails intéressants sont à dénicher dans la fiche technique que voici :
- dimensions : 156 x 77 x 7.9 mm
- poids : 195 grammes
- ratio écran / taille : 68,4 %
- certification IP68
- écran IPS Triluminos Ultra HD de 5,45 pouces (résolution de 807 pixels par pouce) avec verre renforcé Gorilla 5 de Corning
- chipset Snapdragon 835 de Qualcomm avec quatre coeurs Kryo cadencés à 2,45 GHz et quatre coeurs Kryo cadencés à 1,9 GHz.
- GPU Adreno 540
- 4 Go de mémoire vive au format LPDDR4
- 64 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 256 Go supplémentaires)
- batterie de 3230 mAh (non amovible) compatible Quick Charge 3.0
- compatible LTE catégorie 16, WiFi ac dual band, Bluetooth 5.0, GPS (Glonass), NFC, DLNA
- chipset audio ClearAudio+, double haut-parleur frontal stéréo
- lecteur d'empreinte digitale sur la tranche
- port USB 3.1 type-C et jack 3,5 mm
- capteur photo Exmor RS 19 mégapixels avec flash LED, autofocus hybride (détection de phase et laser), stabilisation électronique SteadyShot, objectif G grand-angle 25 mm ouvrant à f/2.0, compatibilité 4K en vidéo
- webcam Exmor R 13 mégapixels, objectif 22 mm ouvrant à f/2.0, compatible 1080p en vidéo
- Android 7.1 avec interface Xperia UI
Outre les mises à jour classiques des connectiques, il y a plusieurs remarques sur le Xperia XZ Premium. Il est d'abord le premier Xperia haut de gamme avec 4 Go de mémoire vive (il y a aussi le XZs, mais il ne sera pas vendu en France). X Performance, XZ, Z5, Z5 Premium, etc : Tous ces mobiles sont équipés de 3 Go de RAM seulement. Il était grand temps. Autre point : la batterie. Elle est en fort recul par rapport au Z5 Premium : 6% de moins environ (200 mAh). Il est étonnant que Sony ne soit pas capable de mieux avec les dimensions du XZ Premium. Troisième point important : le recul du nombre de mégapixels dans le capteur photo. Il repasse sous la barre des 20 mégapixels, une première pour un flagship Sony depuis le Xperia Z. Nous en reparlerons dans la partie dédiée.
Trop de bordures tue les bordures ?
Dernier point important dans cette fiche technique : les bordures. Vous remarquez que le ratio entre la surface du mobile et la taille de l?écran est de 68,4 %. Soit deux points de moins que le Xperia Z5 Premium. Si elle n'a jamais montré de velléité à vouloir concurrencer Sharp sur le rapport taille-écran, la marque japonaise montre ici qu'elle peut aller encore un peu plus loin dans l?épaisseur des bordures, alors que le reste du marché (notamment haut de gamme) a pris le chemin inverse.
Le ratio taille-écran du XZ Premium est l'un des moins bons de la série X depuis le renouvellement de la stratégie de Sony début 2016, le pire étant le Xperia X Performance avec un ratio de 68,1 %. Jamais, depuis l'avènement du design « omnibalance », Sony n'est allé au-delà des 80 %. Et rarement au-dessus des 75 % (il y a eu le C5 Ultra, le XA Ultra et le XA1 Ultra). Pour une phablette, c'est un bien mauvais score, même pour Sony. Il suffit d'ailleurs de comparer le poids et les dimensions du XZ Premium avec le XZ : 0,26 pouce de différence sur l?écran, mais 10 mm de plus en hauteur, 5 mm de plus en largeur et 34 grammes de mieux sur la balance.
Omnibalance : quand l'équilibre est un dogme
Et cela nous amène évidemment à la partie design et prise en main de ce test. Côté ergonomie, le Xperia XZ Premium reprend celle que nous avons pu observer avec le Xperia XZ et le Xperia X Compact avec des lignes très droites sur les tranches supérieures et inférieures, soulignées par des arrondis sur bordures latérales. De face, Sony a souhaité une fois encore créer un smartphone symétrique, que ce soit verticalement, avec des capteurs de part et d'autre de l?écouteur téléphonique, ou horizontalement, avec l?écouteur et le haut-parleur placés presque à l'opposé l'un de l'autre. Les bordures opposées mesurent la même taille. Et rien, ou presque (la griffe de Sony fait exception), ne vient perturber cet équilibre.
À l'arrière, rien de bien étonnant puisque les deux éléments visibles sont positionnés comme sur le Xperia X Compact : capteur photo rond coincé dans un coin, flanqué à sa droite d'un bloc combinant le flash et le capteur infrarouge de l'autofocus hybride. Sur la tranche de droite, nous retrouvons le bouton de mise en marche, cachant, comme sur le Xperia XZ, le lecteur d'empreinte digitale. Il est accompagné du contrôle du volume et du déclencheur photo (qui sert aussi à ouvrir l'application associée).
Le verre, ça glisse et ça marque
À l'opposé se trouve la trappe pour la SIM (un seul emplacement) et la microSD (emplacement dédié). Sur la tranche inférieure, le micro principal et le port USB type-C. Sur la tranche supérieure, le port jack 3,5 mm (une place pas forcément optimale, car le mobile ne peut alors être placé à l'envers dans la poche, alors que la prise en main classique d'un mobile veut qu'il soit à l'envers... Faites le test, vous verrez ! ) et le micro secondaire.
La coque, étanche bien sûr comme la très grande majorité des terminaux premium de Sony, est ici principalement faite de verre (sur les faces) et de métal (sur deux tranches). Il semble qu'il y ait aussi ce que nous croyons être du polycarbonate, sur les tranches latérales. Ce n'est pas gênant en soi, mais cela dénote avec les prétentions du smartphone. Les dalles de verre minéral gardent les traces de doigts. Un détail à ne pas oublier quand vous choisissez la couleur du mobile. Notre version de test argentée fait certainement partie des teintes les moins marquantes. Et pourtant, les traces sont visibles.
Une prise en mains avec un grand S
Attention aussi aux mains mouillées : le verre, ça glisse beaucoup ! D'autant que les dimensions du téléphone ne sont pas tout à fait optimales pour une préhension à une main. Heureusement une partie des problèmes de manipulation est contrebalancée grâce à une fonction d'Android. Mais tout n'est pas aussi simple, et vous aurez vite pris l?habitude d'utiliser vos deux mains, alors que l?écran, pour rappel, ne mesure pas tout à fait 5,5 pouces...
Il y a une bonne dans ce design : Sony a corrigé l'un des petits défauts de ces précédents mobiles. Le contrôle du volume est enfin à une place facile à atteindre avec le pouce. Il était auparavant beaucoup trop bas, entre la mise en marche et le déclencheur. En revanche, petit point négatif, Sony aurait peut-être dû séparer l'emplacement de la SIM et celui de la microSD. Ici il faut retirer la SIM pour changer de microSD, avec les quelques désagréments que cela provoque. Ça n'arrive pas souvent, heureusement.
Un écran digne de la réputation de Sony
L?écran proposé ici est une dalle Ultra HD de 5,45 pouces, comme nous l'avons signalé. La luminosité de l?écran est forte, pratiquement autant que celle du Galaxy S8. Technologie IPS oblige, le taux contraste est bon, sans être excellent comme l?AMOLED. La luminosité minimum aurait pu être légèrement meilleure, mais reste très qualitative. Les angles de visions sont bien ouverts. La restitution des couleurs n'est pas parfaite et tire légèrement vers le bleu.
Pour ceux que cela gêne, il vous faudra passer par les réglages de la balance des blancs. Notez que, comme le Z5 Premium, le XZ Premium n'affiche pas les images en 4K en continu afin de réduire la consommation d?énergie. Il est par défaut en Full HD et monte automatiquement en 4K quand le besoin s'en fait sentir : affiche des photos en haute résolution, visionnage d'un film en Ultra HD, etc.
Une interface qui change assez peu
Une fois le smartphone allumé, le XZ Premium présente une nouvelle version de l'interface Xperia, ici basée sur Android 7.1 Nougat. Il n'y a pas de grand changement dans cette interface depuis le Xperia XZ et le Xperia X Compact, testés dans nos colonnes cet automne. Vous remarquerez quelques changements esthétiques. Les icônes ont été légèrement repensées. Le widget « horloge » par défaut est maintenant horizontal et non plus vertical, ce qui n'a absolument aucune incidence sur la place disponible sur ce premier écran. Pour le reste, tout est à sa place, notamment l?écran Google Now accessible à gauche de l?écran d'accueil, ou encore les publicités présentes dans le moteur de recherche du volet des applications. Nous ne sommes pas fans de cette pratique mercantile.
Côté applications préinstallées, pas de changement ici non plus. Comme pour les XZ et X Compact, leur nombre a été revu à la baisse, sans pour autant éliminer entièrement toutes les iniatitives marketing qui font partie du modèle économique de la téléphonie actuelle. Parmi elles, nous retrouvons AVG (antivirus), Amazon, Facebook ou encore Spotify, partenaire streaming musical du groupe Sony, sans oublier Swiftkey pour le clavier virtuel glissant. Sont également présentes une douzaine d'applications maison de Sony : Musique, Album, Video, PlayStation, What?s New, NewsSuite, Lifelog, Movie Creator, Dessin, Xperia Lounge, Track ID ou encore Diagnostics.
Une très bonne autonomie
Cette dernière est l'une des rares applications développées par un constructeur pour tester les différents éléments techniques du téléphone. Ça peut être utile si vous rencontrez des problèmes ou des situations inhabituelles. Autres fonctions intéressantes à noter : la rubrique « Fonctions intelligentes » du menu « réglages ». Vous y trouverez des pas-à-pas pour prendre en main le téléphone, des conseils et des raccourcis pour activer certaines fonctions avancées, comme le nettoyeur intelligent (qui vous libèrera un peu de place dans l'espace de stockage) ou le mode Stamina.
Les performances du smartphone sont excellentes, bien supérieures à celle des autres Xperia haut de gamme, mais également d'un grand nombre de terminaux commercialisés précédemment. Des performances aussi bien dans la puissance du smartphone (capacité à gérer des applications ou des contenus gourmands en ressources) que dans sa propension à offrir une autonomie digne de ce nom. Sans parler des modes Stamina déjà croisés dans les Xperia précédents, le Xperia XZ Premium bénéficie d'une batterie de 3250 mAh qui offre une autonomie de 8 heures d'utilisation en continu, soit plus d'une journée d'usage normal, pratiquement comme le Galaxy S8. Et c'est une double performance, car le système est gourmand (14 Go d'espace) et la moitié du volume de mémoire vive environ est utilisée en permanence.
Le nouveau patron des tests graphiques
Nous en venons aux tests techniques. Quelques mots d'introduction avant de dévoiler les résultats que nous avons obtenus. Comme toujours, les chiffres publiés ici sont les plus élevés de nos séries (nous ne faisons pas de moyenne). Les tests sont réalisés après avoir vidé la mémoire vive. Et les réglages du téléphone sont ceux proposés par défaut par Sony : pas de mode STAMINA. Pour rappel, le XZ Premium est équipé d'un Snapdragon 835, de 4 Go de mémoire vive et d'un écran Full HD capable de monter en 4K si besoin. Pour bien comprendre la teneur de ces résultats, nous vous rappelons aussi que le Xperia XZ Premium est le premier mobile testé dans nos colonnes avec le Snapdragon 835. Nous avons comparé ces résultats avec ceux de l'iPhone 7, du OnePlus 3T, du Galaxy S8 et P10, afin d'obtenir un panel large de chipsets : A10 Fusion, SD821, Exynos 8895 et Kirin 960.
Sur AnTuTu, le mobile réalise un score de 173896 points. Sur Basemark OS, il obtient 3345 points. Sur Ice Storm Unlimited il atteint 40871points. D'autres scores sont visibles ci-contre. Premier constat : le Snapdragon 835 obtient sur les tests globaux (AnTuTu, Basemark, Geekbench) des résultats très similaires à l?Exynos 8895, une tendance qui se confirmait déjà grâce aux tests de nos confrères américains avec le Galaxy S8. Les scores du Snapdragon 835 sont également proches de ceux de l?A10 Fusion d'Apple, même si les excellents résultats de ce dernier sont également dus aux optimisations réalisées par la firme de Cupertino au niveau logiciel.
Second constat, sur les tests graphiques, le Snapdragon 835 est au-dessus de la mélee. Cela se voit surtout avec 3DMark. Le XZ Premium est le premier mobile passé entre nos mains à dépasser la barre des 40 000 points. Il est bien au-dessus de l'iPhone 7. De même sur Slingshot où il surclasse toutes les autres plates-formes, même l?A10 Fusion. Ce qui nous amène à une question : si le Snapdragon 835 est aussi bon dans les tests graphiques, pourquoi cela ne se ressent pas davantage dans les tests globaux ?
Le flagship des gamers !
Ces performances se ressentent évidemment en jeu vidéo, avec notre jeu étalon Dead Trigger 2, mais également avec tous les autres (Modern Combat 3, Angry Birds Go, etc.), car rien ne lui résiste vraiment.. Aucun ralentissement ne s'est fait ressentir. Aucun chargement trop long. Une expérience servie par des qualités multimédia (son et image) de haute volée. Etonnamment, le design Omnibalance que nous avons critiqué plus haut est ici un atout : le format de l?écran avec ses bordures offre une bonne visibilité, les doigts ne gênant jamais. Ce qui n'est pas le cas du Galaxy S8, par exemple. Ajoutez à cela le Remote Play avec la PlayStation 4 et vous avez ici le meilleur smartphone pour jouer.
En vidéo, le XZ Premium est dans son élément. Impossible de ne pas être surpris par la qualité d'affichage des films sur un écran qui peut monter jusqu'en 4K quand il en ressent le besoin. Le smartphone offre également une très bonne expérience sonore grâce à ces deux haut-parleurs frontaux. Voici une habitude que Sony a décidé de ne pas abandonner sur le haut de gamme. Et c'est tant mieux. Dommage que le milieu de gamme n'en profite plus... Pour lire des films, Sony a inclus une application maison appelée « Vidéos », tout simplement. Elle se base sur le moteur de rendu d'Android (ce qui veut dire une compatibilité réduite), mais elle offre quelques ajouts pratiques, comme la fonction DLNA pour se connecter à un ordinateur ou un disque dur réseau. Un bon point.
De la lumière ! De la lumière !
En photo, le XZ Premium montre de très bons résultats. Rappelons d'abord la configuration proposée ici. Capteur photo Exmor RS 19 mégapixels. Autofocus hybride et stabilisation électronique SteadyShot. Objectif ouvrant à f/2.0. Sony propose donc un capteur où les pixels sont moins nombreux que les générations précédentes de flagship. De 23 mégapixels, nous passons à 19 mégapixels. Ce qui correspond à une augmentation significative de la taille de chaque pixel. Et donc plus de lumière. Car c?était ça le plus gros problème des Xperia jusqu?à présent : un manque de luminosité. À cela s'ajoute un autofocus hybride, ajoutant à la détection de phase historique un laser infrarouge. Ce qui compensera un autre problème : l'absence de vrai stabilisateur optique.
Qu'en est-il donc maintenant ? D'abord, l'amélioration est nette. Les clichés sont plus lumineux et plus nets du premier coup, même s'il reste encore quelques très légers soucis avec la gestion des ombres. Inutile de vous y reprendre à plusieurs fois ou de trifouiller les réglages fins : avec le mode automatique intelligent, les photos sont équilibrées, contrastées et nettes. Grâce à une définition plus élevée que chez les concurrents directs, Apple et Samsung, il est possible de zoomer davantage sans voir apparaître de flous disgracieux ou de grains.
Nous avons également essayé de comparer le mode Macro du XZ Premium avec le mode portrait du P10 de Huawei (fameux mode spécifique aux doubles capteurs photo). Comme vous pouvez le constater sur la seconde photo avec le Bugdroid, le bokeh est présent, mais manque peut-être un peu de puissance, car l'arrière-plan reste visible. Enfin, les photos en basse luminosité ne sont toujours pas son point fort. Le flash a tendance à « griller » les sujets et, sans flash, les photos sont souvent floues (car il n'y a pas de vrai stabilisateur optique).
Le design Omnibalance est-il devenu un frein ?
En conclusion, le Xperia XZ Premium est le digne successeur du Z5 Premium, mais surtout une bonne alternative aux XZ, si vous souhaitez un mobile plus grand et plus puissant. Il gomme également de nombreux points faibles des séries précédentes, comme le manque de luminosité en photo, le positionnement hasardeux du lecteur d'empreinte et la lourdeur de la ROM. Voilà donc de très bons points, qui s'ajoutent à toutes qualités déjà observées avec le XZ : plate-forme haut de gamme et performante, bel écran, bonne autonomie, design intelligent (lecteur d'empreinte sur la tranche, haut-parleurs en façade, déclencheur photo dédié), étanchéité, etc. Si vous êtes fan de la marque, le XZ Premium sera pour vous le flagship par excellence.
Mais tous les acquis ne sont pas des forces, surtout sur la durée. Si le design omnibalance était un atout de Sony du Xperia Z au Xperia Z5, il est aujourd?hui, après le lancement des Galaxy S8 et du LG G6, un frein à son évolutivité. Le smartphone est trop grand par rapport à la taille de son écran et les bordures sont trop larges. C'est le seul vrai point faible du XZ Premium. Un point faible commun à tous les Xperia, peut-être, mais qui se trouve ici plus accentué et moins acceptable.