Pendant des années, Sony Ericsson a produit des mobiles haut de gamme particulièrement élégants, à la pointe de l'innovation. Mais fin 2008 le constructeur a soudain perdu la main. Après une longue période de disette, Sony Ericsson renoue avec cette tradition grâce au Aino, un mobile en forme de barre de chocolat. L'Aino est doté d'un large écran tactile, qui cache un clavier coulissant. La robe du Aino est superbe. Elle ne ressemble à nulle autre. Les fonctions du Aino le placent parmi les mobiles les plus doués : navigateur web avancé, appareil photo 8 mégapxiels, caméscope filmant en définition VGA. L'Aino se distingue même, avec un casque stéréo sans fil servant à lire les MP3. Avouons-le, ce mobile a du chien ! Fait suffisamment rare chez Sony Ericsson pour être signalé : le prix du Aino n'est pas prohibitif. Il se négocie autour de 350? sur Internet hors coffret.
Reste l'épineux problème de l'Interface. Sur ce point, Sony Ericsson est attendu au tournant. La concurrence a fait des progrès immenses : menus simplissimes, fonctions ultra complètes. Contrairement à beaucoup de concurrents, Sony Ericsson n'a pas joué la carte Smartphone. L'Aino ne pourra donc nullement accueillir ces fameuses applications qui font le charme de l'iPhone, des mobiles Android, et Windows Mobile. L'Aino est-il au moins « tactile » ? A moitié seulement. Les fonctions multimédia se pilotent doigt sur l'écran, mais les fonctions ordinaires se contrôlent avec des touches mécaniques. Voilà qui devrait rassurer les utilisateurs conservateurs, et décevoir les utilisateurs avides de nouveauté.
Contenu du Pack
Comme souvent chez Sony Ericsson, le pack est flatteur :
? Un teléphone Aino
? Un chargeur de voyage
? Un cordon de synchronisation USB
? Un casque intra-auriculaire
? Une télécommande sans fil
? Une carte mémoire de 8 Go
? Une base de synchronisation
? Les logiciels et les notices
Le pack du Sony Ericsson Aino est plus que complet !
Aspect et Design
C'est le principal atout de l'Aino : sa robe charme le regard. L'Aino existe en deux couleurs : blanc et noir. La coque blanche est particulièrement élégante, sobre et fraîche à la fois. Les inserts métalliques laqués dégagent une impression de luxe. On ne se lasse pas de regarder la robe du Aino blanc. Le Aino noir est beaucoup plus discret. Mais ses plastiques sont d'un noir profond, mat et dense. Beaucoup plus flatteur que les plastiques noirs flashy des mobiles concurrents. En blanc comme en noir, la coque est agréable à prendre en main. Les matériaux satinés sont doux au toucher.
Le Aino est rectangulaire, comme la plupart des mobiles tactiles. Mais ses bords sont recourbés avec goût. Ce bel objet devrait vieillir sans trop s'abîmer, et rester longtemps agréable à regarder.
Le Aino est étroit (5 cm). Conséquence : il est agréable à prendre en main, et facile à glisser en poche. Son écran est grand, mais pas immense (3 pouces). La taille standard pour un mobile tactile. Son clavier coulisse de façon très agréable. Les touches mécaniques numérotées de 0 à 9 sont assez rapides. Mais elles sont trop rapprochées. Mieux vaut avoir le pouce compact, ou très habile, sous peine de cliquer sur deux touches à la fois.
Petite originalité, l'Aino est fourni avec un socle USB. Lequel recharge à la fois le mobile, et sa télécommande sans fil. Ce socle peut être raccordé à l'ordinateur, pour synchroniser le mobile en USB. Ce socle est élégant et relativement compact. Mais la fixation paraît fragile. Il faudra en prendre soin.
OS & Ergonomie
La plupart des fonctions de l'Aino se pilotent avec des touches mécaniques. Il faut donc déployer le clavier coulissant. La majorité du temps, l'écran tactile est donc totalement désactivé. On retrouve l'interface Sony Ericsson, claire et simple. Les afficionados de la marque apprécieront. Au dessus de quarante ans, les utilisateurs seront ravis de retrouver leurs marques sans effort. Mais cette interface se révèle beaucoup moins intuitive que celle d'un iPhone. Et légèrement moins claire que celle des meilleurs mobiles 100% tactile de HTC et de Samsung. On regrette notamment certains raccourcis intelligents, que seules les interfaces tactiles offrent.
La possibilité de zoomer les cartes de Google Maps avec deux doigts. La possibilité de zapper les photos en les faisant glisser. L'opportunité de contrôler le navigateur web sans cliquer sur aucun bouton. Et surtout, la possibilité de taper des SMS ultra-rapidement sur les 26 touches d'un clavier virtuel. L'expérience utilisateur de l'Aino est moins limpide, moins intuitive. Mais rendons justice à son interface : elle est agréable. Les menus sont clairs, logiques, et réactifs.
La surprise arrive lorsqu'on replie le clavier mécanique de l'Aino. Une interface 100% tactile fait son apparition. Exclusivement dédiée aux fonctions multimedia. Une interface extrêmement épurée, avec laquelle on peut consulter l'album photo plus confortablement, parcourir la librairie MP3, zapper la radio, et piloter l'appareil photo. L'écran n'est pas « multitouch » : adieu le zoom à deux doigts, adieu la sensation de naturel parfaite lorsqu'on glisse une photo. Mais l'interface est convaincante.
Simple, agréable, et fluide. Seul le lecteur MP3 ne convaincra pas totalement les amoureux de la musique, qui possèdent des milliers de MP3. Les titres s'affichent cinq par cinq. Leur défilement prend trop de temps. Impossible, en outre, de classer les MP3 par Artiste. Dommage.
Côté communication, le Aino n'a rien à se reprocher. Il est bardé d'antennes : WiFi, A-GPS, 3G+, Edge, Bluetooth stéréo. Le Sony Ericsson est fourni avec une carte mémoire de 8 Go qui suffira à la plupart des utilisateurs. Elle permet de stocker un millier de MP3, tout en gardant beaucoup d'espace pour les photos et les vidéos. A noter, Sony Ericsson a enfin abandonné les cartes mémoire Memory Stick, beaucoup trop coûteuses. Le fabricant s'est rabattu sur le standard MicroSD : un bon choix.
Fonctions Multimédia (Appareil Photo / Vidéo)
Sony Ericsson, à égalité avec Samsung, fabrique les meilleurs mobiles photo du marché. Le Aino embarque un capteur haute résolution de photo 8 mégapixels. Cela augure du meilleur.
Pourtant le résultat est mitigé. Les photos du Aino sont certes très fines. On pourra les imprimer sur du papier A4. Mais leurs couleurs ne sont pas toujours parfaites. Il n'est pas rare qu'une dominante verte, bleue, ou rouge apparaisse sur l'image. Le Aino retouche massivement les clichés pour les éclaircir. Les ombres disparaissent au passage. Les photos ne sont donc jamais sombres, ce qui devrait plaire à la plupart des utilisateurs de l'Aino. Mais les amateurs éclairés trouveront cette retouche beaucoup trop voyante. Ils pesteront contre l'éradication des ombres, qui rend certains clichés si jolis. Les passionnés seront également déçus par la pauvreté des contrôles. L'exposition de l'image est impossible à ajuster. Pas de mode Noir et Blanc. A noter, l'enregistrement d'un cliché prend cinq secondes : c'est trop long.
Photos prises depuis le Sony Ericsson Aino [cliquez pour agrandir]
Côté vidéo en revanche, Sony Ericsson fait un grand saut qualitatif. Le fabricant a longtemps vendu des mobiles excellents en photo, et assez mauvais en vidéo. Ce n'est plus le cas. L'Aino filme en VGA, une résolution proche de celle d'un caméscope. Les images sont belles et fines, et relativement fluides. Elles sautillent assez peu lorsqu'on filme en bougeant. L'Aino pourrait presque remplacer un petit caméscope.
Autres Fonctions (Internet, Lecteur MP3, WiFi, Bluetooth )
Quel lecteur MP3 ! L'Aino est fourni avec une télécommande bluetooth sans fil. Cette télécommande est dotée d'une prise casque mini-jack. On peut y raccorder n'importe quel casque. La télécommande est également dotée d'un micro. Le mobile reste au fonds de la poche. On peut écouter sa musique en stéréo sans fil, zapper les titres grâce aux boutons intégrés, répondre aux coups de fil. Et booster le volume sonore de façon très originale, en glissant le doigt sur le côté de la télécommande, équipé d'une zone tactile très ludique. La télécommande s'illumine intelligemment lorsqu'on change de volume, et aussi lorsqu'on change de MP3. Magique !
Les écouteurs fournis s'enfoncent loin dans les conduits auditifs : on n'entend plus les bruits ambiants, ce qui peut être dangereux. Mais du coup, les basses sont massives. Trop massives même.
Heureusement, si l'on raccorde son propre casque à la prise jack, le son redevient plus naturel, plus clair, plus équilibré. Assez convaincant en somme. Quant aux menus du baladeur, ils sont simples et clairs. A condition d'éviter les menus tactiles de l'Aino, en déployant le clavier coulissant.
Le Aino ne lit pas les DivX. Il faut convertir ses films avant de les transférer sur l'Aino. Le logiciel de synchronisation multimedia MediaGo s'en charge. Il est relativement facile à utiliser, mais beaucoup moins complet qu'iTunes. Le gestionnaire de Podcasts, par exemple, n'affiche que des sources américaines. Impossible de lancer une recherche pour trouver d'autres podcasts. Seule solution : taper l'adresse à la main. A noter : le transfert des MP3 est lent : comptez quatre minutes pour dix MP3. Sony Ericsson vante la possibilité de synchroniser l'Aino en WiFi, mais c'est beaucoup moins pratique qu'en USB.
Les possesseurs de PS3 profitent d'une fonction bonus. Ils peuvent accéder à leur console à distance, directement depuis l'Aino. Pour se faire, il faut réclamer un mot de passe à Sony Ericsson, qui permettra de sécuriser la connexion, et mettre à jour la Playstation. Il devient alors possible de réveiller la Playstation à distance, pour accéder à ses vidéos, ses photos, ses MP3. Au moment où l'on se connecte, mieux vaut disposer d'une solide connexion 3G ou WiFi.
Coté GPS, l'Aino embarque une antenne A-GPS, qui permet de positionner le mobile à 15 mètres près en extérieur, et 500 mètres près à l'intérieur des bâtiments. Il est fourni avec Google Maps, et un logiciel de guidage auto en essai, Wisepilot.
Côté web, l'Aino s'avère assez polyvalent. La navigation est beaucoup moins confortable que sur iPhone, mais elle se montre parfaitement utilisable. Le navigateur charge les pages web rapidement. Sur l'écran 432 x 240 pixels du Aino, les sites web sont presque tous consultables assez confortablement. La navigation est relativement fluide. On peut zoomer assez facilement sur le paragraphe qui a retenu notre attention.
L'Aino n'est pas l'outil ultime pour consulter ses mails et pour y répondre. Manque un clavier à 26 touches pour taper ses courriers rapidement. Mais le logiciel d'emails permet de lire les courriels type @sfr.fr ou @free.fr relativement confortablement. La configuration des emails est semi-automatique. Bien pratique.
L'Aino permet enfin de partager ses photos et ses vidéos facilement. On peut créer une galerie photo sur Blogger.com très facilement, sans même créer un compte utilisateur, puisque l'Aino s'en charge tout seul. On publie donc ses photos en trois clics. On reçoit ensuite l'adresse du blog photo par SMS. L'Aino permet également de publier des photos sur Internet via Picasa et FlickR, et des vidéos via Youtube. L'application Facebook vantée par Sony Ericsson est introuvable. Gageons qu'elle apparaîtra dans la prochaine mise à jour du Aino.
Conclusion (Plus et Moins)
La batterie de l'Aino tient une bonne journée en usage très intensif. En usage raisonnable, l'autonomie peut monter jusqu'à trois jours. La qualité sonore de l'Aino en conversation est bonne.
L'Aino est un excellent mobile multimedia, plutôt agréable d'usage. Le nouveau Sony Ericsson n'est pas, tel un iPhone, un outil limpide qu'on a toujours envie de sortir de sa poche. Mais il coûte deux fois moins cher et prend des photos bien meilleures. L'Aino n'est pas non plus, tels les mobiles Android, un outil ultra-adaptable à vos besoins spécifiques. Mais il prend de meilleures photos, et son lecteur MP3 est incomparablement plus agréable que celui des mobiles Android. Et comme l'Aino dégage une élégance hors norme, il scotche presque tous ses concurrents. On se pince : ce mobile est-il réellement vendu 350? hors coffret ? Sony Ericsson aurait-il décidé de casser ses tarifs en deux ? Le fabricant Suédo-nippon revient très fort avec ce qui pourrait être l'un des best sellers de ce Noël.
Note : 85/100
Les plus :
? Dessin élégant
? Internet habilement intégré
? Bonnes photos
? Bonnes vidéos
Les moins :
? Menus non tactiles
Test réalisé par Stéphane Deschamps
Date de publication : 04/12/2009.