Difficile de ne pas suivre les tendances avec le public jeune que vise Wiko. Et pourtant. Il aura fallu attendre longtemps pour que la marque française s'intéresse à son tour aux lecteurs d'empreintes. Son premier modèle équipé n'est arrivé que cette année alors que la tendance a été initiée dès 2013 par Apple. C'est évidemment le U Feel. Dévoilé lors du MWC 2016, il est désormais disponible à la vente au prix public conseillé de 199 ?. Alors, faut-il craquer ou non ?
Nous avons pu passer quelques jours avec le U Feel de Wiko mais, avant de vous livrer nos impressions, revenons brièvement sur sa fiche technique. Un lecteur d'empreinte, c'est bien mais ça ne fait évidemment pas tout. Voilà donc ce que vous trouverez en prime :
- Android 6.0 Marshmallow
- écran IPS HD de 5 pouces avec vitre 2,5D
- SoC MT6735 avec CPU quad-core Cortex-A53 1,3 GHz et GPU Mali-T720
- 3 Go de RAM
- 16 Go de mémoire interne (+ microSD)
- connectivités 4G, Wi-Fi n, Bluetooth 4.0, GPS
- fonction double SIM
- appareil photo principal de 13 mégapixels, compatible 1080p en vidéo
- appareil photo secondaire de 5 mégapixels, compatible 1080p en vidéo également
- batterie inamovible de 2500 mAh
- dimensions : 143 x 70,7 x 8,55 mm
- poids : 145 grammes
Coloré mais pas trop
Wiko veille depuis quelques années à offrir des smartphones aux looks originaux et reconnaissables parmi tous et c'est une nouvelle fois réussi. Si la forme reste classique, les différentes combinaisons de couleurs proposées avec le U Feel attirent le regard grâce à des jeux de contraste intéressants. Nous avons également apprécié la vitre 2,5D parfaitement intégré dans le cadre légèrement arrondi ainsi que le revêtement feutré au dos, façon Sandstone chez OnePlus. Le travail effectué sur les tranches n'est pas inintéressant non plus mais la matière nous laisse perplexes. Métal ou plastique ?
Au toucher, nous serions tentés de répondre les deux : métal sur les côtés, plastique en haut et en bas. Un choix étrange, surtout quand un cadre métallique est annoncé... Nous aurions donc naturellement préféré qu'il le soit en entier, même si la qualité de l'imitation et celle de l'assemblage devraient rapidement faire oublier ce petit faux pas. Le smartphone se laisse prendre avec fermeté et sans couinement. L'impression est donc bonne. Et elle le reste à l'utilisation.
Le bouton à la fois tactile et mécanique qui renferme le lecteur d'empreinte sous l'écran est agréable et facile à repérer au toucher grâce à son léger renfoncement alors que ceux placés sur la tranche droite (pour le volume et l'alimentation) tomberont naturellement sous le pouce des droitiers. Les gauchers devront comme toujours s'en accommoder. Pas de soucis particulier non plus avec les connectiques. Le port microUSB est en bas à gauche. La prise casque est elle à l'exact opposé, soit en haut à droite.
Au rayon des défauts d'ordre purement pratique, nous relevons tout de même des bordures d'écran un peu larges qui risquent de gêner les petites mains, l'emplacement du haut-parleur avec l'appareil photo qui dépasse au dos et l'impossibilité d'accéder à la batterie avec les deux ports microSIM et le port microSD en retirant le capot. Rassurez-vous toutefois, aucun ne devrait pouvoir gâcher le plaisir d'utilisation sauf aversion totale pour l'un des points évoqués, auquel cas vous êtes désormais prévenu.
Bonne dalle IPS mais définition un peu chiche
L'écran du Wiko U Feel s'inscrit aussi dans la liste des bonnes découvertes. Malgré une définition moyenne (720p) compte tenu de sa diagonale de 5 pouces, il parvient à offrir un affichage relativement fin mais nous avons surtout apprécié la bonne tenue des couleurs en changeant d'angles et leur intensité portée par une luminosité relativement élevée. En résultent des contrastes bien marqués. Il nous faut tout de même souligner une légère tendance à tirer sur le bleu mais cela se remarque surtout sur les tons clairs. Rien de grave, donc. C'est une bonne dalle, bien qu'elle reste derrière celle d'un Honor 5C.
Une surcouche Android de plus en plus complète complexe
Le système d'exploitation est évidemment Android et Wiko a opté pour la dernière version disponible au moment du lancement, à savoir Marshmallow. Une bonne nouvelle quand on connaît la qualité de son suivi logiciel. Il ne faudra certainement pas attendre de mise à jour vers Nougat... L'OS est par ailleurs accompagné d'une surcouche et quelques nouveautés sont à relever depuis notre dernière rencontre. La première est une application au faux air de tiroir... d'applications justement. Faux, car toutes les applications installées restent à répartir sur le bureau mais cela en facilite au moins la recherche. C'est donc une bonne initiative, même si nous nous demandons pourquoi Wiko ne ramène tout simplement pas le tiroir d'Android à ce compte là quitte à ne le proposer qu'en option...
Nous avons cependant aussi trouvé de véritables bonnes idées, comme la possibilité de répondre à un SMS entrant à partir de la notification, le bouton de fermeture pour toutes les applications ouvertes ou encore les nombreux raccourcis proposés. Certains utilisent des actions (double tap, retourner le smartphone pour couper la sonnerie d'appel...). D'autres utilisent des lettres pour lancer des applications à paramétrer. Il suffit de les dessiner sur l'écran éteint ou allumé. En théorie du moins. Il faut ouvrir une zone de dessin dans le second cas. Nous n'y sommes pas parvenus... Espérons qu'il ne s'agit là que d'un bug à corriger.
Pour finir, il est également possible d'associer des empreintes digitales à des applications et n'avoir ainsi qu?à poser le doigt sur le lecteur sous l?écran pour les ouvrir mais c'est, là aussi, un peu délicat. La zone de paramétrage a été bien cachée. Trop même? Le lecteur d'empreintes fonctionne cependant très bien pour déverrouiller le smartphone ou les applications et fichiers sélectionnés au préalable. Il est également intéressant de noter qu'il est enfermé dans un véritable bouton pouvant remplacer la barre de navigation virtuelle et permettre ainsi de gagner en surface d'affichage. Il suffit alors de l'effleurer pour revenir en arrière, de le presser pour revenir à l'écran d'accueil ou d'excercer une pression longue pour la vue des applications ouvertes.
Du côté des applications, Wiko garde la main plutôt légère mais parvient malgré cela à créer des doublons avec la suite de Google (Musique)... et même au sein de sa propre sélection ! Vous connaissez sans doute CleanMaster, l'outil de gestion plutôt pratique que l'on trouve depuis longtemps sur les smartphones de la marque. Il est toujours de la partie, mais Wiko ajoute désormais une application maison qui fait plus ou moins la même chose : Phone Assist. Le reste inclut un agenda, une appli météo, un lecteur vidéo, une radio, une calculatrice sans oublier les outils de maintenance (mise à jour, sauvegarde...). Plutôt classique mais pratique.
L'ensemble du système et des applications pré-chargées laisse un peu plus de 10 Go de stockage à l'utilisateur et tourne étonnamment bien malgré le chipset choisi par Wiko, à savoir le MT6735 de MediaTek. Les 3 Go de RAM y sont sans doute pour beaucoup. Il en faut malheureusement plus pour une expérience multimédia de qualité.
Gamers, passez votre chemin !
Oubliez les jeux 3D un tant soit peu gourmands. Il aura fallu glisser vers le profil graphique le plus bas de Dead Trigger 2 pour jouer avec un framerate correct. Et le soft ne date pas d?hier? Les grosses productions récentes seront donc à éviter sous peine de se retrouver à jouer avec une définition ridicule ou des ralentissements gênants. Il sera en revanche possible de profiter de la définition native de l?écran du U Feel en lecture vidéo mais vous n?échapperez pas au téléchargement d'un lecteur tiers pour les sous-titres et options un peu pointues. Le lecteur audio est plus complet avec ses égaliseurs prédéfinis et personnalisables pour une restitution correcte au casque.
Du côté des benchmarks, le bilan est sévère et reflète bien les observations partagés ci-dessus. Moins de 30000 points sur AnTuTu. Moins de 5000 points sur 3DMark? Quand on pense qu'un Fever lancé au même prix près d'un an plus tôt offrait des performances meilleures, ça fait mal. Les choix de Wiko sont décidément bien difficiles à comprendre. Si encore le MT6735 permettait d'offrir une bonne autonomie mais ce n'est pas franchement le cas non plus. La batterie de 2500 mAh tient rarement la journée en utilisation moyenne, à moins d'utiliser le mode économie d?énergie qui s'active automatiquement sous 20 % de batterie mais qui réduit largement les fonctionnalités du smartphone.
Plutôt moyen en photo
Place enfin à la partie photo, qui n'est pas vraiment le fort de ce U Feel. Son capteur principal de 13 mégapixels parvient à capturer des sujets détaillés mais c'est souvent moins glorieux autour : lissage trop prononcé, contours flous/scintillant, légères distorsions dans les coins. S'ajoute à cela une mauvaise gestion de la luminosité, avec une forte tendance à la sous-exposition comme dans l'exemple ci-dessous. De l'ombre, la petite rue montante passe dans le noir total. Le U Feel évite néanmoins les couleurs délavées et permettra d'obtenir des clichés corrects pour se la raconter sur les réseaux sociaux. Nous avons été un peu plus convaincus par la prise de selfies, sans flash toutefois pour des couleurs plus naturelles.
L'application de prise de vue ne relève pas vraiment le niveau. Les réglages paraissent pourtant nombreux en comptant ceux du mode professionnel mais la portée est souvent trop courte, comme pour le mode HDR. Ne comptez donc pas sur lui pour corriger le problème de sous-exposition évoqué plus tôt. C'est tout juste s'il l'atténue. L'interface trop simpliste n'est de plus pas très engageante.
Rapport performances/prix décevant
Suivre les tendances, c'est bien mais il ne faut pas en oublier le reste et ce U Feel donne malheureusement l'impression que c'est ce qu'il s'est passé chez Wiko. En dehors du lecteur d'empreinte et du design, l?équipement semble tout droit venu du Fever 4G lancé au même prix il y a presque un an quand il n'est pas carrément moins bon comme l?écran (bien que le rendu rattrappe quelque peu la définition en baisse) et, surtout, la batterie et le chipset. La partie photo, au moins, aurait dû être revue. S'ajoute encore à cela une surcouche Android assez riche mais pas toujours fonctionnelle.
Résultat, Wiko stagne et peine à rivaliser avec ses concurrents. Le Honor 5C offre de bien meilleures prestations pour 199 ? également et le M3S de Meizu pourrait bien être une autre alternative intéressante. Sans oublier le K5 de Lenovo qui, à défaut d?être meilleur partout, fait au moins aussi bien pour une trentaine d'euros de moins...