Wiko est assurément une marque qui s'exprime mieux sur le marché low-cost. C'est son fonds de commerce après tout. C'est avec des smartphones à moins de 200 euros qu'elle s'est fait connaître du grand public et qu'elle est devenue l'une des marques qui vend le plus de smartphones en France. Bien sûr, sans modèle haut de gamme, il est difficile de briller. Un Samsung peut toujours sortir de sa poche un Galaxy S8 pour montrer toute sa capacité d'innovation. Mais avec un Tommy ou un Jerry, c'est déjà moins évident.
Retour dans le vrai milieu de gamme
C'est certainement pour cette raison que Wiko continue, périodiquement, à essayer de monter son catalogue en gamme avec des produits premium tels que les anciens Highway. La marque n'ira jamais sur les segments de prix supérieurs à 400 euros. Même les plus chers des mobiles présentés par la marque, le Highway originel et le Highway Star 4G, n'ont pas dépassé cette limite psychologique. Et ce n'est pas encore aujourd?hui qu'elle ira au-dessus, même si elle s'y frotte avec ce nouveau WIM, positionné à 399 euros prix public conseillé (mais vous pouvez le trouver moins cher dans certaines boutiques).
Le WIM est un successeur spirituel des Highway, notamment les modèles les plus élaborés. Il dispose d'une plate-forme milieu de gamme sans défaut, d'une coque aux matériaux premium et de quelques équipements qui montrent une certaine ambition. Voici en détail la fiche technique du téléphone :
- Dimensions : 156.2 x 75,3 x 7,9 mm
- Poids : 160 grammes
- Écran AMOLED Full HD de 5,5 pouces (résolution de 403 pixels par pouce)
- Verre minéral Gorilla 3 de Corning
- chipset Snapdragon 626 de Qualcomm avec huit coeurs Cortex-A53 cadencés jusqu?à 2,2 GHz
- GPU Qualcomm Adreno 506
- 4 Go de mémoire vive
- 64 Go de stockage interne (extensibles par microSDXC jusqu?à 128 Go supplémentaires sur un port SIM hybride)
- Batterie de 3200 mAh (non amovible)
- Compatible LTE catégorie 6, WiFi ac dual band, Bluetooth 4.2, GPS (Glonass), radio FM, NFC
- Port microUSB 2.0 et port jack 3,5 mm
- Lecteur d'empreintes digitales en façade
- Double capteur photo 13+13 mégapixels (un RVB et un noir et blanc) avec flash dual LED, autofocus à détection de phase et objectif ouvrant à f/2.0
- Webcam 16 mégapixels avec flash frontal
- Dual SIM (nano SIM)
- Android 7.1 Nougat avec surcouche Wiko UI
Comme vous pouvez le voir, le Wim est loin d?égaler un iPhone ou un Galaxy Sx, notamment les modèles de 2017. Mais il est aussi beaucoup moins cher tout en restant très loin des standards habituels du catalogue de la marque, que ce soit la gamme Y, U ou View. Le Wim est donc un smartphone qui interpelle. Reste à savoir évidemment si l'intérêt qu'il suscite est mérité. C'est bien sûr tout l'objet de ce test.
Un design porté sur le minéral
Parlons un peu de l'aspect extérieur. Le mobile est habillé de verre minéral autant à l'avant qu?à l'arrière. Le matériau est signé Corning : il s'agit de Gorilla de troisième génération. À l'avant, le Wim est très classique avec un grand écran entouré de bordures latérales pas si épaisses. L'emplacement des différents capteurs est traditionnel. Sous l?écran se trouve un bouton mécanique où se cache un lecteur d'empreintes digitales. Les deux surfaces à sa gauche et à sa droite ne sont pas tactiles. Toutes les touches de navigation pour Android sont virtuelles et intégrées à l'interface.
À l'arrière, vous retrouvez en haut au centre du dos en verre un double capteur photo dont nous parlerons en fin de ce test. Il est flanqué, à sa droite d'un double flash LED (true tone) et il est souligné de la griffe de la marque. La partie minérale du dos du téléphone est très agréable au toucher, comme beaucoup de châssis en verre. Mais il en a aussi les inconvénients : marques de doigts, salissures et autres traces peu ragoutantes se multiplient. Sans oublier le côté glissant si vous avez les mains un peu humides.
Sur les tranches, vous retrouvez du métal, pour un look premium avéré. Quatre séparations pour les antennes sont visibles sur le pourtour du téléphone. Deux sont situées sur la tranche du bas, à côté du port jack 3,5 mm, du micro principal, du haut-parleur et du port microUSB. Une troisième est en haut à gauche, au-dessus des contrôles pour le volume sonore. Et une dernière a été positionnée en haut à droite, juste au-dessus du tiroir pour les cartes SIM / microSD (lequel surplombe le bouton de mise en marche).
Une dalle AMOLED un peu froide
La prise en main du téléphone est globalement très qualitative, même si elle paraît aussi très minimaliste. Il y a un certain classicisme d'apparence dans la construction de ce téléphone, alors qu?à l?évidence, le Wim est soigné. Nous en voulons pour preuve, par exemple, la légère courbure latérale de la coque en verre minéral. Ce n'est pas original (Samsung a eu l'idée il y a quelques années déjà), mais c'est élégant. Autre exemple : le contour du téléphone est constitué de 4 pièces détachées, mais aucune jointure n'a été placée dans les coins, certainement pour renforcer la structure du téléphone (pratique en cas de chute).
Parlons un peu de l?écran. Il s'agit d'une dalle AMOLED. Promesse de beaux contrastes, de peu de rémanence et de couleurs prononcées. Mais toutes les dalles AMOLED ne sont pas égales à la naissance. Celle de Wiko est bonne, mais pourrait, comme celles des Highway Pure et Highway Star, être meilleure. Des couleurs un peu froides et une colorimétrie pas toujours très juste. Les angles de vision sont cependant bien ouverts et la luminosité est dans la bonne moyenne. L'impression est donc positive, sans être parfaite pour autant.
Interface graphiquement plus actuelle
Une fois allumé, le Wim propose une version d'Android plutôt à jour compte tenu du positionnement de Wiko : Android 7.1.1. Ca, c'est bien. À l?heure où nous écrivons ces lignes, le Wim dispose aussi du correctif de sécurité de septembre 2017... et nous sommes fin octobre. Aïe. Le coeur d'Android est caché derrière la surcouche de Wiko. Une interface qui a beaucoup changé depuis notre dernier test d'un smartphone Wiko (U Feel). Si les icônes système restent rondes, le graphisme est lui moins tiré à quatre épingles (et plus respectueux des consignes apportées par le Material Design de Google).
Fondamentalement, la navigation dans le système ne change pas beaucoup dans cette version de l'interface de Wiko. Il y a toujours l?écran Smart Left Page qui correspond plus ou moins à l?écran Bixby chez Samsung ou Siri chez Apple. Il y a toujours les Smart Actions et les Smart Gestures que nous vous avons déjà présentées à l'occasion de tests précédents. Nous voyons aussi la réapparition de l'accès direct au tiroir des applications dans la barre des raccourcis. Nous avons également croisé quelques actions rapides similaires à celle d'iOS avec 3D Touch (appui long sur une icône pour accéder à un menu contextuel). Ça, ce sont les bonnes nouvelles.
Les mauvaises maintenant : Wiko n'a pas réussi à limiter le nombre d'applications préinstallées (nous ne comptons pas le pack Google qui est obligatoire, ni les applications système). Elles sont nombreuses et doublonnent régulièrement avec d'autres. Ce qui a pour conséquence d'alourdir significativement l'interface, laquelle n'en a évidemment pas besoin. Mais cela réduit l'espace de stockage disponible pour l'utilisateur. Heureusement, Wiko a eu la bonne idée de permettre aux usagers de désinstaller certaines de ces applications. Vous pourrez donc à loisir les enlever (ou les remettre si vous les trouviez pratiques).
Des applications parfois intrusives
Quelles sont ces applications ? Il y a les éternelles Facebook et News Republic, le second servant aussi à alimenter le flux d'actualité de la Smart Left Page. Nous avons également croisé des liens commerciaux vers Amazon, Wish, Booking.com et Kraken Land, un jeu de plate-forme en 3D qui rappellera certainement quelques souvenirs de titres sur PlayStation (Spyro, par exemple). Et il y a 360 Security, un outil de protection et d'optimisation du système. Notez aussi qu'il existe dans l'interface un logiciel appelé « Wiko App Starter » qui pousse des notifications commerciales pour des applications tierces. Un peu comme le Fun Hub qui fourmille de jeux freemium et dont les notifications ne peuvent pas être masquées... Et ce n'est pas le seul exemple...
Parmi les applications « maison », nous avons croisé un gestionnaire de fichiers compatible FTP, un coffre-fort pour les fichiers sensibles, un outil de « nettoyage en arrière-plan » pour vider la mémoire vive (en plus du gestionnaire de base d'Android), Phone Assist, une boîte à outil relativement complète qui ressemble à d'autres du même genre (avec un nettoyeur de fichiers inutiles, un gestionnaire des notifications, un mode éco pour la batterie, etc.) ou encore Wi View. Qu'est-ce que WiView ? C'est un outil destiné à être utilisé avec la protection éponyme. Elle offre un accès aux notifications, à une messagerie à base d?émoticônes et à l'appareil photo, sans avoir à ouvrir la protection. C'est une bonne idée.
Exemple d'applications additionnelles redondantes
Un smartphone fluide et endurant
Grâce aux 4 Go de mémoire vive du WIM, cette interface est fluide à l'usage. Mais heureusement que Wiko n'a pas eu la main trop légère quand la marque a décidé, avec son propriétaire Tinno, de la fiche technique du mobile. Car, en moyenne, pratiquement 2 Go de mémoire sont monopolisés (dont 1,6 Go uniquement pour le système d'exploitation). Si le WIM n?était équipé que de 2 Go de RAM, lancer un jeu ou une vidéo aurait été beaucoup plus compliqué.
De même pour le stockage : Nougat et l'interface Wiko en monopolisent 12 Go. Si le WIM n'en avait eu que 32 Go au total, cela n'aurait laissé que 16 Go pour l'utilisateur (en comptant les approximations de conversion), ce qui aurait été juste (parce que les applications et les photos sont assez volumineuses désormais). Avec 64 Go, l'utilisateur dispose d'une cinquantaine de gigaoctets. Inutile donc d'acheter une carte mémoire au préalable.
De vraies performances milieu de gamme
Évoquons enfin, avant les performances brutes de la plate-forme, l'autonomie. Avec sa batterie de 3200 mAh, le WIM offre une autonomie supérieure à la journée d'utilisation normale (une douzaine d?heures environ). Si vous êtes accros à votre téléphone, le WIM est donc capable d'endurer toutes vos sollicitations sans s?éteindre avant la fin de la journée. Et si vous êtes économe, il pourrait presque tenir deux jours (sans Bluetooth, ni 4G néanmoins).
Passons à la partie dédiée aux performances brutes. Comme toujours, les tests ont été effectués plusieurs fois et nous vous présentons que les meilleurs scores. Nous vidons la mémoire cache à chaque lancement d'une nouvelle application pour obtenir les meilleures performances possible. Rappelons que le WIM est équipé d'un Snapdragon 626, de 4 Go de mémoire vive et d'un écran Full HD.
Nous commenterons ici trois scores importants, mais vous pouvez en retrouver d'autre grâce aux captures d?écran ci-contre. Le WIM obtient 63390 points sur AnTuTu, 1356 points sur Basemark OS II et 14054 points sur 3D Mark (Ice Storm Unlimited). Première remarque, le WIM atteint de bons scores, comparables à ceux des Huawei Nova, Asus ZenFone 3 ou Samsung Galaxy A5 (2017). Seconde remarque, les scores du WIM sont relativement similaires à ceux du Huawei Nova (écran Full HD, Snapdragon 625), alors que ce dernier ne compte que 3 Go de RAM et chipset moins récent. Nous pensons que cela pourrait être dû à une lourdeur du côté de l?OS (et donc de l'interface Wiko).
Plutôt bon en jeu, mauvais en vidéo
Malgré cette dernière remarque, nous pensons que le choix de Wiko est bon, car le mobile fonctionne bien même dans les usages multimédias, domaine où les smartphones de Wiko n'ont jamais vraiment excellé (hormis peut-être le Highway 4G). En jeu vidéo, par exemple, le WIM s'en sort très bien. Avec Dead Trigger 2, nous avons observé très peu de ralentissements, même en forçant le réglage des graphismes sur la meilleure qualité (ils sont, par défaut, sur la plus mauvaise).
En vidéo, en revanche, le bilan est moins savoureux. Même si Wiko a opté pour un lecteur vidéo légèrement customisé pour son interface, celui-ci n'est pas meilleur que le lecteur par défaut d'AOSP. Résultat : de nombreux formats usuels ne sont pas lus (même le MKV pourtant si courant) et de nombreuses options avancées (sous-titre, pistes audio multiples) ne sont pas prises en charge. Notez aussi que le WIM profite d'un seul haut-parleur, situé sur la tranche inférieure. Une configuration largement améliorable (même si ce haut-parleur est assez puissant).
A quoi peut bien servir d'avoir deux capteurs ?
Dernier point avant de conclure, la photo. Rappelons quelle est la configuration du WIM : un double capteur 13+13 mégapixels. Un seul des deux capteurs prend la photo, tandis que l'autre lui apporte, théoriquement, de la lumière, du contraste et une aide précieuse pour équilibrer la photo. En outre, ce duo offre des modes de prise de vue avancés, comme le portrait bokeh. Nous vous présentons ici une photo paysage pour illustrer l?équilibre et une photo portrait du bugdroid pour le portrait.
Globalement, les deux capteurs fonctionnent plutôt bien. La prise de vue n'est pas extrêmement rapide, mais les photos sont plutôt justes (à condition de ne pas trembler). Elles n'excellent pas non plus : le contraste n'est pas si profond, la luminosité n'est pas spécialement bien gérée (avec, fréquemment des zones surexposées) et du grain apparaît rapidement en cas de zoom. Côté portrait, le flou d'arrière-plan est présent, mais, lui aussi aurait pu être plus prononcé. Le WIM offre donc des photos exploitables, mais l'intérêt d'un double capteur photo est ici très limité. Certains mobiles font mieux avec un seul composant.
Une proposition très encourageante
En conclusion, le WIM n'est pas exempt de défauts, comme nous venons de le voir en vidéo ou en photo. Ce téléphone est même parfois frustrant, avec une interface où le marketing a largement trop pris le pas sur la raison. Des défauts qu'il faudra corriger ou des copies qu'il faudra revoir pour espérer prendre une vraie place sur un segment où les consommateurs n'attendent pas vraiment la marque.
Toutefois, nous notons une vraie prise de risque avec un smartphone qualitatif qui assume son positionnement milieu de gamme aussi bien dans les matériaux que les composants et les services associés. Nous n'avons pas été aussi agréablement surpris par un smartphone Wiko depuis bien longtemps. Et nous pensons qu'il faut encourager cela en espérant qu'un WIM 2 arrivera en 2018, fort des correctifs qui seront sans doute apportés.