L'année dernière, nous avons été agréablement surpris par Wileyfox, nouveau venu dans le paysage européen de la téléphonie mobile. Avec le Storm, modèle milieu de gamme sous Snapdragon 615, mais surtout le Swift, petit mobile nerveux sous Snapdragon 410, la jeune marque britannique a su offrir aux segments plus économiques une déclinaison low-cost du OnePlus One, une comparaison aussi flatteuse pour Wileyfox que pour la start-up chinoise.
Le plus économique du trio
Un an plus tard, trois nouveaux mobiles marqués du renard stylisé sont présentés : Spark, Spark+ et Spark X. Trois mobiles, trois plates-formes avec de nombreux points communs et un seul et même design, pour des prix plus agressifs encore. Le premier d'entre eux est le plus petit de la bande, avec son écran de 5 pouces, le moins bien fourni techniquement, mais surtout le moins cher : 119 euros. Quelle est la fiche technique d'un smartphone vendu à ce prix ? Voici la réponse en détail :
- dimensions : 143 x 70,4 x 8,65 mm
- poids : 135 grammes
- écran IPS 720p de 5 pouces (résolution de 294 pixels par pouce)
- protection de l?écran Asahi Glass Dragontrail
- chipset MediaTek MT6735 quad-core Cortex-A53 cadencé à 1,3 GHz
- ARM Mali-T720
- 1 Go de mémoire vive
- 8 Go de stockage interne (extensibles par microSD jusqu?à 32 Go)
- batterie de 2200 mAh (amovible)
- compatible LTE catégorie 4, WiFi n, Bluetooth 4.0, GPS (Glonass), Radio FM
- dual SIM (micro SIM)
- capteur photo Omnivision OV8865 8 mégapixels avec flash LED et autofocus. Compatible 720p en vidéo
- webcam Omnivision OV8858 8 mégapixels
- CyanogenOS 13.0 (sur une base Android 6.0 Lollipop)
Première information importante dans cette fiche technique : pour baisser aussi drastiquement le prix entre le Swift et le Spart, quelques concessions sur la qualité des composants ont été faites. Ce n'est plus du Gorilla Glass de Corning, mais du Dragontrail d'Asahi Glass qui protège l?écran. Ce n'est plus un quad-core Qualcomm, mais un quad-core MediaTek qui anime la plate-forme. Le capteur photo a perdu en précision. La batterie a perdu en capacité. Et la RAM et le stockage ont été réduits de moitié dans les deux cas. L?écran est certes conservé et la webcam est améliorée : il faudra se contenter de ces deux bonnes nouvelles.
Une coque Soft Touch
Côté ergonomie, le Spark n'est pas tout à fait similaire au Swift, même si un air de famille est bien présent dans certains détails, notamment le matériau utilisé pour la coque, très proche du Sandstone que OnePlus a vulgarisé avec le OnePlus One. Wileyfox appelle cela « Soft Touch ». Nous l'avons apprécié précédemment. Et nous continuons à trouver la prise en main plutôt agréable. Autre détail commun, la griffe de la marque en plein milieu du capot amovible et le nom de la marque en orange.
Pour le reste, tout a changé. La position des boutons matériels n'est plus la même : si la tranche de droite conserve la mise en marche, les contrôles du volume ont été déportés sur la tranche opposée. Le haut-parleur mono, qui se trouvait de chaque côté du port microUSB, est désormais à l'arrière du mobile, soulignant le nom de la marque. Un positionnement qui n'est pas forcément optimal, mais nous y reviendra. Autre différence : le capteur photo, auparavant au centre du capot, est désormais coincé tout en haut du mobile avec son flash et son objectif n'est plus cerclé d'un rond coloré. Les petites touches d'orange se font rares.
Pas de tiroir pour les SIM ou le port microSD, puisque tout se déroule sous le capot amovible. Pour l'enlever, Wileyfox a eu la bonne idée de la « cacher » avec le port microUSB (ce n'est pas le premier, mais c'est assez rare pour le souligner). Il vous faudra enlever la batterie pour enlever ou placer une carte, même dans le cas de la carte mémoire. Un détail qui pourrait déplaire à certaines personnes.
Une construction solide
La prise en main du Spark est très classique, mais elle n'est pas désagréable et elle est solide. Comprenez que le mobile ne craque pas face à quelques torsions sur sa coque. L'absence de prise de risque n'est donc pas un point négatif, même si nous aurions peut-être préféré retrouver certains acquis cosmétiques du Swift. Sur l?écran du modèle que nous avons reçu en test se trouve une protection d?écran supplémentaire qui est simplement posée. Il semble opportun de la conserver pour éviter quelques rayures, mais elle ne glisse pas aussi bien que le verre.
Nous en venons justement à l?écran. La dalle IPS 720p de 5 pouces offre une assez bonne visibilité, notamment pour cette gamme de prix. Les couleurs sont plutôt bien respectées, ainsi que les taux de contraste, avec des angles ouverts aussi bien verticalement qu?horizontalement. La luminosité est bonne, même quand le réglage est placé sur la position médiane. Puisque la résolution est de 294 pixels par pouce, chaque pixel se voit à l'oeil nu. Sur des images avec beaucoup de couleurs et de détails, le rendu bave légèrement. En vidéo, en revanche, cela n'a pas d'incidence.
Toujours Cyanogen OS
Une fois allumée, l'interface du mobile se révèle. Comme ses prédécesseurs, le Spark fonctionne avec Cyanogen OS. Ici, la ROM alternative est proposée en version 13.0 sur une base Android 6.0.1 Marshmallow. Le thème par défaut est celui de Wileyfox, avec une forte proportion d'orange et de gris. Le visuel en arrière-plan a changé, mais il est évidemment possible ceux du Swift et du Storm, ainsi que ceux d'Android « stock ». D'ailleurs, vous remarquerez que l'interface de Cyanogen OS (et de Trebuchet, son lanceur d'applications) est très classique. L'idée n'est évidemment pas de changer les habitudes, même si quelques retouches ont été faites. Mais tout cela reste transparent pour l'usager.
Côté application, justement, vous retrouvez une grande partie de la suite Google (Hagouts, Chrome, Search, etc.), certaines applications de Cyanogen OS (AudioFX, le navigateur Web avec Bing Search, la Galerie Cyanogen, le client mail Boxer, Trebuchet et son gestionnaire de thème). Vous remarquerez que, malgré le partenariat entre Cyanogen OS et Microsoft, la suite Office est absente. Et heureusement d'une certaine manière, car Word n'aurait certainement pas offert une expérience qualitative. Chez Microsoft, il y a donc une limite à vouloir être présent partout. Et c'est plutôt intelligent.
En effet, l'ensemble du système d'exploitation pèse relativement lourd dans la mémoire interne du mobile, puisque seulement 3,5 Go sur les 8 Go annoncés sont accessibles pour l'utilisateur. En outre, 75 % de la mémoire vive est en permanence utilisée par Android et Cyanogen OS, ne laissant que 200 Mo pour les autres applications. Enfin, le chipset installé est un modeste MT6735 de MediaTek, plus à l'aise avec les écrans WFVGA que les écrans 720p. La conséquence de cela est simple : le mobile subit des ralentissements de façon constante. Ouvrir un menu, débloquer le mobile, passer d'un écran à un autre du bureau, ouvrir une application : à chaque sollicitation, l'interface saccade, ralentit et attend les instructions. Parfois plusieurs secondes.
Des performances limitées
Et cela se ressent immédiatement avec les scores du smartphone sur les bancs de test techniques. Les résultats du Wileyfox Spark sont propres à l'entrée de gamme. Ils sont comparables à ceux d'un Snapdragon 212 (Lumia 650), Snapdragon 400 (Desire 825), Snapdragon 410 (ZenFone 2 Laser) ou Snapdragon 412 (Aquaris X5). La plate-forme MediaTek est clairement en dessous d'autres modèles plutôt orientés milieu de gamme tel que le MT6753 ou le Snapdragon 615. Sur AnTuTu, le Spark atteint 31 880 points. Sur Basemark OS II, il obtient 486 points. Sur Geekbench 3, il atteint 619 points en single-core et 1842 points en multi-core.
Sur la partie graphique, nous avons été désagréablement surpris : 3DMark n'a pas fonctionné. Aucun test n'a pu être finalisé sur le smartphone, l'application s'arrêtant de fonctionner avant la fin du processus. Nous nous sommes rabattus sur Basemark X, faute de mieux. Sur ce benchmark, le téléphone a atteint des scores deux fois inférieurs à ceux du Diamond 2 Plus (sous MediaTek MT6755) ou du Galaxy J7 (2016) (sous Exynos 7870). Heureusement, cette incompatibilité n'est pas forcément synonyme d'une incompétence. Mais ce n'est pas un bon signe.
Une expérience en dent de scie
Nous avons donc lancé Dead Trigger 2. Première surprise : le jeu se lance et se positionne automatique sur la qualité graphique intermédiaire. Le jeu est donc passablement bien optimisé pour estimer offrir une expérience qualitative dans ces conditions. Seconde surprise, moins bonne : le jeu refuse d'accepter de se positionner sur la haute qualité graphique. La qualité intermédiaire est donc la meilleure disponible. Dommage. Le résultat est meilleur qu'attendu : Dead Trigger 2 est jouable, mais le joueur doit supporter quelques ralentissements.
Du côté de la lecture vidéo, Cyanogen ne propose pas de lecteur vidéo amélioré. Il s'agit donc du moteur de rendu d'Android AOSP, accessible par le biais de Galerie et à remplacer d'urgence par un autre. Il est décevant de constater que des concepteurs de ROM Android customisée (Cyanogen, Oxygen, EMUI, etc.) passent davantage de temps à changer des aspects d'Android qui n'en ont pas besoin et à ne pas se pencher sur l'essentiel. Heureusement, Meizu, Archos, Sony ou Samsung n'en font pas partie. Notons toutefois que le Spark, même si son écran affiche des images en 720p, n'est certainement pas le mobile le plus adapté pour regarder des films compte tenu de son chipset.
Equilibrées, mais peu contrastées
En photo, le bilan est tout aussi mitigé. Nous n'attendions pas un grand résultat du capteur Omnivision 8 mégapixels qui équipe l'arrière du smartphone. Ni même de l'application photo qui fait l'impasse sur le mode expert et ses quelques réglages pour se concentrer sur un contrôle automatique des paramètres. Il suffit de choisir l'endroit où vous souhaitez faire la mise au point et l'ensemble du bloc photo (capteur, autofocus, objectif, processeur d'image) tentera de faire « au mieux ».
Ce qui dans la plupart des cas est « moyen ». Le cliché que vous pouvez observer ci-contre est le meilleur de notre grande série, car nous avons fait plus d'essais qu'avec la majorité des téléphones. Cette prise de vue présente la meilleure luminosité obtenue, le meilleur équilibre entre le ciel bleuté et les ruelles plus sombres. Et cela manque pourtant de contraste, de piqué, de détails et même un peu de respect des couleurs. Le meilleur n'est donc pas toujours bon. Ne soyons cependant pas trop durs : les nuages sont globalement visibles dans le ciel et la ruelle est claire. Peu de smartphones à moins de 120 euros peuvent prétendre faire la même chose. Même après de nombreux essais.
Difficile d'éclipser le Swift
Après l'excellente surprise du Swift, nous ne réussissons pas à retrouver le même charme et la même fluidité dans les smartphones suivants. Que ce soit avec le Storm, modèle porte-étendard testé dans nos colonnes en début d'année, ou avec ce Spark, modèle entrée de gamme très accessible. Ce qui est presque décevant, même s'il ne faut pas perdre de vue que le Spark est un produit vendu 119 euros. En pondérant avec ce prix très agressif, il est difficile de reprocher au Spark de manquer un peu de tonus en multimédia ou d'offrir des clichés un peu flous. Nous trouvons dommage qu'il manque un peu d'ambition. D'autant que son grand frère, le Swift, se négocie maintenant à 10 euros de plus...