Il y a six mois encore, quand nous devions citer le nom d'une marque qui présente, un rapport qualité/prix supérieur à la moyenne sur le segment des flagships, celui de OnePlus revenait très souvent. Symbole pour les technophiles éclairés d'une nouvelle typologie de smartphones, OnePlus est le précurseur en Europe d'une vague sur laquelle surfe aujourd?hui Honor. Un modèle venu de Chine, inspiré de Xiaomi où les Mi étaient des téléphones vendus que sur Internet à des prix défiant toute concurrence.
Le rapport qualité/prix comme principal argument
Cette année, Xiaomi est arrivé en France avec des produits devenus iconiques dans le domaine du rapport qualité/prix, parmi lesquels le Redmi Note 5 en version double capteur photo et le Pocophone F1, successeur spirituel du OnePlus One. Le Mi 8 n'a pas réussi à atteindre ce statut. Et pourtant, le porte-étendard de la marque ressemble étrangement à un OnePlus 6. Même coût, 499 euros prix public conseillé. Fiche technique similaire. Design approchant. En voici les détails pour faire votre propre opinion :
- Écran Super AMOLED 6,21 pouces d'une définition de 2248 x 1080 pixels, soit 402 pixels par pouce
- Protection de la dalle tactile en verre Corning Gorilla 5
- Coque en verre Gorilla Glass 5 et contour en aluminium 7000
- ratio écran / taille : 83,8 % environ
- Chipset Snapdragon 845 composé de huit coeurs Kryo 385 cadencés jusqu?à 2,8 GHz et d'un GPU Adreno 630
- 6 Go de mémoire vive
- 64 ou 128 Go de stockage interne (sans extension)
- Double capteur photo 12+12 mégapixels (chaque pixel mesure 1,4 micron), mise au point Dual Pixels (détection de phase intégrée au capteur), stabilisateur optique d'image, objectifs ouvrants à f/1.8 et f/2.4, zoom optique 2x, flash true-tone dual LED, compatible vidéo Ultra HD avec mode ralenti à 240 images par seconde en Full HD
- Webcam 20 7 mégapixels compatibles avec optique qui ouvre à f/2.0
- Lecteur d'empreinte digitale placé au dos
- Connectivité LTE catégorie 16, WiFi ac Dual Band, Bluetooth 5.0 (aptX HD), NFC, GPS (Glonass, Beidou, QZSS, Galileo)
- Pas de jack 3,5 mm
- Batterie 3400 mAh avec charge rapide Quick Charge 4.0+
- Dimensions : 154,9 x 74,8 x 7,6 mm
- Poids : 175 grammes
- Android 8.1 Oreo caché derrière MIUI 9.5
- Accessoires livrés : adaptateur USB type-C vers jack, chargeur rapide, câble USB type-C et une coque en plastique
Les différences entre le OnePlus 6 et le Mi 8 sont nombreuses, mais pas si significatives. Un peu plus de batterie du côté de Xiaomi. Un écran très légèrement plus grand chez OnePlus (parce que l'encoche est plus petite). Des pixels plus nombreux dans les capteurs photo du OnePlus. Mais des pixels plus gros et plus lumineux chez Xiaomi. Même chipset. Même configuration minimale : 6+64 Go (c'est d'ailleurs celle-ci que nous avons pu tester). Même connectivité. Si le OnePlus 6 a gardé son port jack, Xiaomi inclut dans la boîte un adaptateur (ce qui n'est plus systématique cette année).
Les codes ergonomiques des phablettes premium
La proximité des deux appareils se renforce encore une fois le Mi 8 en main. L'expérience offerte par les deux téléphones est très similaire. Le Mi 8 est une grande phablette dont les faces sont couvertes de verre minéral (du Gorilla 5 de Corning). À l'arrière, le verre est légèrement incurvé sur les bordures latérales, de façon assez similaire au Galaxy S9. À l'inverse, à l'avant, le verre est légèrement surélevé, mais n'est pas incurvé. Le positionnement des éléments techniques à l'arrière est très classique pour un Mi : le bloc photo en haut à gauche, comme les iPhone, le lecteur d'empreinte digitale au centre.
Les tranches sont habillées d'aluminium et des séparations sur les antennes sont visibles. Tous les boutons mécaniques sont regroupés à droite, pour tomber sous le pouce. À gauche se trouve le tiroir de la SIM.
En bas, le haut-parleur, le micro principal et le port USB type-C. En haut le micro secondaire pour la réduction de bruit active. Pas de jack 3,5 mm, mais Xiaomi fournit un adaptateur. Ce que d'autres ne font plus (petit message vers Cupertino).
Un très bel écran
À l'avant, l?écran de 6,21 pouces présente une large encoche pour héberger la webcam (à gauche), les capteurs environnementaux (à droite) et le haut-parleur (au centre). Les bordures ne sont pas particulièrement minces pour autant, notamment celle qui souligne l?écran. L'affichage est Super AMOLED avec des taux de contraste infini propre à la technologie OLED, des couleurs bien rendues (avec une très légère accentuation du vert), des angles de vision très larges et une forte luminosité maximale. Le téléphone offre une bonne lisibilité en extérieur.
MIUI : moitié Android, moitié iOS
Une fois le mobile allumé, nous découvrons MIUI, la ROM de Xiaomi. MIUI n'est pas simplement une surcouche développée au-dessus d'Android. Tout comme EMUI de Huawei ou FlymeOS de Meizu, MIUI est une ROM customisée. Même si l'interface ressemble globalement à celle d'Android, de nombreuses modifications ont été apportées pour modifier l'expérience de l'utilisateur. L'exemple le plus concret est l'absence de tiroir d'applications. Comme sur un iPhone, les applications sont toutes présentes sur les écrans d'accueil.
Au lancement, le smartphone dispose de trois écrans : le principal, celui que vous verrez le plus souvent, avec le dossier Google, un dossier outil, deux widgets météo/horloge et Google Search, ainsi que les applications les plus courantes (appareil photo, téléphone, Chrome, etc.). L?écran de droite offre un autre panel d'applications (et de l'espace pour en installer d'autres). L?écran de gauche est un ensemble de widgets comparables à l?écran Siri d'iOS.
De nombreuses options supplémentaires
Les modifications touchent également les paramètres disponibles. Vous retrouvez pêle-mêle des réglages sur la colorimétrie (notamment un mode nuit où vous pouvez régler la température des couleurs), sur le thème d'affichage, sur l'activation de gestes avancés pour ouvrir des applications à partir de l?écran de verrouillage, sur l?économie d?énergie en définissant des scènes intelligentes (en fonction du lieu de connexion, sur le masquage de l'encoche ou des boutons de navigation, sur la protection des données et des applications sensibles (ou personnelles) avec le « second espace » (sorte de Samsung Knox), etc.
Exemple de différence entre MIUI 9.5 et MIUI 10
Dans cette ROM, de nombreuses applications système sont modifiées par Xiaomi. Nous ne les passons pas toutes en revue, mais signalons les plus importantes : musique, galerie, navigateur, agenda, magnéto (dictaphone), gestionnaire de fichiers, contacts, messages, etc. Certaines doublonnent avec les applications Google (comme Navigateur et Chrome). Aucune ne peut être enlevée. Et toutes peuvent être mises à jour indépendamment d'Android et du Play Store (via le menu de paramétrage).
Des applications utiles (et quelques spots publicitaires)
À cela s'ajoutent celles qui sont créées par Xiaomi : Mi Cloud (pour la sauvegarde à distance des photos et des documents), Sécurité (boîte à outils pour protéger le mobile, vérifier les mises à jour des applications système et nettoyer la mémoire) ou encore Mi Drop, outil de partage de fichiers (et d'applications) à courte distance qui ne semble fonctionner qu'entre deux téléphones Xiaomi. Nous verrons dans la partie multimédia deux autres applications créées pour MIUI : Mi Video et appareil photo.
Sécurité, Galerie et Second Espace
Il n'y a qu'une seule application partenaire intégrée dans le système au lancement du mobile : Facebook. En revanche, des liens publicitaires sont présents dans quelques endroits du système. D'abord, dans le navigateur avec une demi-douzaine de liens préenregistrés vers Amazon, Yahoo, eBay ou Reddit. Ensuite, il existe une application appelée « Telechargement » (accessible dans le dossier « Outils ») dans laquelle vous retrouvez une sélection d'applications que vous pouvez télécharger sans passer par le Play Store. La liste n'est pas très longue et compte aussi bien des jeux, des outils de communication que des applications marchandes. Des publicités sont également affichées.
Une fluidité à toute épreuve
L'interface est relativement sobre et élégante, tout en étant riche de nombreuses fonctions. Le système est relativement lourd, puisqu'il monopolise pratiquement 8 Go de stockage et il a besoin 3 Go de mémoire vive en permanence (calcul réalisé sans application en arrière-plan). Avec 6 Go de mémoire interne, notre unité de test est cependant restée fluide en toute circonstance, même pendant les phases de benchmark ou de jeu. Il faut dire que le Mi 8 profite d'une plate-forme puissante basée sur le Snapdragon 845 de Qualcomm. Rien ne lui résiste donc bien longtemps, sans pour autant que cela ponctionne sur l'autonomie. Le Mi 8 profite d'une autonomie mesurée d'une quinzaine d?heures en vidéo. Ce que vous pouvez traduire par plus d'une journée en utilisation normale.
Passons donc aux performances pures, justement. Notez que les tests ont été réalisés cet automne. La plupart des tests que vous trouverez chez nos confrères anglo-saxons datent d'avant la période estivale. Entre temps, une mise à jour a été déployée par Xiaomi, passant de MIUI 9.5 à MIUI 10 (que nous avons utilisés). La différence est considérable, car nos confrères ont obtenu des résultats inférieurs aux moyennes du Snapdragon 845. Et surtout, ils ont constaté que le système d'exploitation activait rapidement des routines pour se protéger contre la surchauffe. Dans notre cas, les routines n'ont pas eu autant d'impact. Il y a donc eu certainement des optimisations réalisées par Xiaomi lors de cette mise à jour. Les résultats que nous avons obtenus, et que vous retrouvez ci-contre, sont en ligne avec ceux que nous attendions de la part du téléphone et sont surtout à la hauteur (ou presque) d'un OnePlus 6 doté de la même configuration.
Taillé pour le multimédia ? Oui !
Ce qui veut dire que le Mi 8 se prête normalement très bien aux usages multimédias. Et nous l'avons constaté avec notre jeu étalon, Dead Trigger 2. Ce dernier s'est positionné directement dans la meilleure configuration possible : tous les détails graphiques et un taux de rafraîchissement de 60 images par seconde. Et le smartphone sourcille à peine. Voilà donc un modèle qui saura ravir les joueurs nomades, qu'ils soient adeptes de PUBG ou de Candy Crush.
Côté vidéo, le Mi 8 profite d'un bel écran AMOLED, mais d'un haut-parleur mono positionné sur la tranche inférieure (quand le téléphone est à la verticale). Le son qui en sort est puissant, d'une qualité dans la très bonne moyenne. Mais, malgré cela (et en l'absence d'un second haut-parleur), nous préférons largement un usage au casque pour regarder des films ou des séries TV. L'application Mi Video incluse dans l'interface est bien meilleure que celle livrée avec Android AOSP (il est difficile de faire pire que celle-ci). Elle ouvre de nombreux formats de fichiers. Elle gère les pistes audio multiples et les sous-titres encapsulés. Elle est compatible Chromecast. Il lui manque encore quelques options de lecture à distance, mais elle fait très bien le job.
Très bon aussi en photo
Enfin, finissons avec la photographie. Rappelons que le Mi 8 profite d'un double capteur 12+12 mégapixels, avec zoom optique 2x, objectifs ouvrants à f/1.8 et f/2.4 et autofocus Dual Pixel dans le cas du capteur principal et autofocus standard dans le second. Le tout est animé par une application photo complète avec des modes scènes, des filtres, le mode HDR pour accentuer les couleurs, le mode « AI » pour optimiser certains réglages en fonction de la scène et un mode manuel qui donne accès à l'ensemble des réglages qu'attendent les photographes avertis.
Le capteur principal du Mi 8 (celui avec l'objectif ouvrant à f/1.8) offre des résultats très satisfaisants, avec de belles couleurs, un beau contraste et de l?équilibre (même si quelques petites zones d'ombre subsistent). En outre, la prise de vue est rapide grâce à l'autofocus Dual Pixel. Le mode HDR et le mode AI sont en mesure d'optimiser légèrement l?équilibre de la photographie (en poussant artificiellement la luminosité). Mais n'en attendez pas des miracles. En outre, nous notons que du bruit brouille relativement vite les détails des photos si vous zoomez.
Le capteur secondaire, lui, pallie en partie à ce problème avec son zoom optique. En revanche, il est moins lumineux (attention donc aux portraits quand la lumière baisse) et il est moins rapide à prendre une photo (ce qui peut rater une photo) parce que son autofocus classique est moins véloce à faire la mise au point. Pour ces deux raisons, le capteur secondaire n'est pas fait pour le portrait. Nous vous recommandons plutôt d'utiliser le capteur principal (sans zoom donc) afin de bénéficier d'un autofocus plus rapide et d'une luminosité plus élevée. Pour les photos de paysage, en revanche, ce capteur secondaire offre de beaux rendus avec de belles couleurs.
Un flagship à prix raisonnable... Cela me rappelle quelque-chose...
En conclusion, le Xiaomi Mi 8 est une bien belle réalisation, que ce soit techniquement qu'ergonomiquement. Beau châssis. Belle interface. Belles performances. Belles photos. C'est un smartphone qui ne dénote pas face à l'excellent OnePlus 6 dont il semble s'inspirer franchement et dont il est certainement le meilleur concurrent. Meilleur même que le Pocophone F1 au niveau rapport qualité/prix ? Oui, parce que toutes les petites fausses notes du F1 sont largement corrigées ici, justifiant ainsi une différence de prix qui n'est pas si élevé que cela (140 euros pour une configuration identique).
Bien sûr, depuis la sortie du Mi 8 et du OnePlus 6, l'eau a coulé sous les ponts. Notamment, OnePlus a remplacé son flagship killer avec un produit plus avancé, le OnePlus 6T, mais aussi plus cher. Et le Mi 8 a désormais quelques difficultés à s'aligner face à ce nouveau concurrent qui, pour 50 euros de plus, en offre un peu plus désormais. Cependant, si votre budget ne dépasse pas les 500 euros (strictement), le Mi 8 (comme le Pocophone F1) est une option à privilégier les yeux fermés.